Interview exclusive / Avant le meeting du 15 octobre Koua Justin (Président par intérim de la JFpi) : « Des hommes armés ont été actionnés…» / « Nous nous battrons… »
Publié le mercredi 12 octobre 2011 | Soir Info - Le président par intérim de la Jeunesse du Front populaire ivoirien (Jfpi) revient sur les actes de violence perpétrés, samedi dernier,
Publié le mercredi 12 octobre 2011 | Soir Info - Le président par intérim de la Jeunesse du Front populaire ivoirien (Jfpi) revient sur les actes de violence perpétrés, samedi dernier,
au meeting de Koumassi, et annonce la couleur en prélude au rassemblement du 15 octobre.
M. Koua, êtes-vous déçu par les violences qui ont émaillé votre meeting de Koumassi, samedi dernier ?
Koua Justin : Déçu, non ! Dans tous les cas, vous devrez vous rendre compte que l’avènement d’Alassane Ouattara à la tête de notre pays a tué l’Etat de droit. Or, dans un Etat de non droit, la liberté de parole est toujours étranglée. Des hommes en armes ont été actionnés pour vandaliser, casser, brutaliser des opposants au cours des meetings.
Selon vous, il s’agit d’une action préméditée ou est-ce que ceux qui vous ont attaqués étaient simplement heurtés par votre discours anti-Ouattara ?
K. J. : Nous ne tenons pas de discours anti-Ouattara et cela ne peut pas faire partie de notre combat. Alassane Ouattara est le chef de l’Etat actuel en charge des affaires de l’Etat, ne serait-ce que pour cela, nous lui devons respect. Seulement, nos parents vivent le calvaire, des forces se réclamant d’Alassane Ouattara, créent la désolation, la douleur, le désespoir et des assassinats dans nos campements, nos villages, nos communes et départements. Des démocrates sont illégalement détenus dans des prisons. Certains des nôtres sont contraints à l’exil parce qu’ils ont mis leur expertise au service de leur pays. C’est ce que nous dénonçons et c’est pour l’instauration d’un Etat de droit que la Jeunesse du Fpi se bat. Alassane Ouattara n’est pas le centre de notre combat, mais plutôt la dignité, la liberté des Ivoiriens. En un mot, nous nous battrons pour la paix entre les filles et fils du pays.
Vous avez déposé plainte, semble-t-il ?
K. J. : Referez-vous à l’honorable Yao Yao Jules, l’organisateur du meeting. Dans tous les cas, nous poursuivrons les meetings dans les coins et recoins du pays, jusqu’à ce qu’advienne l’Etat de droit dans notre pays. Aucune intimidation, d’où qu’elle vienne, ne peut nous ébranler dans notre volonté de créer les conditions d’une paix définitive pour notre pays.
Y a-t-il, d’après vous, une manœuvre visant à vous décourager dans votre volonté de tenir un meeting, ce 15 octobre à Yopougon ?
K. J. : Rien, ni personne ne peut nous décourager dans notre volonté de combattre pour la dignité et la souveraineté du peuple ivoirien. Si quelqu’un a en tête de nous décourager, il perd son temps, car nous sommes prêts à faire face à toutes les adversités d’où qu’elles viennent. Notre détermination, notre engagement pour la mobilisation du peuple en vue d’obtenir de Sarkozy la libération du Président Gbagbo, n’est point négociable. Toute manœuvre contraire est une perte inutile de temps pour ceux qui ont en charge la gestion des choses de l’Etat.
Des médias vous accusent d’être un Blé Goudé bis. Que dites-vous ?
K. J. : J’en suis fier, d’ailleurs je prends cela comme un compliment. Tout le monde entier a vu Blé Goudé conduire le peuple de Côte d’Ivoire à une résistance aux mains nues. Tous nos meetings étaient des meetings démocratiques. Jamais des armes n’ont été brandies à un seul meeting animé par Blé Goudé et nos autres leaders de la galaxie patriotique. Blé est un symbole de combattant pour la dignité du peuple africain. Et je suis fier d’être un autre Blé Goudé, tout comme à l’Université, jeune étudiant, je rêvais d’être un autre Soro Guillaume, tellement il nous nourrissait au combat pour la justice, l’équité et l’égalité entre les Ivoiriens. Hélas ! (…)
Vous indiquiez, samedi dernier, que vous rendrez la Côte d’Ivoire « démocratiquement ingouvernable » si Laurent Gbagbo était exclu de la réconciliation et conduit devant les tribunaux internationaux. Ça veut dire quoi rendre « la Côte d’Ivoire démocratiquement ingouvernable » ?
K. J. : Nous utiliserons tous les moyens dont dispose notre loi fondamentale pour rendre la Côte d’Ivoire définitivement infréquentable, si Gbagbo Laurent devrait être conduit à la Cpi (Ndlr : Cour pénale internationale), sans Alassane Ouattara et Soro Guillaume.
Pour votre meeting du 15 octobre, vous avez saisi les autorités, que vous ont-elles dit ?
K. J. : Pour le meeting du 15 octobre, nous avons saisi effectivement toutes les autorités en charge des questions de sécurité dans notre pays. Même toutes les ambassades accréditées dans notre pays, les organisations des droits de l’homme nationales et internationales, y compris la division des droits de l’homme de l’Onuci, les confessions religieuses y compris le représentant du Pape en Côte d’Ivoire, les partis politiques membres du Rhdp. Nous leur avons adressé des courriers, il leur revient de prendre des dispositions pour la sécurisation du meeting. Nous verrons, par là aussi, leur capacité à instaurer un Etat de droit, à commencer par la sécurisation des meetings de l’opposition.
Allou Eugène qui reste l’une des principales figures de la Refondation, à la lumière de ses dernières sorties, ne semble pas d’accord avec l’esprit de votre meeting. Peut-on s’attendre à ce que vous renonciez à votre rassemblement déjà que les esprits semblent un peu surchauffés ?
K. J. : Mon aîné Allou Eugène ne m’a pas signifié un tel état d’esprit. Je ne souhaite pas que vous lui attribuez des propos dont il n’est pas l’auteur. Je crois qu’il n’a aucune envie que les militants du Fpi désespèrent de lui à cause de certaines contingences liées à ses besoins personnels.
Réalisé par Kisselminan COULIBALY
Affaire ‘’Des Frci tuent’’ / Bingerville bouclée par des jeunes en colère : Un couvre-feu en vue
Publié le mercredi 12 octobre 2011 | Soir Info
Au lendemain de la mort de Bansé Antoine (chauffeur de gbaka) et du tapissier Yao Kouassi Gérald, tués par des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), à Bingerville, la tension est montée d’un cran dans cette localité située à environ 15 km, à l’Est d’Abidjan. De fait, le mardi 11 octobre 2011, des centaines de jeunes qui, la veille, avaient manifesté leur colère, ont érigé plusieurs barrages dans la ville et interdit la circulation des minicars (gbakas) et des taxis communaux. La rumeur du décès de Kessié Beugré Michel dit « Bissié », le troisième blessé de la veille évacué à Abidjan, a fait monter la colère. Si certains manifestants ont pris d’assaut le foyer des jeunes où sont basées les Frci de Bingerville, d’autres issus du milieu du transport « ont fermé » la route d’Abidjan. Plus grave, ils s’en prenaient aux chauffeurs de taxis compteurs qui osaient braver les barrages pour se substituer aux minicars. Au moins deux parmi ces chauffeurs auraient été brutalisés par la bande qui avaient pris position au niveau du carrefour du village d’Abatta. Les premiers éléments des Forces de l’ordre ont dû rebrousser chemin. En tout cas, pendant des heures, la ville de Bingerville est restée coupée d’Abidjan. Peu après 11h, après la descente d’un impressionnant détachement de gendarmes et de policiers, appuyé par des éléments de forces impartiales de l’Onuci, la ville était à nouveau accessible, mais seulement aux particuliers et taxis-compteurs. Toutefois, Bingerville donnait l’allure d’un champ de bataille avec des morceaux de gravas visibles sur le bitume.
Couvre-feu et comportement imposés
Le foyer des jeunes jouxtant le commissariat et la gendarmerie, camp des Frci, est gardé par des éléments munis d’armes de guerre. Les deux portails qui faisaient office d’entrée et de sortie avaient reçu du renfort. N’empêche ! Les jeunes de Bingerville étaient catégoriques avec ces soldats : « Nous ne voulons plus voir d’éléments Frci au foyer des jeunes que nous leur avons donné. Qu’ils partent de Bingerville. Nous ne pouvons plus accepter que des gens qui sont censés assurer la sécurité des personnes et des biens aient la gâchette facile », a martelé K.L. Pour lui, à l’unanimité, les jeunes ont décidé de ne plus accepter un élément de Frci en treillis. « Désormais, nous ne voulons plus voir des hommes en treillis se promener. La nuit également, nous ne voulons voir aucun élément. Nous allons imposer un couvre-feu chez nous afin que cessent ces humiliations injustifiées de personnes qui ne demandent qu’à vivre dans la tranquillité et la paix », nous a-t-il prévenu. Quant à l’apprenti qui a tenté de soutirer trois cent mille (300.000) francs Cfa des poches de Bansé Antoine agonisant, au moment de son évacuation, il a été pris en possession de cent mille (100.000) francs Cfa. Il est actuellement placé en garde à vue par les Forces de l’ordre. La brigade de gendarmerie de Bingerville à qui l’affaire a été confiée, continue de jouer les bons offices afin que la paix et l’entente reviennent entre les Frci et les jeunes en colère. Au moment où nous mettions sous presse, les minicars n’avaient pas encore repris le travail. Il faut rappeler que le lundi 10 octobre 2011, peu après 17h, cinq éléments de Frci basés à Bingerville ont fait irruption au « bandjidrôme » (lieu de jeu de poker) non loin du marché. L’altercation qui s’en est suivie a causé la mort par balles de Bansé Antoine et de Yao Kouassi Gérald, quand Kessié Beugré Michel blessé a été évacué dans un centre de santé.
M’BRA Konan