Révolte des députés: L`Assemblée nationale fermée, hier . Mamadou Koulibaly accusé

Publié le jeudi 6 octobre 2011 | Soir Info - Une dizaine de députés ivoiriens (Fpi), peu avant midi, le mercredi 4 octobre 2011, font leur entrée dans la cour de l'Assemblée nationale

Mamadou Koulibaly, président de l'Assemblée nationale.

Publié le jeudi 6 octobre 2011 | Soir Info - Une dizaine de députés ivoiriens (Fpi), peu avant midi, le mercredi 4 octobre 2011, font leur entrée dans la cour de l'Assemblée nationale

au Plateau. Arborant leur écharpe, les démarches rassurantes et les visages fermés, ils disent être là pour prendre part, contre vents et marées, à la session ordinaire du Parlement, comme il est de coutume tous les premiers mercredis du mois d'octobre. Ces députés sont tout de suite reconnus. Marie-Odette Lorougnon, Yao Yao Jules, Guipié Charles, Djédji Amondji, Amani N'Guessan Michel, Agoh Marthe (1ere vice présidente de l'Assemblée nationale)...Il s'agit de ceux du groupe parlementaire du Front populaire ivoirien (parti d'origine de Laurent Gbagbo, le président ivoirien déchu le 11 avril 2011). Une fois dans le grand hall, ils constatent, surpris, que les portes de l'hémicycle sont hermétiquement closes. Ils s'adressent alors au personnel administratif présent afin que leur soient données les raisons pour lesquelles le Parlement est cadenassé. '' Nous avons reçu des instructions fermes de n'ouvrir les portes à personne, quel qu'en soit le motif '', répond, d'un ton ferme, celui qui semblait être le responsable de ce personnel aux députés Fpi. Le ministre Amani N'Guessan demande alors à voir le député Mamadou Koulibaly, président de l'Assemblée nationale, présent à son bureau. Ce dernier n'y voit aucun inconvénient. Les deux hommes échangent, loin des micros, des cameras...et des plumes. Des indiscrétions rapportent cependant que le ministre Amani a expressément demandé à Mamadou Koulibly de faire ouvrir les portes de l'Assemblée, afin que se tienne la session ordinaire. Le président oppose à son contradicteur le non respect de la procédure en la matière. Les deux hommes se séparent sur leurs désaccords. Révoltés par la réaction de Mamadou Koulibaly, la poignée de représentants du peuple décide d'une concertation. Et la résolution est prise de faire une déclaration devant la presse. '' J’ai écrit au secrétaire général (Sg) du Parlement conformément à ses attributions pour qu’il puisse préparer la conférence des présidents. Moi, je supplée le président de l’Assemblée dans ses tâches, dans toutes ses fonctions et habituellement, je rappelle à l’ordre le Sg pour qu’il prépare les sessions. C’est ce que j’ai fait parce que je n’arrivais plus à le joindre depuis un certain temps. Donc, j'ai été obligée d’écrire, d’envoyer un courrier depuis le 22 septembre et jusqu’aujourd’hui, plus rien, personne ne s’est présentée, de surcroît, il a donné l’ordre à la personne qui détient la clé de ne pas ouvrir l’hémicycle. Moi, je voudrais que vous informiez le peuple de Côte d’Ivoire qui nous a élus, qui a eu confiance en nous, parce qu’un député représente toute la nation, que le président de l’Assemblée nationale (...) refuse de faire fonctionner l’assemblée nationale...Si le gouvernement aujourd’hui prend des décisions qui ne sont pas de son domaine, ce serait de la faute de l’Assemblée nationale qui aurait ainsi trahi le peuple de Côte d’Ivoire; tous les députés qui sont là ont voulu remplir leurs obligations parce que le peuple les a élus pour le représenter, contrôler le pouvoir exécutif; et nous sommes venus et il se trouve que c’est le président de l’Assemblée nationale en personne qui bloque le fonctionnement de l’institution'', laisse entendre, l'air déçu, la députée de Bingerville, Agoh Marthe, première vice-présidente de l'Assemblée. Au nom du groupe parlementaire Fpi, Guipié Yoro Charles exprime la colère des parlementaires de son parti. La presse l'entoure. La nervosité dans la voix, le député d'Issia indique que les ''honorables'' ne perçoivent plus de salaire depuis 7 mois; ce qui rend leur condition de vie difficile. '' On ne nous paie pas, on ne peut pas avoir des découverts au niveau des banques, les comptes sont gelés, on emprisonne des députés alors que ceux là sont encore sous le joug de leur immunité et bref, on piétine, on humilie les gens, on les méprise; nous n’avons, en face de nous, aucun interlocuteur. C’est pour cela que nous sommes venus ici pour ouvrir le parlement et parler de nos problèmes'' souligne-t-il, puis s'emporte'' : c'est inhumain''. Selon Guipié, si des ''gens'' gouvernent aujourd'hui la Côte d'Ivoire, c'est bien parce que les députés ont joué leur rôle. Pour lui, l'Assemblée nationale doit fonctionner parce qu'aucun décret, aucune ordonnance ne mettent fin à l'exercice de cette institution. Ces déclarations faites, les députés quittent progressivement les lieux, profondément indignés, pendant que Mamadou Koulibaly encore à son bureau, indifférent, vaque à autre chose.

Alain BOUABRE