‘’Commando invisible’’ à Abobo : L’Ecomog suspectée

Publié le mercredi 2 mars 2011 | Soir Info - Qui se cache derrière cette nébuleuse, baptisée « commando invisible » qui sévit depuis quelque temps à Abobo, commune réputée fief d’Alassane Ouattara, président déclaré élu par la Commission

Chefs militaires rebelles au Golf hôtel.

Publié le mercredi 2 mars 2011 | Soir Info - Qui se cache derrière cette nébuleuse, baptisée « commando invisible » qui sévit depuis quelque temps à Abobo, commune réputée fief d’Alassane Ouattara, président déclaré élu par la Commission

électorale indépendante ( Cei) ? Cette question taraude aujourd’hui l’esprit de la quasi-totalité des Ivoiriens. Des soldats de l’Ecomog sont soupçonnés d’être derrière ce commando invisible. Abobo est depuis des semaines le théâtre de combats à l’arme lourde entre forces loyales à Laurent Gbagbo et ces combattants. Les Fds tentent, non sans peine, de traiter « ce kyste militaire » dont les tentacules touchent presque toute la commune du maire Rdr et par extension, la commune d’Anyama. Cet état de fait est intimement lié à l’appel à la révolution générale lancé par le Premier ministre Soro Guillaume, qui n’a plus foi en une solution diplomatique de l’UA, qui vient d’ailleurs de renvoyer à fin mars, les décisions « contraignantes » attendues. « Ces rebelles » sont dotés d’armes de guerre et d’armes lourdes », avait fait remarquer le colonel-major Babli Gohourou, porte-parole des Fds, au plus fort des combats. Quel est donc ce « commando invisible », aux méthodes militaires très raffinées et qui disposent d’armes de guerre sophistiquées et d’armes lourdes ? Si l’on en croit des sources militaires, il y a un axe direct entre ce « commando invisible » et l’Ecomog, la force de la Cedeao, dont les soldats constitueraient l’ossature. Ce « commando invisible » serait en fait, selon nos sources, les phalanges des soldats de l’Ecomog, dont la présence en Côte d’Ivoire avait été signalée à Bouaké par la presse au mois de janvier dernier. Ce serait une force composée, notamment de militaires burkinabè, togolais, nigérians et sénégalais dont Soro Guillaume aurait obtenu récemment la mise sur pied lors de
ses tournées dans les capitales de ces pays. Les trois derniers pays auraient puisé dans le lot des anciens soldats de l’Onuci en Côte d’Ivoire tandis que le Burkina-Faso, lui, aurait déversé, directement ses hommes à Bouaké. Le journal français « France-Soir » avait récemment vendu la mèche, indiquant que les Forces armées des Forces nouvelles ( Fafn) s’apprêtaient à passer à l’offensive, avec l’appui logistique, notamment « des forces militaires basées en Côte d’Ivoire ».

Pour l’heure, il est impossible de déterminer le nombre d’hommes qui opèrent, selon nos sources, sous le commandement d’un certain « Oulata Gaoudi », un colonel des Fds admis à faire valoir ses droits à la retraite, directeur de campagne locale d’Alassane Ouattara à Duékoué. Ahoua Don Melo, porte-parole du gouvernement Aké N’Gbo, évalue ce commando entre 300 et 500. Pour lui, ce sont des "rebelles" très "mobiles", "camouflés en civils" et dotés "d'armes lourdes, de lance-roquettes et de kalachnikov". Leur parfaite maîtrise de l’outil militaire, leur tactique de guérilla urbaine qui consiste à tendre des embuscades mortels aux Fds, convainc l’état-major des Fds de ce qu’ils ont affaire à des « soldats de métier, voire des combattants aguerris et bien entrainés ».

Ce commando serait donc la tête de pont de l’Ecomog, dont le déploiement des éléments se fait silencieusement, dans la discrétion la plus totale, en Côte d’Ivoire, pour ne pas exposer les ressortissants des pays membres à des représailles des pro-Gbagbo. L’Ecomog s’infiltre donc progressivement dans les quartiers fortement pro-Ouattara depuis un certain temps, pour passer à l’attaque le moment idéal. Les combats actuels visent un seul objectif. Fragiliser les Fds, saper le moral des troupes en vue de faire le maximum de ralliement dans leurs rangs. D’où les incessants appels lancés par le capitaine Alla Kouadio Léon « à ses frères d’armes ». A Anyama, commune déjà tombée entre leurs mains, le portrait que l’on fait de ces soldats donne froid dans le dos. « Ils sont gaillards, robustes, encagoulés, tout de noir vêtu, portent des fusils d’assaut et disposent de lunettes infra rouges », soutient un habitant de cette commune. L’un des 12 soldats de ce commando, arrêtés vendredi dernier à Anyama-Adjamé, un village d’Anyama, aurait en sa possession « une carte d’identité d’un pays de la sous-région ouest africaine », soutient la même source. « Ayant découvert le vrai visage de ce commando invisible, les Fds ont choisi de déployer des commandos d’élite de l’armée ivoirienne », nous a confié une source proche de l’état-major.

Les prochains jours seront déterminants pour la suite des événements.

Armand B. DEPEYLA