Nigeria: le Mend annonce une attaque à la bombe "imminente" dans la capitale
ABUJA (Nigeria) (AFP)le 16.10.2010 - Le principal mouvement armé du Nigeria, le Mend, a diffusé vendredi une alerte à la bombe "imminente" à Abuja, deux
ABUJA (Nigeria) (AFP)le 16.10.2010 - Le principal mouvement armé du Nigeria, le Mend, a diffusé vendredi une alerte à la bombe "imminente" à Abuja, deux
semaines après avoir revendiqué le double attentat à la voiture piégée qui avait fait douze morts dans la capitale fédérale.
Dans un courriel adressé aux médias, intitulé "Attaque à la bombe imminente à Abuja", le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend) affirme qu'il préviendra 30 minutes avant l'heure prévue de l'attaque, sans plus de précisions.
Le 1er octobre, pendant la cérémonie officielle marquant le cinquantenaire de l'indépendance du Nigeria, ce groupe avait communiqué une alerte à la bombe une heure environ avant un double attentat à la voiture piégée qui a fait 12 morts et des dizaines de blessés.
"Nous avons décidé de mener une autre attaque à Abuja sans changer notre mode opératoire, afin de prouver l'innocence des suspects", arrêtés depuis, affirme le Mend.
Le groupe accuse le gouvernement nigérian de s'être lancé dans une "chasse aux sorcières" après le double attentat et d'avoir utilisé l'attaque comme prétexte pour "accuser à tort et harceler ses opposants". Le Nigeria est en pleine campagne à l'approche d'élections générales prévues début 2011.
Le directeur de campagne d'Ibrahim Babangida, principal rival de Jonathan à l'investiture de leur parti le PDP, a été interrogé par les services de renseignement dans le cadre de l'enquête.
"Le gouvernement de Goodluck Jonathan a répondu en arrêtant des innocents sur la base de fausses accusations les reliant à l'attaque", dénonce le Mend, citant notamment Henry Okah.
Ancien dirigeant du mouvement, Henry Okah a été arrêté en Afrique du Sud le 2 octobre et inculpé pour "terrorisme". Il est acccusé par le Parquet sud-africain d'avoir "joué un rôle majeur" dans le double attentat.
Il clame son innoncence et a assuré vendredi devant un tribunal de Johannesburg ne pas connaître les neuf personnes arrêtées au Nigeria pour ces attaques.
Le président Jonathan - originaire du delta du Niger, région pétrolifère du sud où le Mend avait jusqu'à présent mené la quasi totalité de ses actions, ciblant principalement l'industrie pétrolière - avait accusé "un groupuscule terroriste" en dehors du pays et douté que les auteurs soient le Mend, quelques jours après l'attaque du 1er octobre.
Dans son courriel vendredi, le Mend "réaffirme clairement être responsable " de cette attaque tout en "regrettant les pertes en vies humaines qui auraient pu être évitées".
Le groupe a plusieurs fois accusé les autorités de ne pas avoir pris ses mises en garde au sérieux.
"Comme d'habitude, nous donnerons une mise en garde 30 minutes à l'avance afin d'éviter des pertes civiles", écrit-il vendredi.
Le 1er octobre, les voitures avaient explosé à quelques centaines de mètres d'une grande place où des dizaines de milliers de Nigérians, le chef de l'Etat et des délégations étrangères assistaient à la cérémonie de la fête de l'indépendance.
Contacté par l'AFP après l'alerte de vendredi, le porte-parole fédéral de la police s'est voulu rassurant.
"Je n'ai pas vu l'alerte moi-même. Nous allons prendre des mesures pour que cela ne se produise pas. Le Nigeria ne va pas fonctionner avec une mentalité d'état de siège", a déclaré Emmanuel Ojukwu.
Le Mend affirme mener un combat au nom d'une plus juste répartition de la manne pétrolière, en faveur des populations pauvres du delta.
Apparu en 2006, ce groupe a multiplié sabotages d'oléoducs et enlèvements d'employés du secteur pétrolier. Il a cependant largement réduit ses attaques depuis un an suite à une amnistie offerte par l'ancien président Umaru Yar'Adua.