4ème forum des marchés émergents d’Abidjan: L’émergence version Ouattara avec 710 prisonniers politiques dont 416 à la MACA
Par IVOIREBUSINESS – Un analyste sous couvert d’anonymat ’Nous nous éloignons inexorablement de l’émergence’’.
Une certaine vision de l’Afrique 2050 est au cœur des réflexions à Abidjan à l’occasion du 4è forum des marchés émergents qui a ouvert ses portes hier, vendredi 21 juin, à l’Hôtel Ivoire, sous la présidence du chef de l’Etat Alassane Dramane Ouattara et en présence de M. Michel Camdessus, ancien directeur général du FMI, de Raïla Odinga, ex-Premier ministre kenyan et candidat malheureux à l’élection présidentielle.
Exposant sa vision du devenir de l’Afrique en 2050, Alassane Ouattara a invité les nations africaines à capitaliser les atouts d’un continent aux multiplies opportunités qui a affiché ces dernières années, des taux de croissance record. Pour lui, l’Afrique se trouve plus que jamais dans une perspective prometteuse pour son émergence mais doit relever de nombreux défis qui annihileraient les bons résultats enregistrés jusque-là, et qui placent plusieurs pays du continent dans le peloton de tête des nations à forte croissance.
Selon plusieurs analystes évoquant la situation en Côte d’Ivoire avec 710 prisonniers politiques dont 416 à la seule maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA), les conditions de l’émergence ne sont absolument pas réunies. Car pour qu’il y ait émergence, il faut que le pays soit rassemblé, que la démocratie soit la norme et non l’exception, et que les droits de l’homme soient respectés. Le tout dans un environnement de paix et de sécurité, afin que les grandes réformes structurelles et macroéconomiques se fassent et que les énergies créatrices se libèrent.
Malheureusement, la Côte d’Ivoire est à mille lieues de ces conditionnalités vers l’émergence. Dans ces conditions, le Forum d’Abidjan sonne comme une vraie arnaque, un rendez-vous de plus à but purement cosmétique. Malgré cela, pour Alassane Ouattara, « la Côte d’Ivoire est en train de retrouver la place qui est la sienne dans la sous-région et en Afrique. Les fondamentaux de l’économie de notre pays se remettent en place, la paix est retrouvée et nous avançons inexorablement vers l’émergence ».
Les analystes se posent la question de savoir s’il s’agit du même pays « La Côte d’Ivoire », où des personnes innocentes comme Michel Gbagbo sont emprisonnées pour délit de patronyme, et où règne l’impunité la plus totale.
De l’aveu de ces derniers, le niveau de pauvreté, les inégalités sociales, le manque de sécurité sociale et la dépendance de la Côte d’Ivoire vis-à-vis des capitaux étrangers constituent un frein majeur à l’émergence.
Ils recommandent donc la libération des prisonniers politiques, la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme, la fin de l’impunité et de la justice des vainqueurs, et la mise sur pied d’ambitieuses réformes institutionnelles qui aillent de pair avec la promotion de la culture démocratique. C’est à ce prix que selon eux que la Côte d’Ivoire et l’Afrique pourront avancer vers l’émergence.
Patrice Lecomte