ESCADRONS DE LA MORT, Traque et assassinats manqués d’exilés - Watchard Kedjebo : «Les preuves des tentatives d’assassinats d’exilés existent»
Par Le Nouveau Courrier - «Les preuves des tentatives d’assassinats d’exilés existent».
En exil au Ghana comme la majorité des exilés politiques, Watchard Kedjebo, revient dans cette entrevue avec Le Nouveau Courrier sur l’affaire des tentatives d’assassinats des exilés par le régime Ouattara et bien d’autres sujets de l’actualité sociopolitique.
Presque trois ans que vous êtes en exil. Aujourd’hui, le climat politique et sécuri- taire vous paraît-il favorable à un retour au pays ?
Oui cela fait bientôt 3 ans que nous sommes contraints à vivre loin de notre pays. Malheureusement, le climat poli- tique et la situation sécuritaire ne nous laissent pas beaucoup d'espoir quant à retourner dans les meilleurs délais dans notre pays. Vous convenez avec moi qu’après 3 ans d'exercice du pouvoir, Alassane Ouattara continue de se conduire comme un chef rebelle. Violant continuellement les droits de l'homme, avec la répression sauvage de simples manifestations d’épouses de détenus politiques. Les prisons qui restent tou- jours remplies de nos camarades de lutte.
Il y a une semaine, une rencontre entre une délégation du Fpi et le ministre de l’Intérieur a porté sur le retour justement des exilés. Que pensez-vous de ce cadre formel ?
Franchement, on ne s'oppose pas aux initiatives de la direction du Fpi. Mais, les concernés que nous sommes, accordons beaucoup d'importance à la procédure. Ce cadre formel de discussion entre le Fpi et le gouvernement souffre, selon moi, de l’absence d’un médiateur international afin que le suivi de la feuille de route et l'application des accords soient appliqués sans complaisance aucune.
Y’a-t-il lieu de polémiquer sur la démarche du Fpi portant sur les discussions pour un retour sécurisé des exilés?
Non rassurez-vous, il n'y a pas de polémique. Nous avons simplement dénoncé la procédure parce qu'on estimait qu'il était bon d'échanger avec les concernés d'abord. Mais les choses sont rentrées dans l’ordre.
Comment jugez-vous objectivement la situation sociopolitique après 32 mois d’exercice du pouvoir du régime Ouattara?
Ces 32 mois de Ouattara à la tête du pays, me permette de dire que ce mon- sieur n'est pas à la hauteur de la tâche à lui confiée par la communauté interna- tionale. Oui, le bilan est à la limite catas- trophique. Sur la réconciliation, pas d'avancée significative. Les militants de l'opposition sont encore dans les prisons, le retour des exilés, le dégel des avoirs…,toutes ces questions n'ont pas encore un début de solution car le régime est de mauvaise foi. Nous assistons depuis à une justice des vainqueurs, les prisonniers sont torturés, les journalistes menacés. La cohésion nationale a foutu le camp avec la politique de rattrapage de Ouattara. Ce qui crée un climat de méfiance entre les gens du nord et le reste de la population ivoirienne.
Récemment un rapport des experts de l’Onu a accusé le régime d’Abidjan d’avoir attenté à la vie d’exilés. Une accusation rejetée par Ouattara et son gouvernement. Y’a-t-il des projets d’assassinats contre les exilés ?
Nous détenons des preuves irréfutables de ces tentatives d’assassinats planifiées par le régime Ouattara. Et au moment opportun, le monde entier le saura. Ces mêmes experts qu'il a applau- dis hier lorsqu'il s'est agi d'un rapport incriminant des pro-Gbagbo, ce sont eux qui l’accusent d’attenter à la vie d’exilés. Ce monsieur a vraiment une mémoire sélective. Mais dans ce cas d’espèce, les preuves l’accablant existent. Et sa ligne de défense sur le sujet est maladroite et ridicule.
Alors selon vous pourquoi Abidjan rejette-t-il en bloc lesdites accusations?
Ouattara cache sa honte par cette diversion. Mais tout le monde sait qu'il est dans le faux depuis toujours. Nous sommes prêts à le confondre.
Les autorités ghanéennes sont-elles informées de ces tentatives d’assassinats et/ou d’enlèvements de pro-Gbagbo à Accra ?
Bien sûr ! Ce sont elles qui ont toujours pris des dispositions pour mettre en déroute les mercenaires de Ouattara.
Depuis quelques mois, le président du Fpi effectue des tournées dans plusieurs régions du pays ? Est-ce le signe d’une normalisation politique ou d’une soif de «Gbagbo» chez les Ivoiriens ?
On ne peut pas parler de normalisation dans ces conditions. Le Président Affi, en homme politique avisé sait qu’en politique c'est le terrain qui détermine. On ne peut pas parler de normalisation lorsque vous regardez ce qui s'est passé à Oumé et récemment à Doropo, avec ces cas avérés de violence politique de la part du RDR. On a pu se rendre compte aussi, au cours de ces tournées, que le choix du peuple de Côte d'Ivoire est bel et bien Laurent Gbagbo. Je crois que Ouattara doit comprendre qu'on n’achète pas l'amour d'un peuple. L’amour entre Laurent Gbagbo et l'Ivoirien est naturel.
Pourrait-on néanmoins au regard de ces tournées d’Affi N’Guessan évoquer 2015?
Non ! Ces tournées du Président Affi qui visent à remobiliser les militants sont une bonne chose, mais cela ne suffit pas pour qu'on parle de présidentielle en 2015. Pas d'élection en 2015 si Gbagbo est en prison. Il y a beaucoup de décisions à prendre pour détendre l'atmosphère sociopolitique. Notamment, la libération des prisonniers, le dégel des avoirs, la libération des domiciles occupés, etc.
Parlant du Pdci, il y a les pro-Bédié qui s’activent pour une candidature unique du Rhdp conduite par Ouattara. Lesquels proposent même la création d’un poste de vice-président de la république qui pourrait ainsi revenir au Pdci. Quel est votre regard sur la question ?
C’est une grosse escroquerie politique de Bédié. Le deal entre Bédié et Ouattara est su de tous. Une candidature unique n'est autre qu'un acte de trahison de la part de la direction du Pdci. Bédié est un échec pour le Pdci. Car l'objectif d'un parti poli- tique, c'est de travailler pour accéder au pouvoir et l'exercer mais ce n'est pas d'accompagner un autre parti au pouvoir et l'aider à gérer. La balle se trouve dans le camp de la base, car le Pdci va vers sa disparition.
La Cpi semble être dans une sorte d’im- passe sur le dossier ivoirien de l’avis de certains. Partagez-vous cette analyse ?
Oui la Cpi est dans un moment d'impasse totale avec tous les scandales révélés actuellement. Comment peut-on continuer de garder quelqu'un en prison lorsqu’on n’arrive pas à prouver ce qu'on lui reproche ? Cette institution a perdu de sa crédibilité.
Aujourd’hui quel est l’état d’esprit des patriotes ?
Je voudrais vous rassurer que les Patriotes vont bien et nous demeurons unis, sereins malgré tout. Nous croyons fermement en la victoire de la vérité sur le mensonge. La galaxie, c'est une famille et les leaders qui l'incarnent sont en parfaite symbiose. Nous sommes tous en phase. Mais, on ne peut pas empêcher quelqu'un de donner un point vu différent ou divergent sur un sujet donné. Je voudrais profiter de vos colonnes, pour encore saluer les braves patriotes pour le combat, les inviter à la vigilance et à toujours rester mobilisés. Je reste confiant et serein que la paix reviendra dans notre pays par la volonté du peuple.
Par Réalisée par Gérard Koné