Dogad Dogui, président d'Africagora: "Silence on tue en Côte d'Ivoire"
Le 07 avril 2011 par IvoireBusiness - Des centaines de civils, victimes des frappes des Nations Unies et de la Licorne
par Dogad DOGOUI, fondateur du réseau AFRICAGORA
Président du mouvement indépendant FRANCE DIVERSITE
Ancien membre de la Commission exécutive de l'UMP
Le 07 avril 2011 par IvoireBusiness - Des centaines de civils, victimes des frappes des Nations Unies et de la Licorne
par Dogad DOGOUI, fondateur du réseau AFRICAGORA
Président du mouvement indépendant FRANCE DIVERSITE
Ancien membre de la Commission exécutive de l'UMP
Paris, le 5 Avril 2011. A l'heure où des centaines (ou peut-être des milliers) de victimes civiles de "la bataille d'Abidjan" gisent sur le sol, je condamne avec la plus grande fermeté les bombardements de la Présidence de la République, de la résidence des chefs d'Etat et des camps militaires de Côte! d'Ivoire par des hélicoptères de la force française Licorne et de l'ONUCI.
Que vient faire la France dans une telle guerre entre politiques et militaires ivoiriens, frères et soeurs d'un même pays qui se déchire ? Ancienne colonie et partenaire historique du pays d'Houphouët-Boigny ("père de l'indépendance" et apôtre de la paix), la France aurait dû conserver son rôle de facilitateur d'une crise post-électorale entre ses "amis et frères ivoiriens". Il y a toujours de la place pour la paix et le dialogue.
Pourquoi une telle implication de la France dans un processus de guerre civile ? Comment le Président de la République a-t-il pu donner l'ordre à des militaires français d'engager le feu en terre ivoirienne contre des belligérants qui n'avaient pas attaqué des populations françaises immigrées et expatri&ea! cute;es en Côte d'Ivoire. Au risque d'atteindre des civils. Ce qui est aujourd'hui le drame de familles endeuillées.
Franco-Ivoirien, je ne peux me résoudre au silence alors que des populations civiles sont victimes de massacres de masse depuis l'avènement de la crise post-électorale installée et entretenue par les principaux camps politiques ivoiriens depuis décembre 2010.
Engagé dans la vie politique française, je m'étonne de l'absence de débat au Parlement, avant l'entrée en guerre en Côte d'Ivoire des troupes françaises de la force Licorne. La résolution du Conseil de Sécurité de l'ONU autorisait les forces de l'ONUCI et la Licorne à neutraliser toutes les armes lourdes en présence, et non à engager le feu contre des civils : peut-être va-t-on évoquer les risques collatéraux ?
Même le Sénateur Républicain James Inhofe (Oklahoma), Président du comité Défense, Sécurité et Affaires Etrangères du Congrès des Etats-Unis, a appelé Barack Obama à changer de position sur la Côte d’Ivoire au regard des tueries de Duékoué.
Et que vaut une telle victoire militaire dans la recherche de la reconstruction de la concorde entre les Ivoiriens ? Pourquoi une telle précipitation dans l’entrée en guerre de la France ? A-t-on aidé Monsieur Ouattara à accéder au pouvoir dans les meilleures conditions, dans un pays déchiré, divisé et martyr ? Par cette implication directe au combat, je crains que la France ne vienne d'ouvrir très grande une nouvelle porte pour son recul en Afrique noire. Au moins, vis-à-vis des populations en mal de réveil démocratique, de liberté et de nouvelle indépendance.
Dogad Dogui, président d'Africagora