L’arrestation d’Amadé Ouérémi: Une diversion ourdie par Ouattara pour enfoncer le Président Gbagbo
Par Correspondance particulière - L’arrestation d’Amadé Ouérémi est une diversion du régime.
Amadé Ouérémi, le célèbre chef milicien burkinabé qui sévissait depuis
une dizaine d'années dans le Parc National du Mont Péko en Côte d'Ivoire, a
été arrêté le samedi 18 mai 2013 dans l'ouest du pays. Cet ancien
réparateur de vélos devenu redoutable milicien, est bien connu des
organisations de défense des droits de l'homme, notamment pour avoir
exécuté, avec ses hommes, plus de 800 personnes en fin mars 2011 à
Duékoué. C’est donc tout naturellement que les populations de l’Ouest
ont salué son arrestation avec satisfaction même si celle-ci ne mettrait
pas fin à leur calvaire. Les mouvements politiques comme LIDER de
Mamadou Coulibaly, ont applaudi sans toutefois se
poser une question fondamentale : Pourquoi Alassane Ouattara autorise
seulement maintenant l’arrestation d’Amadé ?
Pourquoi n’avait-il jamais pris une position courageuse pendant les massacres de Nouably? A-t-il
cédé à la pression de ses alliés internationaux? Ces questions qui
rendent infinie l’étendue de notre curiosité, nécessitent que les
Ivoiriens renoncent à leurs réflexes festifs relatifs à
l’arrestation de ce criminel protégé. Et si l’arrestation d’Amadé
était une mise en scène du pouvoir ivoirien? Une diversion servie à la
CPI pour enfoncer le président Gbagbo? En effet, Dans un passé très
récent, nous avons remarqué que toutes les fois que l’audience de
confirmation des charges contre le Président Gbagbo devait se tenir, il se
trouvait des experts pour produire des rapports qui portaient un coup de
poignard au FPI et à son chef fondateur. Faut-il aussi rappeler les
innombrables coups d’états orchestrés depuis les officines du pouvoir et qu’Hamed Bakayoko se vantait d’avoir déjoués avec promptitude dans les
mêmes périodes? Des coïncidences beaucoup trop planifiées qui n’ont pas
manqué de pousser le FPI à sortir de sa réserve pour décrier
l’inopportunité desdits rapports dont la subjectivité partisane mettait
à mal les efforts de réconciliation. Que peut alors cacher l’arrestation
d’Amadé à une semaine du verdict des juges de la CPI? En effet, les juges
commis au complexe dossier du président Gbagbo ne cachent plus leur aversion
pour les autorités ivoiriennes qui trainent les pas pour livrer les
personnes indexées et susceptibles de comparaitre devant la CPI. Or
visiblement, Ouattara n’a pas l’intention de livrer ceux qui lui ont
octroyé le pouvoir. Comment ne pas comprendre le comportement du président
ivoirien qui lorgne déjà les élections présidentielles de 2015? Il lui
faudra le support armé de ses milices pour un second mandat dans un contexte
où le RHDP se retrouve asphyxié. C’est en cela qu’Ouattara joue la
carte du temps avec la CPI pour protéger les chefs de guerre dont il a tant
besoin les services. En arrêtant Amadé à quelques jours de la décision de
la CPI à confirmer ou infirmer les charges, Ouattara espère montrer sa
bonne foi à honorer ses promesses et engagements pour une justice
impartiale. Ceci donnerait alors un signal fort à la CPI qui joue en ce
moment sa crédibilité. Une situation qui pourrait naturellement booster la
motivation des juges à confirmer les charges contre le président Gbagbo.
L’arrestation d’Amade ressemble donc à un quitus que Ouattara donne à
la CPI pour condamner son rival légendaire dans cette audience
juridico-politique de confirmation des charges.
Une contribution de Douto Zio