Fin de mission / Choi quitte Abidjan aujourd’hui à 15 H : La classe politique apprécie l’action du fonctionnaire onusien
Publié le jeudi 1 septembre 2011 | L'intelligent d'Abidjan - Arrivé en Côte d’Ivoire le 18 octobre 2007 en remplacement du Suisse
Pierre Schori, le Sud coréen Young-Jin Choi passe la main à un Néerlandais, à partir du 1er septembre 2011. Le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU qui a eu le privilège d’assister au dénouement du long processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire, peut s’enorgueillir de son engagement dans le bourbier ivoirien. A-t-il été à la hauteur de la tâche qui lui incombait ? La classe politique ivoirienne, dans sa diversité apprécie…
Publié le jeudi 1 septembre 2011 | L'intelligent d'Abidjan - Arrivé en Côte d’Ivoire le 18 octobre 2007 en remplacement du Suisse
Pierre Schori, le Sud coréen Young-Jin Choi passe la main à un Néerlandais, à partir du 1er septembre 2011. Le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU qui a eu le privilège d’assister au dénouement du long processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire, peut s’enorgueillir de son engagement dans le bourbier ivoirien. A-t-il été à la hauteur de la tâche qui lui incombait ? La classe politique ivoirienne, dans sa diversité apprécie…
Kouakou Kra, Député Fpi : ‘’Il est venu achever ce que les néo-colonisateurs ont commencé’’
«C’est une mission accomplie pour Choi. Il a été envoyé par ses mandants pour venir acheter la Côte d’Ivoire pour le compte de la France. Il l’a réussi et de ce point de vue, sa mission est positive. Mais pour nous, les souverainistes, sa mission a été négative à tout point de vue. Notre réflexion aujourd’hui tourne autour du rachat de notre pays par la France. Choi n’était pas en mission de paix. Combien de morts y’avait-il avant son arrivée et combien en compte-t-on au moment où il part ? Il n’y a qu’à apprécier ce décompte macabre pour se convaincre de la négativité de sa mission. Ma lecture des faits est que depuis un moment, la colonisation continue et a pris une autre forme. Nous avons connu ici une rébellion qui n’est pas descendue du ciel. Et c’est Choi qui est venu achever ce que les néo-colonisateurs ont commencé. Jusqu’à ce jour, les résultats de sa certification n’ont pas été rendu publics même s’il affirme qu’en prenant en compte les réclamations de Lmp, rien ne changeait dans le verdict final de la présidentielle. Il a soutenu qu’il y avait une injustice dans la solution du recomptage que nous préconisions. Ma conviction est que même s’il n’y avait pas eu d’élection, ils auraient contraint Gbagbo à quitter le pouvoir. L’exemple de la Libye est là pour nous édifier. Il faut que les Africains prennent conscience que ces organisations (Onu et ses
démembrements, ndlr) ne feront pas notre bonheur.
Elles sont l’incarnation du gouvernement mondial avec d’un côté, les maîtres et de l’autre, les esclaves que nous sommes. Aujourd’hui, Choï part et un néerlandais le remplace. Pour moi, Choi ou Koenders, c’est bonnet blanc, blanc bonnet ».
Guéi Bombet Robert, président de La Renaissance : ‘’M. Choi n’était pas tout seul maître du jeu’’
«M. Choi a réalisé un travail formidable et nous devons l’en féliciter. Je pense honnêtement que si Choi était venu plus tôt avant les autres, notre crise n’aurait pas duré autant de temps et la Côte d’Ivoire s’en serait vite sortie. Nous devons donc tous le féliciter, lui dire merci
ainsi qu’à son patron, le secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, parce que l’ONU nous a beaucoup aidés. Concernant la crise postélectorale, je pense qu’après avoir analysé tous les documents, tous les comptes-rendus et tous les commentaires, il nous a aussi beaucoup aidés pour faire valoir les droits de la démocratie. Dans l’ensemble, Choi est un fonctionnaire international courageux et si dans les pays où il y a des crises, nous avons de telles personnes, on devrait pouvoir être heureux pour qu’enfin, à l’horizon on puisse voir moins de conflits mais plus de développement dans nos pays africains. L’ONU n’était pas au centre des actions, mais ils étaient là pour nous aider à pouvoir retrouver la paix et à relancer le
processus démocratique. M. Choi n’était pas tout seul maître du jeu, mais dans l’ensemble, il a fait ce qu’il devait faire. Nous avons, entre nous-mêmes, posé des balises pour ne pas que le système aille plus vite, on ne peut donc pas lui imputer cela. Ses actions ont été courageusement menées et il faut le reconnaître, de façon honnête ».
Bema Fofana, président de la Jeunesse des Forces Nouvelles : ‘’Malgré les pressions, Choi est resté intraitable’’
«Je pense que le bilan de M. Choi est largement positif.
Il n’est qu’un exécutant, c’est le Conseil de sécurité qui décide et Choi veille à l’application des résolutions du Conseil de sécurité. Je pense qu’il a pleinement joué son rôle et il a été très courageux. Le fait que le pouvoir d’alors ait refusé de se plier à la volonté du peuple et, contre vents et marées, en dépit de toutes les pressions qu’il a subies, il est resté intraitable. C’est un acte à saluer, parce que c’est une grande première.
A son arrivée en Côte d’Ivoire, il a essayé d’équilibrer les choses, en regardant des deux côtés, ce qui a un peu fait traîner les choses. Mais à la fin, avec le dénouement de la crise postélectorale, il a joué son rôle. Le départ de Choi n’est pas une symphonie inachevée. Nous sommes parvenus à recomposer la CEI devant lui, ce qui reste, ce sont des formalités. Les Ivoiriens ont compris qu’il ne faut plus faire de querelles inutiles et que M. Choi était en Côte d’Ivoire pour nous aider. Il a fini sa partition, il appartient à une organisation qui décide de la venue ou du départ de ses fonctionnaires. Celui qui viendra va continuer le travail et j’espère qu’il sera à la hauteur, comme Choi l’a été ».
Yao Kouadio Séraphin, président en exercice du RJDP : ‘’Choi a travaillé dans des conditions hostiles’’
«M. Choi est un homme d’une grande qualité intellectuelle et d’une très grande probité. Il est très courageux et malgré tous les obstacles qu’il a connus, il a pu, par sa personnalité, faire en sorte que la Côte d’Ivoire retrouve la paix. C’est donc à dessein que la nation ivoirienne lui a rendu hommage, en le décorant le 7 août dernier. Il a entamé un processus qui n’est pas terminé, mais le secrétaire général de l’ONU a jugé utile de le rappeler à d’autres fonctions, afin que d’autres pays puissent bénéficier de son expérience.
Nous aurions souhaité que M. Choi reste encore longtemps avec nous, malheureusement il s’en va.
Je pense que son successeur va poursuivre l’œuvre, parce que l’administration est une continuité. M. Choi a travaillé dans des conditions hostiles, son successeur arrive au moment où il y a une accalmie pour continuer le travail».
Laurent Akoun, Sg du FPI : ‘’Je n’ai rien à dire sur quelqu’un qui a programmé notre mort’’
«Je suis navré, mais je n’ai pas de commentaire particulier sur la mission de Choi en Côte d’Ivoire. Il est déjà passé nous voir, mais je n’ai rien à dire à propos de quelqu’un qui a programmé notre mort politique».
Propos recueillis par Olivier Dion et S. Débailly