Après l’avoir diabolisé pendant des années: Les grands médias français volent au secours de Gbagbo
Par Aujourd'hui - Après l’avoir diabolisé pendant des années, les grands médias français volent au secours de Gbagbo.
Le vent continue de tourner dans le sens souhaité par le président Laurent Gbagbo et prédit depuis belle lurette par certains serviteurs de Dieu, qui ont fait connaitre leurs prophéties sur la Côte d’Ivoire et la crise ivoirienne. C’est le moins que l’on puisse dire au vu de la disponibilité surprenante affichée ces derniers jours, par les grandes rédactions françaises à l’endroit du président Laurent Gbagbo. L’information est de sources parisiennes et émane des lobbyistes français engagés dans le combat en faveur de la restauration de l’image de l’ex-chef de l’Etat ivoirien, dans les médias de l’Hexagone où ce dernier a été constamment malmené au cours de la décennie écoulée. Notre interlocuteur indique qu’approchées récemment, de grandes rédactions telles que Médiapart, Le Monde, Canal+, Le Figaro, Libération, Marianne et TV5 Monde, auraient montré leur grand intérêt pour le cas Gbagbo. Cela, sous la forme de papiers tenant désormais compte de la réa- lité ivoirienne et non plus du prisme déformant dicté par les officines secrètes du Quai d’Orsay ou de l’Elysée, restées actives sur le sujet aussi bien sous Jacques Chirac que sous Nicolas Sarkozy. Dans ce cadre, il faudra s’attendre dans les prochains jours à des articles et autres émissions plus ou moins objectives sur le sujet Laurent Gbagbo, annonce la source parisienne, qui n’en attendait pas tant de la part de médias qui ont toujours peint le président Laurent Gbagbo en noir. Si les choses se réalisent effectivement comme tel, cela aura l’effet d’un véritable cataclysme dans l’opinion française en particulier et occidentale en général car on ne le sait que trop bien, dans cette sphère, l’opinion publique est pratiquement forgée par les médias. C’est pourquoi, par exemple, malgré la proximité idéologique avec le Front populaire ivoirien (FPI), des animateurs principaux du parti socialiste (PS) français, n’ont jamais ménagé le président Laurent Gbagbo, durant tout son règne. L’on a encore en mémoire, la charge d’un certain François Hollande, en 2010, jugeant Gbagbo de dirigeant « infréquentable ». Un jugement conditionné par le travail de sape des médias convertis successivement à la Chiraquie puis à la Sarkozie. C’est dire à quel point la presse française impacte la classe politique locale ! Ce n’est donc point un hasard que les Ouattara aient dépensé un véritable trésor d’Ali- Baba, à s’offrir de solides entrées dans les médias hexagonaux, dans leur guerre sans merci contre le régime Gbagbo. Ils sa- vaient qu’après avoir triomphé auprès des politiques parisiens, ils n’auraient aucune peine à vaincre à Abidjan, vu que depuis toujours, c’est la France qui régente le marigot politique ivoirien. La suite, on la connait. Soutenu par Paris et la communauté interna- tionale, Alassane Ouattara, après avoir pourri les dix ans de règne de Laurent Gbagbo et être passé entre les mailles du filet de la Constitution ivoirienne, réussira le 11 avril 2011, à porter le coup de grâce à ce dernier ; cela, sous la forme d’une arrestation dans les ruines de sa résidence bombardée, sans relâche, des jours et des nuits durant, par la chasse franco-onusienne. Suivront les 7 mois d’emprisonnement à Korhogo puis le transfèrement. Bref, pour revenir aux nouvelles lu- nettes que s’apprêtent à arborer les principales rédactions françaises relativement à la question Laurent Gbagbo, il faut dire que c’est véritablement un grand écart que l’on explique par au moins deux raisons. Premièrement, rapporte la source, c’est la mobilisation permanente, depuis trois ans, des partisans de l’ex homme fort d’Abidjan, à travers le monde entier, qui aurait d’abord fait tilt dans l’esprit des journalistes français. Ces derniers ont commencé à se demander pourquoi, des milliers de personnes peuvent-elles se mobiliser autant pour la cause d’un supposé dictateur ? A partir de cet instant, l’esprit critique des uns et des autres a commencé à fonctionner et prendre le dessus sur les clichés reçus jusque-là. D’où la curiosité naissante des rédactions parisiennes sur le sujet. Deuxièmement, les analystes indiquent la situation des droits de l’homme et l’état d’avancement de la démocratie en Côte d’Ivoire, depuis l’accession aux affaires d’Alassane Ouattara. Deux signaux qui restent toujours au rouge malgré l’absence de Laurent Gbagbo catalogué pourtant, par les dirigeants actuels comme le principal obstacle à la paix et à la démocratie dans le pays. Et qui ont fini par éveiller bien de soupçons chez les journalistes. Surfant sur ce nouvel état d’esprit, les lobbyistes pro-Gbagbo n’ont donc pas eu besoin d’user leur science pour convaincre les uns et les autres de poser un regard plus professionnel dans le traitement de la crise ivoirienne et singulièrement le cas Laurent Gbagbo. Visiblement, les lignes bougent et continueront certainement ainsi, avec cet assouplissement et ce soutien inespérés que nous promettent les pires détracteurs d’hier du président Gbagbo. Qui vivra verra ! ▄
Géraldine Diomandé