"Affaire Florence Cassez" : La presse française accuse Sarkozy de "s'adresser au président mexicain comme à un vulgaire préfet" - Mais ne dit rien dans le cas du Président Gbagbo

Le 17 février 2011 par IvoireBusiness - Des commentaires de la presse française sur le président Sarkozy dans l'affaire "Cassez". On peut être vraiment surpris que les éditorialistes français découvrent la stratégie hautaine

Les Présidents Gbagbo et Sarkozy.

Le 17 février 2011 par IvoireBusiness - Des commentaires de la presse française sur le président Sarkozy dans l'affaire "Cassez". On peut être vraiment surpris que les éditorialistes français découvrent la stratégie hautaine

et "bulldozer" de leur président dans "l'affaire cassez" et pas dans la crise ivoirienne.
Les éditorialistes critiquent mercredi avec un bel ensemble les
«cafouillages» et «bredouillements» contre-productifs de la diplomatie
française dans l'affaire Cassez. Ils vont même jusqu'à accuser Nicolas
Sarkozy de s'être comporté «comme un éléphant dans un magasin de
porcelaine».
«En dédiant cette manifestation à Mme Cassez, M. Sarkozy ne pouvait
ignorer qu'il allait provoquer le retrait du Mexique», selon
l'éditorialiste du Monde qui se demande si M. Sarkozy, «plus justicier
que diplomate», a eu «raison de transformer, lui aussi, une affaire
particulière en affaire d'Etat?» Pour Jean-Marcel Bouguereau,
l'éditorialiste de La République des Pyrénées, «Sarkozy a agi comme un
éléphant dans un magasin de porcelaine». «En 24 heures, il s'est mis à
dos tout un pays!»
«Les pieds dans le tapis»
Daniel Ruiz, dans La Montagne, déplore lui aussi que «décidément les
tenants de notre politique extérieure n’en finissent plus de se
prendre les pieds dans le tapis». «Cette affaire du Mexique dans
laquelle, une fois encore, la France a réagi à l’émotion, ne fait
qu’enchaîner avec nos bredouillements dans les révolutions arabes,
notre brouille avec les Chinois, ou la vente ratée du Rafale à notre
ami Lula», estime l'éditorialiste.
«Une politique de l'émotion est-elle viable?» s'interroge Gérard Noël
dans Vosges Matin. «La diplomatie à la hussarde avec menaces de
représailles n'aboutit jamais aux résultats escomptés», juge
l'éditorialiste lorrain. «S'adresser au président mexicain comme s'il
s'agissait d'un vulgaire préfet français ne pouvait être que contre
productif, surtout dans un pays qui garde encore le souvenir de
l'expédition lancée par Napoléon III pour installer un prince
autrichien sur le trône du Mexique», estime pour sa part Bruno Dive
dans Sud-ouest.
«La finesse et l'humilité ne nuisent pas, parfois»
De son côté, Gilles Debernardi (Dauphiné Libéré) ironise: «On dirait
l'histoire du "pavé de l'ours", à la sauce chili con carne». «Au lieu
d'une attaque frontale, l'Elysée aurait quand même pu réagir par les
voies diplomatiques. La finesse et l'humilité ne nuisent pas,
parfois», assène l'éditorialiste.
Michel Vagner (L'Est Républicain) critique lui aussi «une infructueuse
stratégie du bulldozer» du président Sarkozy contre son homologue
Felipe Calderon tandis que Philippe Waucampt, dans Le Républicain
Lorrain, stigmatise «la diplomatie d'opérette de ces dernières
années». «Il est évident qu'on ne traite pas un pays comme le Mexique
avec une désinvolture de garçons de bain», juge-t-il.
Seul Laurent Joffrin, dans Libération, trouve quelques excuses à la
diplomatie française, vu les «graves irrégularités» de la procédure:
«On peut difficilement reprocher au président Sarkozy de s’intéresser
de près au sort d’une de ses compatriotes condamnée dans des
conditions contestables dans un pays étranger», juge-t-il même si «on
peut ensuite discuter à perte de vue sur la meilleure manière de le
faire».
Catherine Balineau