Kenya : la vice-présidente de la Cour suprême arrêtée pour corruption

Par Jeune Afrique - Kenya. La vice-présidente de la Cour suprême arrêtée pour corruption.

La vice-présidente de la Cour suprême du Kenya, Philomena Mwilu, comparaît devant le tribunal de Milimani après avoir été arrêtée pour corruption présumée à Nairobi, le 28 août 2018. © Thomas Mukoya/REUTERS.

Soupçonnée d'enrichissement personnel illégal, Philomena Mbete Mwilu, la vice-présidente de la Cour suprême du Kenya, a été arrêtée mardi 28 août, a annoncé le procureur en chef du pays.

Philomena Mbete Mwilu faisait partie des juges qui avaient annulé la réélection du président Uhuru Kenyatta en août 2017. Cette décision historique avait provoqué l’organisation d’une deuxième présidentielle en octobre 2017, boycottée par l’opposition et finalement remportée par l’actuel président.

Noordin Haji, le directeur des poursuites publiques, a assuré le 28 août à la presse détenir la preuve que la vice-présidente de la Cour suprême avait profité de sa fonction pour s’enrichir personnellement et accepté de l’argent dans des circonstances douteuses.

« Cet après-midi [du 28 août, ndlr], j’ai informé le président de la Cour suprême David Maraga de ma décision d’autoriser l’arrestation et d’engager des poursuites pénales contre la vice-présidente de la Cour suprême, Philomena Mbete Mwilu », a affirmé Noordin Haji. « Cette décision n’a pas été prise à la légère », a-t-il précisé, avant d’ajouter : « La dignité et l’indépendance du système judiciaire nous sont chers ».

Le directeur des poursuites publiques a également mis en garde les magistrats et les enquêteurs de police qui « usent de leur position pour s’enrichir aux dépens du peuple kényan ».

En octobre 2017, le garde du corps de Philomena Mbete Mwilu avait été tué par balles, dans des circonstances non élucidées, la veille d’une audience de la Cour suprême sur un éventuel report de la deuxième élection présidentielle. Elle n’avait pas pu participer à cette audience et le quorum de la Cour suprême n’ayant pas été atteint – plusieurs autres juges étant absents -, l’élection s’était tenue à la date initialement prévue.

Guerre contre la corruption
En 2017, Uhuru Kenyatta avait ouvertement critiqué la justice et menacé « de s’occuper de la magistrature ». « Nous sommes une institution indépendante et nous ne sommes dirigés par personne », a affirmé Noordin Haji, contestant l’idée que les poursuites contre la juge étaient liées à ces menaces.

Récemment, le président Kenyatta a lancé une guerre contre la corruption dans un pays économiquement dynamique, mais miné de pots-de-vin et de malversations. Depuis, de hauts responsables de l’Agence nationale pour la jeunesse, de la compagnie nationale d’électricité ou encore l’ex-gouverneur de Nairobi ont été arrêtés et sont poursuivis pour des faits de corruption.

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