Audiences avec Alassane Ouattara, Guillaume Soro, Konan Bédié, poursuites judiciaires, football ivoirien: Jacques Anouma déballe tout

Publié le lundi 11 juillet 2011 | L'intelligent d'Abidjan - Le président de la Fédération Ivoirienne de Football ( FIF), Jacques Anouma s'est prêté aux questions des journalistes à l'issue de l'acte

Jacques Anoma, président de la FIF.

Publié le lundi 11 juillet 2011 | L'intelligent d'Abidjan - Le président de la Fédération Ivoirienne de Football ( FIF), Jacques Anouma s'est prêté aux questions des journalistes à l'issue de l'acte

II de l'Assemblée Générale mixte de sa structure, au cours d'une conférence de presse tenue le samedi 9 juillet 2011, au sein de la Caistab-Plateau.
Le 18 juin 2011 dernier, l’AG était houleuse, aujourd’hui, elle s’est déroulée dans une bonne ambiance. A votre avis, qu’est ce qui a favorisé ce changement ? En 1998, vous êtes venu avec un programme. En 2002, l’on vous fait appel. Après deux mandat, qu’est- ce que vous avez fait et qu’est-ce que vous n’avez pas fait ?

Je vous dis toujours, que je me méfie de ceux qui parlent au nom du peuple. Je ne crois pas que la première assemblée ait été houleuse. Quand, il y a un débat, cela ne veut pas dire pas que c’est houleux. Aujourd’hui encore, il y a eu un débat et je dis, ça s’est passée dans un esprit démocratique. Que ce soit le 18 juin 2011, que ce soit aujourd’hui, le 9 juillet 2011. Vous avez écouté mon discours de clôture. Tout est là-dedans. Ce qui a été fait, ce qui est à faire, qui n’est pas seulement pour Jacques Anouma, mais qui est pratiquement un impératif pour le prochain serviteur du football ivoirien. C’est là, l’essentiel de mon message, qui, n’est pas personnel, mais qui s’adresse aussi, à ceux qui voudraient s’approprier la direction du prochain comité exécutif. Vous ne pouvez rien faire sans l’Etat, vous ne pouvez rien faire sans les sponsors, vous ne pouvez rien faire sans les communes, vous ne pouvez rien faire sans les régions, vous ne pouvez rien faire sans le public sportif. Voici les cinq grands axes qu’il va falloir renforcer pour continuer à maintenir votre football au niveau où il est aujourd’hui.

Vous avez écrit votre avènement à la tête du football ivoirien. Pensez-vous que pour l’avenir, celui qui viendra prendre les rênes, mettra le football au niveau où vous l’avez mis?

J’ai répondu tout à l’heure à la question. Il y a de grands axes que personne ne pourra éviter. Je l’ai dit, il faut reprendre les discussions avec les sponsors, avec un projet encore plus ambitieux. Il faut reprendre l’angle avec l’Etat, pour encore un projet plus ambitieux. Il faut que le public comprenne que sans public, il n’y a pas de qualité. Un spectacle joué devant des grains vides ; les athlètes ne sont plus motivés. L’Etat, les Sponsors, le public, chacun doit jouer sa partition. Mais pour cela, le prochain serviteur de la fédération devra proposer des projets plus ambitieux. Parce que nous allons entrer dans une ère qui n’est pas du tout facile. Dans six mois déjà, nous aurons une CAN. En 2013, nous avons une CAN à jouer. En 2012 encore, nous aurons les JO, si nous sommes qualifiés. En 2014, nous avons le mondial avec un programme de qualification encore plus ambitieux que celui que nous avons connu, en 2015, nous avons une CAN, plus le CHAN en 2014. Donc, cela fait pratiquement six compétitions majeures en trois ans. A cela, si vous ajoutez les cadets, les juniors et le football féminin en Coupe d’Afrique, vous êtes à huit compétitions majeures concentrées sur trois ans. Si vous n’avez pas un projet ambitieux, si l’Etat ne vous suit pas, si les sponsors ne vous suivent pas, ça ne sert à rien de se voiler la face, vous courez droit vers un échec. Raison pour laquelle je dis qu’il y a des axes qu’il va falloir explorer ; ce sont les principaux axes pour le bureau fédéral, des axes à explorer pour les clubs, les sponsors, les communes, les régions. Chacun de vous devra jouer sa partition. J’espère qu’au sein de ce forum que les clubs ont demandé, que nous instituons et ce que j’ai souhaité depuis longtemps, va se dégager avec de grands projets pour le football ivoirien.

Avez-vous manœuvré avec les nouveaux textes et les amendements, pour écarter vos potentiels adversaires, notamment la disposition qui stipule (si j’ai bien noté), qu’il faut être ou avoir été membre du comité de la FIF pendant les quatre ans qui précède l’AG?

Vous avez bien pris note sauf que, ce n’est pas applicable maintenant. C’est pour les prochaines élections. Donc, il n’y a aucune manœuvre. S’il y avait des manœuvres, les clubs ne l’auraient pas proposé. Il faut savoir que ce n’est pas une proposition du comité exécutif, c’est une proposition pratiquement à l’unanimité des clubs. Dans ces nouveaux statuts, il n’y a pas de pièges, il n’y a pas de manœuvres, sinon je ne pense pas qu’on aurait eu un vote aussi impressionnant.

Vous avez parlé des huit compétitions pour les trois ans à venir. Pensez-vous être à ces compétitions ?

Un dirigeant de la FIF, c’est aussi un dirigeant de club. Au moins cette qualité, on ne peut pas me l’enlever. Pour répondre à votre question, puisqu’elle est un peu tendancieuse, vous verrez, on a un délai pour déposer les candidatures. Vous saurez si je suis candidat ou pas. Je joue toujours mon rôle et je le jouerai jusqu’au dépôt définitif des candidatures en tant que président de la fédération. Si je suis candidat, je vous le ferai savoir ; si je ne suis pas candidat, je vous le ferai savoir. Pour le moment, mon mandat continue. Il y a un chronogramme qui a été fixé. Que les gens entrent dans ce chronogramme, ensuite la vérité sortira des urnes.

Vous avez été reçu par le Président Bédié et le Président de la République Alassane Ouattara. Aujourd’hui (ndlr Samedi 09 juillet 2011) par le Premier ministre Soro. Est-ce que vous avez l’assurance politique peut-être pour être candidat, et surtout, pour prétendre à d’autres postes ?

Vous savez, il y a des choses qu’on lit et qu’on entend. C’est vrai, je suis le président de la FIF ; c’est vrai aussi, si je suis un candidat, je n’attends pas une caution. Sachez que, si le Président de la République m’a reçu, si le Président Bédié m’a reçu, si le Premier ministre m’a reçu et il va encore me recevoir, je parle d’abord politique, parce que je suis d’abord un homme politique. Le football, c’est un accessoire. Si j’ai une caution politique et que les clubs disent qu’ils ne veulent pas de moi, je ne serai pas président. De grâce, ne voyez pas dans tout ces rendez-vous, une course à une fonction. J’ai occupé des fonctions qui ne sont pas négligeables dans ce pays, je suis rentré au pays. Les responsables de ce pays souhaitent parler à tous les Ivoiriens y compris moi. Donc, ne pensez pas qu’on parle uniquement de football. Permettez qu’il y ait d’autres relations que la course à l’onction. Sur une heure d’entretien, peut-être que vous allez parler de football pendant 30 secondes. Vous ne pouvez pas aussi parler des projets pour ceux qui vont venir. Je vous parle des huit compétitions majeures. Pendant que vous assurez les affaires courantes, ne donnez pas un cadeau empoissonné à celui qui vient. C’est pour cela, je dis attention, nous allons entrer dans une ère de turbulence, si les sponsors ne reviennent pas, si l’Etat ne joue pas son rôle régalien et si le public bien qu’il soit très faible, ne revient pas dans les stades et si les communes et les régions ne jouent pas leurs partitions,
ce sera difficile. Aujourd’hui, vous voyez que la fédération est le premier sponsor des clubs. Si nous voulons continuer à jouer votre rôle de sponsor, il va falloir présenter des projets ambitieux et dynamiques aux autorités et aux sponsors pour maintenir le football ivoirien au niveau actuel. On ne doit plus redescendre. Même si on redescend, il faudrait que ce soit passager et qu’on remonte. Voilà l’ambition que, moi, j’ai pour mon pays. Mais, je voudrais que le nouveau serviteur du football, n’ai pas les mains liées par une conjoncture qui ne favoriserait pas son évolution dans le concert des nations au niveau africain et mondial.

Un quitus large le 18 juin 2011 dernier aussi bien pour les travaux d’activités que pour le bilan financier. On vient d’adopter de nouveaux textes. Est-ce que, ce ne sont pas des éléments sur lesquels on doit s’appuyer pour un troisième mandat? N’avez-vous pas le sentiment de trahir les clubs si vous n’êtes pas candidat pour un troisième mandat ? Seconde question, les clubs viennent de recevoir un bonus, n’avez-vous pas peur qu’on interprète cet acte comme un instrument de campagne, parce qu’on s’est rendu compte qu’ils avaient quelques abstentions durant les votes?
Lorsque Blatter a donné des bonus, on a dit qu’il était en campagne. Il faut bien donner des bonus quand, il y en a. s’il ne dépendait que de moi, je n’aurais rien donné. Mais, avec la crise dans laquelle se trouvent nos clubs, il aurait été hasardeux de ne rien leur donner. Je suis en deçà du montant que j’ai proposé. Si cela ne tenait qu’a eux, c’est pratiquement le double. Donc, ce n’est pas moi qui suis en campagne, ce sont eux. Ils ont proposé un bonus avec des montants que j’ai trouvé énormes. Mais, à trois millions, j’ai trouvé que cela entrait dans la fourchette des ressources que nous avons. Vous ne pouvez pas sortir d’un mondial et dire que vous ne donnez rien aux clubs. On se connait. C’est quelqu’un d’entre vous qui va dire qu’ils ont eu quatre milliards et les clubs n’ont pas eu cinq francs. Ils ne connaissent pas les difficultés qui nous attendent devant. Demandez à vos chefs d’entreprises de perdre deux milliards de recettes dans une année et vous verrez ce que cela coûte. Heureusement, qu’on a pris la Coupe du Monde comme projet. N’en déplaise à ceux qui veulent une CAN forcement. Si on avait gagné une CAN qu’on n’était pas au mondial, soyez certains que le trophée aurait été bien là, mais en termes de trésorerie, on serait en train de se regarder. Mais en même temps, il faut gagner la CAN qui est un impératif. Ce n’est pas, par un décret qu’on va gagner la CAN. Tant que cette union sacrée que nous demandons tous, autour de cet événement ne se produit pas, nous allons continuer ainsi. Il y a des signes qui ne trompent pas dans les différents échecs que nous avons eus. C’est arrivé, j’en ai endossé la responsabilité, mais d’autres échéances sont encore devant. Avant de prendre une décision, il faut peser les conséquences de cette décision. C’est pour cela que je ne m’engage pas au hasard. J’ai fait deux mandat, je ne me reproche rien, je n’ai pas honte de mon mandat, de mon bilan. Le comité exécutif n’a pas honte de son bilan. Si, nous, juger rien que par une CAN que nous n’avons pas gagné, pour dire que nous avons échoué ; alors, nous avons échoué. Mais, nous juger par une différente évolution à comparer à une certaine époque, je pense qu’un homme honnête ne dira pas que nous avons échoué. Donc, voilà aujourd’hui ma position. Je ne peux pas être premier africain, après cinquante ans pour la première fois, et ne pas me taper la poitrine. Nous nous sommes battus pour arriver à ce résultat. C’est pour la première fois, que la Côte d’Ivoire se qualifie avant la fin des tours. Ça s’est fait pour le second mondial, ça s’est fait pour les deux CAN précédente et ça se fait encore là, pour la CAN. Ce sont des acquis, qui font que, quand on vous fait un tirage, vous êtes dans le bon chapeau. N’ayez pas honte de votre bilan. Moi, je marche la tête haute, quand je suis avec mes collègues, quand je suis en ville et partout où je me trouve, parce que je pense que le bilan n’est pas aussi négative que cela.

Que pensez-vous des candidatures d’Anzouan et de Dieng ? Si vous avez un choix à faire, quel serait votre choix ?

(Il rit). Je ne juge pas les candidatures. Je dis tout simplement que tout le monde a le droit de se présenter. Quand vous êtes prêt, vous vous lancez. Pour cela, vous ne demandez pas la permission pour vous engager. C’est pour cela, qu’en dehors de la Côte d’Ivoire, pour d’autres instances, il y a des gens qui suivent avec beaucoup d’intérêts ce qui se passe dans votre pays. Comme si la bonne tenue de notre assemblée ou la reconduction de Jacques Anouma à la tête de cette fédération ferait des vagues. Si je suis prêt, et que je me sens prêt, je vais attaquer le défi qu’est d’abord celui de la Côte d’Ivoire. Si pour d’autres raisons, je me sens prêt pour d’autres échéances, j’irai sans demander la permission de qui que se soit. Les dépôts de candidatures c’est pour bientôt, donc vous saurez si je suis candidat ou non. Si je ne suis pas candidat, je compte un peu dans le système. Ma voix va aussi compter pour l’appui d’un candidat.

Certains dirigeants parlant de votre bilan, affirment que vous avez plus agi en international, c’est-à dire que vous avez été plus actif en équipe nationale A, au détriment du football local. Partagez-vous cet avis ? Et si éventuellement, vous êtes candidat, allez-vous tenir compte de cet avis pour votre prochain mandat ?

J’ai fait deux assemblées générales en moins d’un mois, et je n’ai pas entendu un seul président me reprocher de ne pas m’occuper du football local. Je pense qu’il faut qu’on s’entende aussi sur la gestion du football local. Est-ce que, comme certains, mettre dans mon ‘’échec’’ le fait que les gens n’aillent pas au stade ; en quoi cela me regarde ? Qu’est-ce que je peux faire pour dire aux supporters de l’Asec et de l’Africa, venez au terrain, ce sont nos équipes qui jouent. Donnez-moi la solution ? Celui qui l’a, je la prends. Mon rôle est de programmer les rencontres, mettre des arbitres, des médecins et des policiers. Mon rôle se limite là. Que les actionnaires ou les membres associés viennent ou ne viennent pas au terrain, en quoi cela me concerne ? Qu’est-ce que je peux faire pour que les supporters viennent au terrain ? Ce ne sont pas mes supporters. Je refuse qu’on m’attribue la présence ou non, des supporters au terrain. En quoi, suis- je responsable ? Dites-moi. Est-ce la fédération espagnole qui demande aux supporters d’aller supporter le FC Barcelone ? Est ce qu’on fait des concerts au stade pour faire venir les supporters du Barça ? En quoi suis-je responsable ? Je suis président de l’AFAD, je n’ai même pas dix supporters. Ce n’ai pas la fédération qui va m’envoyer des cars tous les dimanches. Soyons un peu sérieux. Si vous n’êtes pas capable de vendre dix cartes d’adhésion dans votre club, en quoi suis-je responsable? Et on m’attribue tous les maux, le football local ne marche pas. Heureusement, que, je m’occupe de l’international qui finance le football local. Ça aussi, il faut le reconnaître. Je ne peux pas financer la totalité du football local. Si c’est parce que, certains pensent que les subventions ne sont pas assez, et que je ne m’occupe pas du football local, je m’inscris en faux. Je suis le président de la FIF, la première vitrine, c’est l’équipe nationale. Et c’est elle qui nous donne les moyens pour faire vivre la division régionale, c’est elle qui nous donne les moyens pour distribuer trois millions à chaque club. S’il n’y avait pas de mondial, s’il n’y avait pas d’équipe nationale, il n’y a pas de financement local. Donc, de grâce, nous faisons ce que nous pouvons pour le football local. Si ce sont les spectateurs, alors je ne me sens pas concerné. Parce que chacun devra jouer sa partition. L’équipe nationale reste et demeurera la vitrine du football ivoirien. Je donne aujourd’hui, 25 millions chaque année aux clubs engagés en coupes africaines, en ligue des champions. Et on me dit, je ne fais rien pour le football ivoirien. Soyons tout de même juste. Soyons juste. Si j’ai fauté, j’ai fauté. En général, quand je suis en erreur, je suis le premier à le dire, et j’en prends l’entière responsabilité. Mais, on ne va pas tous les matins me taper là-dessus comme un ballon de ping-pong. Jusqu'à souhaiter ma perte ‘’physique’’. Pourquoi ? À cause du football ? Qu’ai-je fais pour que tous les matins, on souhaite qu’on m’arrête, qu’on me juge. Il y en a qui ne savent pas que je réponds aux convocations du tribunal, et ils affirment que je me promène librement. De grâce, quand on ne sait pas, on demande. De grâce je ne peux pas comprendre qu’un être humain, se lève et son ambition est de voir son frère dans l’humiliation, dans la déchéance. Ça, je ne peux pas accepter cela. Je ne pardonnerai jamais à ces personnes. Parce que j’ai une famille, des enfants, des amis. Mes enfants ne peuvent pas se lever tous les matins pour voir sur Abidjan.net ce qu’on dit sur leur père. Et les gens sont heureux dans leurs foyers, à CAP Sud où ils ont leurs bureaux. Non, je ne mérite pas ça. C’est un cri de cœur. Je ne mérite pas ça et je souhaite qu’on arrête. Maintenant, si ça vous plaît, continuez ! Pour une fois, vous avez un frère qui est au sommet dans le football mondial, et on veut le mettre sous le sol. Il y a en même qu’on utilise localement, pour me déstabiliser au niveau du football mondial. Des Ivoiriens. Et je les connais. Mais, ça ne marchera pas. C’est un cri de cœur, je ne mérite pas ça. Il y a la justice des hommes, il y en a une plus terrible, c’est celle de Dieu. Personne n’y échappera. Restons au football, bilan contre bilan. Projet contre projet. Si je suis candidat, organisez des débats, nous allons débattre. Si je ne suis pas candidat, organisez des débats entre candidats. Parce que je ne vois pas, ce qu’on va proposer de plus que ce que j’ai dit. Des sponsors, j’en ai déjà eu et je dis qu’il faut en avoir. Donc, si tu dis la même chose, c’est du plagiat. Si tu dis, qu’on doit se qualifier pour la coupe du Monde, moi j’y ai été deux fois. Encore du plagiat. La seule chose que tu peux dire, est de ramener les supporters au stade. Et ça, j’aimerais voir comment tu vas faire. Le sport ivoirien se porte bien, le football ivoirien se porte bien. Si Dieu le décide, tôt au tard, nous gagnerons une coupe d’Afrique.

Propos recueillis par K.Ange