Hydrocarbure : La vérité sur le pétrole ivoirien
Le 15 mai 2011 par IvoireBusiness - L’avenir de la Côte d’Ivoire se trouve-t-il dans le pétrole ? Les récentes déclarations au sujet de la découverte d’un important gisement pétrolier aux larges des côtes
Le 15 mai 2011 par IvoireBusiness - L’avenir de la Côte d’Ivoire se trouve-t-il dans le pétrole ? Les récentes déclarations au sujet de la découverte d’un important gisement pétrolier aux larges des côtes
ivoiro-ghanéennes illustrent l’intérêt que ces deux pays accordent à l’or noir. Car pour la Côte d’Ivoire, l’heure est arrivée de revaloriser les ressources de son sous-sol. Plus particulièrement, elle entend faire du pétrole, un autre pilier pour son développement économique. Certes, les caractéristiques géologiques de son territoire n’autorisent pas à aiguiser l’appétit des grands groupes pétroliers internationaux (96 à 98% de son espace territorial est presque entièrement couverte de roches cristallines). Toutefois, le territoire renferme des potentialités pétrolières. « Les roches sédimentaires ayant un intérêt pétrolier n’occupent que 2 à 4% du territoire et sont localisées essentiellement dans le basin sédimentaire au sud du pays », explique M. Kouamé Akpégni Pierre, ingénieur géologue. Si selon des documents officiels, les recherches pétrolières menées entre 1952 à 1963 par la société Africaine des Pétroles (SAP) basé à Dakar avaient conclu que la Côte d’Ivoire n’était pas un pays pétrolier en raison de la faible valeur commerciale des 10 puits forés, les autorités publiques ne vont pas pour autan croiser les bras. La mise en place d’instruments juridiques tels que le code pétrolier visant à orienter sa politique pétrolière va permettre de relancer les activités dans ce secteur vital. Pour des experts, la franche collaboration de l’Etat, la stabilité du régime sous l’ère du président Houphouët-Boigny ainsi que la compréhension et les encouragements de ce dernier ont constitué les atouts qui ont motivé les investisseurs étrangers à prendre beaucoup de risques dans l’exploration. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire compte plus de 207 forages réalisés dans le bassin sédimentaire ivoirien et qui ont permis la découverte de huit (8) champs dont quatre sont actuellement en production. « Il s’agit du champ FOXTROT (Bloc CI-27), découvert en 1981. C’est un champ offshore de gaz sec dont la production a débuté en 1999. Les réserves sont estimées à 1 502 milliards de pieds-cube. Le gaz naturel remonte à la surface par la pression naturelle du gisement. Le permis d’exploitation a été accordé à l’opérateur FOXTROT qui, en partenariat avec SAUR Energy et Pétroci, produit en moyenne 100 millions de pieds-cubes par jour. Il produit également environ 600 barils d’huile par jour ; du champ Lion & Panthère (bloc CI-11) découvert en 1993 et 1994 et dont l’exploitation a débuté en 1995. C’est un champ offshore dont les réserves initiales prouvées d’huile et de gaz furent respectivement estimées à 350 millions de barils et 303 milliards de pieds-cube. Il est exploité par un consortium composé des sociétés AFREN, IFC, SK Corp et Petroci et cumule à la fin de l’année 2007 une production d’environ 32 millions de barils d’huile et 75 milliards de pieds-cube de gaz ; du champ Baobab (bloc CI-40), découvert en 2001 et qui produit depuis 2005. Ses réserves d’huile et de gaz sont estimées à 200 millions de barils et 100 milliards de pieds-cube. Son exploitation par les partenaires suivants : CNR International Côte d’Ivoire, Svenska and Pétroci est toutefois rendue difficile par des venues de sable qui ont entrainé l’arrêt de la production de cinq puits ; du champ Espoir, situé sur le bloc CI-26, est entré en phase de production en 2002. Ce champ produit essentiellement de l’huile et du gaz associé. Il est exploité par un consortium composé de CNR International Côte d’Ivoire, Tullow and Pétroci », explique M. Kouamé Akpégni Pierre. En outre, le pays a délimité 28 permis dont 24 déjà attribués à des compagnies pétrolières. Quant aux 4 champs pétroliers restants, ils font l’objet de promotion à l’international. Mais selon des indiscrétions, la situation socio-politique et l’environnement général des affaires expliqueraient la réticence des investisseurs étrangers. « Mais cela ne saurait tarder », promet un cadre de PETROCI. Dans l’attente d’un véritable boom pétrolier, la Côte d’Ivoire a entrepris la construction d’une deuxième raffinerie, après celle de la Société Ivoirienne de Raffinage (SIR) fondée il y a quarante huit ans. Car en vérité, le pétrole exploité en Côte d’Ivoire est actuellement raffiné à l’extérieur parce que les installations de la Sir ne s’y prêtent pas.
Les pièges que la Côte d’Ivoire veut éviter Transparence ; telle est la nouvelle orthodoxie dans laquelle la Côte d’Ivoire veut s’inscrire. C’est ce qui justifie son intention d’intégrer l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) lancée par le Premier ministre Britannique Tony Blair, à l’occasion du sommet mondial sur le développement durable qui s’est déroulé à Johannesburg en Septembre 2002. Selon M. Michel YOBOUE, membre de la section locale de ITIE, « cette initiative part du principe que dans de nombreux pays, les recettes provenant de la production pétrolière, gazière et minière s’associent à la pauvreté, aux conflits et à la corruption ». La mise en place du Conseil national ITIE répond donc au souhait du gouvernement ivoirien de jouer la carte de la transparence dans la gestion des ressources pétrolières et minières. Mais, après une première demande d’adhésion sans suite en 2006, et une seconde demande en 2007, la Côte d’Ivoire a été finalement déclarée « pays candidat » le 10 mai 2008. « Le Conseil National ITIE milite aujourd’hui afin que la Côte d’Ivoire ait, dans les prochaines semaines, le statut de Pays Conforme », espère M. Koffi N’dri, président Conseil national ITIE. L’enjeu est de taille pour les autorités publiques ivoiriennes qui veulent satisfaire aux exigences des institutions de Bretton Woods. Ces dernières exigent une comptabilité claire sur la manne financière issue de l’exploitation de l’or noir. La Banque Mondiale a d’ailleurs commandité un audit dont les résultats ne sont pas encore rendus officiels. Du côté de la BCEAO, on estime que "le développement du secteur de l’extraction pétrolière constitue une opportunité pour le pays". Toutefois, l’institution juge "primordial" l’amélioration de son "cadre de gestion et de contrôle" pour qu’il puisse servir pleinement de levier à la relance de la croissance" de la Côte d’Ivoire. Car derrière cette effervescence autour du pétrole, se cachent des pièges que le pays veut éviter. D’abord, fait savoir Michel YOBOUE, la perspective de richesses pétrolières crée une mentalité de boom. Toute chose qui précipite les pouvoirs publics à établir des projets grandioses. Deuxièmement, les dépenses publiques croissent de manière spectaculaire du fait que les pouvoirs publics escomptent une grosse augmentation des revenus. Troisièmement, la qualité des dépenses publiques se dégrade, l’argent est dissipé par la corruption - les fonctionnaires se laissent soudoyer pour distribuer des bénéfices tels que des quotas d’importations, des licences industrielles et l’accès aux devises. Le quatrième piège est que l’instabilité du prix du pétrole porte atteinte à la croissance, à la distribution des ressources et à la réduction de la pauvreté. Cinquièmement, les booms favorisent la perte du contrôle fiscal et de l’inflation et entravent encore plus la croissance, la justice et la réduction de la pauvreté. L’endettement extérieur s’accroît à mesure que les pouvoirs publics font des emprunts pour combler l’insuffisance des revenus pétroliers ou miniers escomptés. Les autres secteurs de l’économie, tels que le secteur industriel et l’agriculture, périclitent par suite de la dépendance du pétrole ou des produits miniers ; Les revenus pétroliers et miniers remplacent les impôts et affranchissent les pouvoirs publics du devoir de rendre compte de leurs dépenses au public.
B. GUEU