INHUMAIN, TROP INHUMAIN!: Pourquoi l’Union Européenne punit-elle les malades ivoiriens ? par Pierre Franklin Tavarès
Le 15 mars 2011 par IvoireBusiness - Face a l'arret de distribution de médicaments en Cote d'Ivoire Pierre Franklin Tavares réagit et prend l'initiative a la tête d'un petit groupe de personnes de la
Le 15 mars 2011 par IvoireBusiness - Face a l'arret de distribution de médicaments en Cote d'Ivoire Pierre Franklin Tavares réagit et prend l'initiative a la tête d'un petit groupe de personnes de la
mise en place du Collectif Médicaments pour la Côte d’Ivoire.
Il appelle a le rejoindre tous ceux qui sont sensibles au sort des malades : le Corps médical français et européen; l’Industrie pharmaceutique; les Associations de prévention et d’aide; les ONG; Le corps législatif; et toutes les personnes qui le souhaitent
Son objectif
« Que se lèvent des bateaux, que s’installe un réseau postal internet pour la livraison, que des réseaux de distribution se substituent aux défaillances. Refusons que des malades soient pris en otage.
Nul, s’il est humain, ne doit rester insensible».
Pour information Le Docteur Parfait KOUASSI Pdt du Conseil de l'Ordre des pharmaciens en copie du Pdt mail souhaite lui aussi réagir a la situation sanitaire que traverse la CI n'hésitez pas a vous rapprocher de lui également
Nora Ansell Salles
Qu’ont fait les malades ivoiriens à l’Union Européenne ? De quoi sont-ils donc coupables ou responsables ? Quel crime odieux ont-ils
commis, pour que l’accès direct aux médicaments des grands laboratoires européens leur soit désormais interdit ? Car, c’est aussi de cela qu’il s’agit, avec la décision de l’Union Européenne de prohiber le Port d’Abidjan, second port d’Afrique, à tous les navires européens. Or, ceux-ci assuraient, jusque-là, 90% du trafic portuaire. Qui a jugé les malades, pour leur infliger pareille punition ? Les malades ivoiriens ont-ils seulement pris part aux votes, pour être ainsi concernés par la crise postélectorale ivoirienne ? Pourquoi supporteraient-ils les effets collatéraux des sanctions ? Ils font parti des abstentionnistes du premier et du second tour. Les malades n’ont généralement pas de camp politique.
J’incrimine ! Inhumain, trop inhumain, cette Union Européenne-là.
Sous peu, les pharmacies n’auront plus de médicaments à vendre. Les stocks disponibles n’atteindront pas la fin mars, selon les prévisions. Qui souffre ? Non pas les classes moyennes ou embourgeoisées, ni non plus les fonctionnaires internationaux résidant en Côte d’Ivoire. Pour eux, on le sait bien, les médicaments viendront toujours plus vite que leurs maladies, tout comme les chemins marchent plus vite que les écoliers .
Mais souffrent déjà les pauvres, et depuis trop longtemps, ceux qui n’ont pas de familles à l’étranger, les humbles, tous les blessés de la vie. « Tu es pauvre. Or Laurent Gbagbo n’a pas quitté le pouvoir. Donc tu paieras ». Tel est le syllogisme de l’Union Européenne. Cela porte un nom : le cynisme. Mais qu’espère l’Union Européenne ? Que les malades se soulèvent, contre le régime de Laurent Gbagbo ? Mesdames et messieurs de l’Union Européenne, ils n’en ont pas la force. Que leurs parents le fassent à leur place ? Mesdames et messieurs, ils sont occupés à prodiguer l’assistance à leurs malades. Inhumain, trop inhumain ! Ab-surde aussi, absence-de-sens, sens-qui-ne-s’entend-pas. Que l’un des plus vastes ensembles politico-économique du monde, héritière de Kant Emmanuel et des Lumières, qui s’est donné pour hymne l’Ode à la joie de Schiller rédigé sur la demande de Goethe, dispache le « malheur » et bascule si promptement dans le « cynisme », montre combien notre époque est en pleine dévastation, sans repère.
J’incrimine ! Inhumain, trop inhumain. Punir des malades. Lisez et méditez les explications, les alarmes et l’appel pathétique de M. Kouassi Parfait, président de l’Ordre des pharmaciens de Côte d’Ivoire, à l’attention d’une humaniste française :
« Bonjour Nora Ansell-Salles,
La réalité est que l'arrêt de la Banque centrale, les fermetures des banques commerciales, l'arrêt des transactions financières avec l'UE mettent les grossistes locaux dans l'incapacité de régler leurs fournisseurs en UE. De plus, le blocus des ports rend toute importation impossible depuis l'UE. Or 90% des médicaments viennent d'UE. De facto, depuis le 11 février, les flux de médicaments en direction de la Côte d’Ivoire sont interrompus. Il y aura donc pénurie de médicaments une fois que les stocks déjà disponibles seront épuisés. Les délais de couverture sont évalués à environ 1mois et demi, c’est-à-dire d'ici fin Mars. Il ne s'agit donc pas d'un embargo sur les médicaments mais de la conséquence des mesures de blocus général visant à asphyxier le régime Gbagbo. Les programmes de coopération interne sont eux aussi suspendus avec le régime Gbagbo et dans ce contexte, les dotations de fond pour les fournitures d'ARV, tuberculose, paludisme etc., sont eux aussi suspendus. Comme tu vois, c'est un contexte extrêmement compliqué, lié à des décisions politiques. En dehors d'un relais par les humanitaires (ONG..), je ne vois pas comment éviter la catastrophe humanitaire, si d'ici là, le contexte reste en l'état cordialement ! » .
Voici venu le temps des « sorciers » et « marabouts » guérisseurs, des vendeurs ambulants de faux-médicaments, des charlatans, des contrebandiers, etc.
Il reste à faire le bilan des morts et des maladies dus à la crise ivoirienne, qui dure depuis 20 ans. Combien d’infarctus, de cas d’impuissances, de névroses diverses, de tués, d’explosion de pathologies graves (sida, malaria, tuberculose, etc.), de destruction du réseau de soins publics et privés (hôpitaux, cliniques, cabinets dentaires, etc.).
Comment rester insensible aux malheurs qui avancent, en s’ajoutant à d’autres malheurs ? Inhumain, trop inhumain ! « On » tue en silence des malades. Malthusianisme et cynisme, depuis des bureaux feutrés. Non pas seulement l’Union Européenne ou les classes politiques ivoirienne et africaine, mais aussi tous ceux qui se taisent, complices d’un jour, complices pour toujours. D’une autre veine, nous sommes, d’une autre tradition nous relevons que celle de la veulerie des élites que fustige Max Gallo . Être Français, en France comme dans le monde, c’est toujours se placer au cœur des problématiques sociales. Et, dans le drame des malades qui a cours en Côte d’Ivoire, je voudrais dire après René Char que les yeux seuls sont encore capables de pousser un cri . Crions donc, de toutes nos forces. Ouvrez large les yeux.
L’Union Européenne ignore superbement le Droit des gens. Mais lorsque les Institutions sont défaillantes, il est des droits et du devoir des citoyens de prendre des initiatives, comme le suggère Gabriel Bonnot de Mably .
Intellectuels, prenez vos plumes ! En son temps, L’abbé Grégoire lança un cri célèbre, que l’on peut reprendre et adapter ici : les ennemis des médicaments sont les amis de l’inhumanité.
Journalistes, inondez d’alertes vos journaux et reportages ! Hölderlin pensait que vous aviez choisi Apollon, parce que Dieu de la vérité.
Avocats, saisissez la Cour Européenne des Droits de l’Homme ! Le droit ne s’affaiblit pas aux portes des malades. Au contraire, il se revigore.
Médecins accourez ! Hippocrate vous a fait jurer secours éternel aux malades. Où est passé le « French doctor » ?
J’incrimine : inhumain, trop inhumain !
Je prends, dès à présent, avec Nora Ansell-Salles, l’initiative de la mise en place du Collectif Médicaments pour la Côte d’Ivoire. Que tous ceux qui sont sensibles au sort des malades se rallient à cette cause. J’en appelle à tout le corps médical français et européen, à l’industrie pharmaceutique, aux associations de prévention et d’aide, aux ONG, au corps législatif. Que se lèvent des bateaux, que s’installe un réseau postal internet pour la livraison, que des réseaux de distribution se substituent aux défaillances. Refusons que des malades soient pris en otage.
Nul, s’il est humain, ne doit rester insensible.
Pierre Franklin Tavares
NB: "Pierre Franklin Tavares" est un éminent professeur de philosophie qui a publié en tant qu'écrivain les ouvrages suivants:"Science et banlieue", "crise ivoirienne, considérations éparses(Nei 2005, Abidjan)", et l'ouvrage:" Henri konan Bédié" et le paradoxe de condorcet".C'est un intellectuel engagé qui pend position dans cette injustice que subit actuellement la Côte d'ivoire.Notons qu'il est élu territorial(DVD) en France.Nous le soutenons dans cette initiative noble.
Yves T Bouazo