Première comparution de Blé Goudé devant la CPI : le calme rassurant d’un leader
Par Le Figaro d'Abidjan - Première comparution de Blé Goudé devant la CPI. Le calme rassurant d’un leader.
Ses geôliers ont tout fait, durant 14 mois, pour briser son moral. Manipulation, isolement, tortures morales et physiques… Des organes de presse proches du pouvoir lui ont même attribué « de chaudes larmes » lors de son transfèrement samedi 22 mars. Mais jeudi 27 mars dernier, à 10 heures, lors de sa première comparution à la CPI, devant la juge unique Silvia Fernandez de Gurmendi, le monde entier a pu voir un Blé Goudé Charles décontracté et serein.
Costume foncé, chemise blanche, cravate bleue, Charles Blé Goudé est arrivé souriant dans la salle d’audience. Une audience formelle d’environ 34 minutes, qui a permis cependant au leader des patriotes ivoiriens de dévoiler son état d’esprit: « Je suis heureux d’être là pour que la vérité soit sue » a t-il assuré. Avec assurance et éloquence, il a réaffirmé sa fierté dans le combat qu’il a toujours mené. « Je ne veux pas être la honte de ma génération (…). Je suis pro Gbagbo et je suis fier de l’être. Je l’étais hier, je le suis encore aujourd’hui ». Véritable pied du nez à ceux qui le disaient « abattu » au point de renier ses convictions. Quand les mots ont semblé se bousculer dans sa tête au moment d’évoquer les conditions de sa détention en Côte d’Ivoire, il prend le dessus sur les émotions, pour dire très calmement: « …Mes droits élémentaires ont été violés Madame la Juge. Je voulais que cela soit noté. Dans mon pays, avant qu’on me remette à la Cpi, pendant 14 mois, j’ai été séquestré. Je ne pouvais voir personne et personne ne pouvait me voir ».
Comme s’il s’y préparait depuis toujours
Pour le reste de ses « observations à faire» Blé Goudé demande à « en parler à huis-clos ». Tout dans le discours du général de la rue laisse penser qu’il préparait ce moment depuis longtemps. « Je pars en mission », avait-il confié à ses avocats avant son transfèrement. Devant la juge unique de la CPI, il réitère. « Je me considère en mission pour la manifestation de la vérité (…). Et je sais que je repartirai chez moi ». Près de trois ans auparavant, dans un entretien téléphonique accordé à RFI depuis son lieu d’exil, il tenait les mêmes propos ; « Je ne me reproche rien (…). Je suis prêt à comparaitre. Mon voisin doit être monsieur Ouattara, mon voisin doit être monsieur Soro Guillaume et ensemble nous allons comparaitre devant la justice (..). Nous avons perdu une bataille mais nous n’avons pas encore perdu le combat ».
Charles Blé Goudé sait que les moments qu’il vit sont inhérents à la vie et au parcours des leaders panafricains dont l’histoire finit par se confondre à celle de l’Afrique. Il s’y était préparé. Sa sérénité lors de sa première comparution, avant-hier, vient tout simplement confirmer ce qu’est le patron du Cojep. Un leader calme et serein.
Jorès Tah Bi