Dr Serge-Nicolas NZI (Chercheur): « Voici les dix commandements du rattrapage ethnique du régime d'Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire »
Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Dr Serge-Nicolas NZI (Chercheur en Suisse) « Voici les dix commandements du rattrapage ethnique du régime d'Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire ».
I - Nous avons le sentiment qu’il y a une vraie malédiction qui plane depuis des décennies sur la Côte d’Ivoire. Car dans un pays normal, le président de la république est l’arbitre des disfonctionnements, des antagonismes, des crises, et situations conflictuelles, qui peuvent surgir entre les différentes composantes de la nation.
Bizarrement chez les ivoiriens, c’est toujours leur président de la République et sont entourage qui déploient toujours un effort surhumain pour aller chercher le poison destructeur de la division et de l’exclusion pour venir l’inoculer dans le corps social de la nation. Hier c’était l’ivoirité de Mr Bédié et aujourd’hui c’est le rattrapage ethnique de Mr Dramane Ouattara. C’est quand même incroyable que personne ne voit dans cette classe politique ivoirienne, que la Côte d’Ivoire est au bord du précipice.
Pourquoi l’intérêt général et le bien être du citoyen ne sont pas les préoccupations de nos dirigeants politiques en Afrique ?
Le rattrapage ethnique vise à faire des ressortissants du nord de la Côte d’Ivoire, les détenteurs exclusifs et absolus de la direction du pays des éléphants. En réalité, c’est une forme de Dioulaterie ou dioulatisation qui est la réponse des ressortissants du nord de la Côte d’Ivoire à l’ivoirité d’Henri Konan Bédié et aux autres composantes de la Côte d’Ivoire.
Quand dans un pays il n’y a que l’arrestation, l’enlèvement, l’emprisonnement et le meurtre, pour régler un problème de société, il ne faut rien attendre de ce pays et de son gouvernement. Il vaut mieux l’exil que d’être spectateur passif de la décomposition programmée de l’état nation au profit de la France et de ses multinationales,Total, Bouygues, et Bolloré.
II - Le tribalisme criminogène comme projet politique
La Côte d’ivoire plus que n’importe quel autre pays, porte dans son corps social le virus pervers du tribalisme, et risque dans le futur de payer au prix fort l’aveuglement et la versatilité de sa classe politique. Observons ici les effets pervers de cette politique qui conduira ce pays vers la tombe :
- Lorsque l’adhésion à un parti politique se fait sur des bases ethno tribales, religieuses, ou régionalistes.
- Lorsqu’on dénie toute compétence aux compatriotes des autres ethnies parce qu’ils ne sont pas originaires du bon groupe ethnique du nord de la Côte d’Ivoire.
- Lorsque tous ceux qui sont Bété, Dida, ou Gueré, perdent les emplois de direction qu’ils occupaient dans la fonction publique à cause de leur appartenance ethnique ou régionale.
- Lorsqu’on prête à l’auteur d’un article des intentions qu’il n’a pas, ou des propos qui ne sont pas les siens parce qu’il est simplement originaire d’une autre tribu.
- Lorsque toutes les nominations à la tête des entreprises d’Etat ou des grands ministères de souveraineté ont pour seuls critères, l’origine régionale ou tribale des heureux bénéficiaires.
- Le tribalisme pousse toujours les petits politiciens à manipuler l’opinion de leur pays et surtout la jeunesse par des politiques de courte vue.
- Il a rendu l’ivoirien méfiant et intolérant au point ou la Côte d’ivoire est devenue un pays ou un simple accrochage entre deux véhicules dans la circulation peut devenir une affaire d’Etat si l’un des conducteurs est bété et l’autre sénoufo ou Koyaga.
- Le tribalisme est nuisible à un pays qui veut construire un avenir commun pour tous car, il crée artificiellement un sentiment de supériorité d’un groupe ethno-tribal sur le reste du pays.
- Il conduit au non respect des droits humains, à la mauvaise gouvernance.
- Il conduit à la peur de la différence, à la soif du pouvoir qui pousse à tuer pour exister. Le tribalisme est nuisible à l’intégration nationale, puisse que son pilier principal est l’exclusion et la négation des l’autres.
- Il favorise la corruption, le népotisme, la gabegie, et le clientélisme. Il est responsable du manque de démocratie de base. Il conduit à un sentiment d’injustice, de frustration, et de haine dans le corps social de la nation qu’on veut bâtir. Le tribalisme conduit toujours à des dictatures criminelles, cinglées, sanglantes, et sanguinaires.
- Telles sont les armes de la décomposition, de destruction massive et de décadence nationale qui sont aujourd’hui dans les mains d’Alassane Dramane Ouattara et de sa tribu dans le présent de la Côte d’Ivoire.
En un mot, le tribalisme dans ses formes et ses procédés, détruit la cohésion sociale, la paix civile, la solidarité nationale, et l’identité nationale, qui sont les ferments d’une société qui aspire à un développement harmonieux ainsi
qu’au progrès social et démocratique.
III - La bible et les commandements du rattrapage ethnique
On a la bible et le commandements du rattrapage ethnique en relisant la charte du nord diffusée sous forme de tract en 1991 en Côte d’Ivoire et qui était un appel à l’insurrection qui a abouti à la rébellion, en revoyant les vidéos et déclarations de certaines personnalités proches du RDR au pouvoir aujourd’hui à Abidjan, en écoutant les mosquées sollicitées par le pouvoir et qui lancent des appels pour que tout bon musulman ivoirien vote pour Alassane Dramane Ouattara, en écoutant un ministre ivoirien à Paris tenir une réunion avec les ressortissants du nord de la Côte d’Ivoire pour leur dire que l’avenir de la Côte d’ivoire se trouve dans leur soutien à Alassane Dramane Ouattara. C’est ainsi que venin du rattrapage ethnique est ainsi distillé dans le corps social.
Quand un chef d’Etat étranger originaire d’un pays musulman de passage en Côte d’Ivoire offre des milliers d’exemplaires du saint Coran à des mosquées ivoiriennes en sachant lui-même qu’un chef d’Etat chrétien ne peut pas faire la même chose dans son pays.
On est dans une logique de confrontation régionale, ethnique, tribale, et religieuse, découlant de cette idéologie perverse qu’est le rattrapage ethnique dénoncé plus haut, et dont les fondements idéologiques sont devant nous. Le rattrapage ethnique devient ainsi une doctrine avec sa bible contenant ses dix commandements qui sont sous nos yeux.
1) - Tous les ressortissants du Nord et les musulmans de Côte d’ivoire doivent faire bloc autour du président Alassane Dramane Ouattara. L’emprise des ressortissants du Nord sur les institutions de ce pays vise la conservation du pouvoir politique en Cote d’ivoire pendant un demi-siècle. Est donc traitre tout musulman ou ressortissant du nord qui n’adhère pas à cette logique.
2) - Par conséquent, le pouvoir politique, administratif, militaire, et économique, doit revenir de droit et rapidement aux ressortissants du nord de la Côte d’Ivoire, majoritairement musulmans.
3) - Tous les postes stratégiques : présidentiels, ministériels, centraux, préfectoraux, et les ambassades de Côte d’Ivoire à l’étranger, doivent revenir aux ressortissants du nord. L’arabe langue de prière de la communauté musulmane doit être enseignée dans les écoles au même titre que l’anglais, le français, l’espagnol, ou l’Allemand.
4) - Tous les directeurs des sociétés ou entreprises de l’état ivoirien doivent être des ressortissants du Nord de la Côte d’ Ivoire. La majorité des candidats admis aux concours administratifs doivent être du Nord de la Côte d’Ivoire. Tous les marchés publics de fournitures de l’état ivoirien doivent revenir en priorité à des entreprises détenues pas des maliens, burkinabés, guinéens, ou des ivoiriens ressortissants du nord.
5) - Les banques doivent éviter d’accorder des prêts bancaires aux personnes et entreprises aux mains des autres ressortissants ivoiriens non originaires du nord (cela est en vigueur déjà et la plupart des cadres des banques qui sont nordistes l’appliquent déjà). L’état ivoirien d’aujourd’hui doit refuser toute forme de licence d’importation ou d’exportation aux ivoiriens qui ne sont pas du nord. Leurs comptes bancaires doivent être surveillés et vidés pour les rendre indigents, afin de les obliger à se soumettre à plat ventre devant les ressortissants du Nord qui détiennent le pouvoir en Côte d’ivoire.
6) - Les bourses d’études doivent être accordées en priorité aux ressortissants du Nord. L’université étant un lieu d’opposition, il faut accorder moins de budget à la formation universitaire et mettre l’accent sur l’armée, la police, et la gendarmerie, au service du pouvoir. Les états-major de toutes ces unités de défense et de sécurité doivent être totalement des nordistes au service de leur emprise sur le pouvoir d’état en Côte d’ivoire.
7) - Les ressortissants du nord ne doivent rien céder aux autres groupes ethniques ivoiriens, les amener à se soumettre ou les contraindre à l’exil doit être leur but pour parvenir à un demi-siècle de pouvoir en Côte d’ivoire. Par conséquent, l’alliance avec le PDCI-RDA n’est que stratégique et de circonstance. Pas d’alternance avec eux, jamais de la vie. S’ils insistent, nous userons de la force.
8) - Les ressortissants du nord et les musulmans de Côte d’ivoire ne doivent rien craindre de la France dont Alassane Ouattara défend leurs intérêts. La France nous couvrira et nous soutiendra politiquement, diplomatiquement, et militairement, avec son armée sur place pour garantir les investissements des entreprises françaises, Total, Bouygues et Bolloré entre autres.
9) - Le gouvernement ivoirien actuel doit rechercher et consolider son alliance avec les pays voisins qui ont de nombreux ressortissants en Côte d’Ivoire : Burkina-Faso, Mali, et Guinée. Ces pays doivent nous aider à contrecarrer la propagande des autres ivoiriens qui ne voient que tribalisme, clanisme, népotisme islamisme, et régionalisme dans la promotion de notre groupe ethnique et religieux. Le rattrapage ethnique est clairement le fondement doctrinaire de la gouvernance du président Alassane Dramane Ouattara. Nous devons le défendre pour affirmer notre emprise définitive sur la Côte d’ivoire, disent les nordistes.
10) - Tous les ressortissants du Nord doivent diffuser largement et sans crainte la présente doctrine en Côte d’ivoire comme à l’étranger. Les ressortissants du nord doivent être fermes et vigilants pour le triomphe du rattrapage ethnique en Côte d’Ivoire.
IV - Postulat en forme de conclusion générale
Le sage disait hier encore que << les démons qui possèdent un homme sont nés en lui-même et de lui-même >>.
Ce démon là dans le cas d’Alassane Dramane Ouattara s’appelle la haine des autres ivoiriens. Nous demandons au président de la République de se ressaisir. Mépriser une partie de la population ivoirienne n’apportera rien de bon, ni au présent, encore moins au futur de ce pays. L’expérience Compaoré au Burkina voisin est devant nous.
Alassane Dramane Ouattara nous avait promis la démocratie et des solutions de gouvernance pour faire de la Côte d’ivoire le paradis terrestre, ce pays est aujourd’hui un enfer interethnique. Pourquoi nos frères du nord qui sont témoins au quotidien de toutes ces dérivent gardent-ils le silence ? Sont-ils insensibles aux souffrances des autres ivoiriens ?
Pourquoi le PDCI-RDA qui est le parti politique qui a conduit la Côte d’Ivoire à l’indépendance est-il aujourd’hui plus que muet devant la détresse de la nation ? Ils se comportent tous comme les partisans de Blaise Compaoré qui n’ont élevés aucune protestation, ni exprimés la moindre indignation face aux crimes crapuleux du tueur froid de Ouagadougou.
Le RDR d’ Alassane Ouattara pense- t-il pouvoir gouverner durablement dans cette ambiance de fin du monde ? Est-ce cela la paix que nous promettait le Dramane Ouattara pendant sa campagne électorale de 2010 ? Est-ce cela la Côte d’ivoire juste et vivable pour tous dont-il rêvait quand il était dans l’opposition ?
Aujourd’hui, sa gouvernance nous laisse plus de questions que de solutions. Les vraies réponses au vivre ensemble sont totalement absentes dans sa pensée et ses actes. Il se comporte exactement comme Juvénal Habyarimana quand il était le maitre de Kigali.
C’est donc dans l’optique de sortir de ce piège mortel et sans autres prétentions que nous faisons don au président de la République ivoirienne issue de la crise postélectorale ivoirienne, des sages paroles de Pierre CALAME, dans mission impossible : << Construire la paix et la démocratie, on le comprend de mieux en mieux, ne se limite pas à signer des traités, à démobiliser des armées, à autoriser le multipartisme ou à changer les institutions. Il faut encore et surtout faire évoluer les mentalités et l’image que chacun a de l’autre, transformer les modes de gestion des conflits interpersonnels autant que des conflits collectifs.
De même, les innovations naissent à un moment précis, dans un contexte précis, avec des personnes précises, leur diffusion dépend ensuite d’un contexte général. >>
Telles sont les réflexions que nous inspirent la Côte d’Ivoire et ses souffrances sans fin, dans un décor de fin du monde où elle est rongée par un mal pernicieux qui risque de l’emporter définitivement dans la tombe.
Comme d’habitude, les dirigeants politiques s’en prendront non pas au message, mais à celui qui porte le message. Pourquoi parle t-il ainsi ? Il est contre nous. C’est un Akan, un pro Gbagbo, ou un homme du PDCI-RDA. C’est un assoiffé de pouvoir. Où sont ses parents ?
Qui est-il ? Si jamais il met les pieds ici, il verra de quel bois ont se chauffe, nous allons lui trancher la gorge pour qu’il se rappelle que la démocratie c’est nous les gens du nord qui l’avons amené en Côte d’Ivoire. Voilà Mesdames et Messieurs, les paroles qui ont rendu l’alternance politique pacifique impossible au pays des éléphants.
Merci de votre aimable attention.
Une contribution de Dr Serge-Nicolas NZI
Chercheur en Communication
Lugano (Suisse)
Tel. 004179246.5353
Mail : nicolasnzi@bluewin.ch