Bradage massif de la nationalité ivoirienne: Ouattara se sert de Bédié, grosse colère au Pdci
Le 13 mars 2013 par NOTRE VOIE - BEDIE MANIPULE PAR OUATTARA.
La question de l’attribution de la nationalité ivoirienne avant fin 2013 à environ 1 million d’individus par le régime Ouattara dans des conditions bien floues divise le Pdci et le Rdr. Sous cape, des cadres du Pdci s’insurgent contre l’utilisation du décret Bédié de 1996 par le camp Ouattara.
«Une fois que la nationalité est acquise, rien ne peut permettre de dénier les droits subséquents de l’acte de naturalisation pour la plupart d’entre vous, cela relève de 1995. Depuis cette date, vous avez tous les droits et vous êtes en droit de réclamer tous vos droits. Alors ne reculez jamais et faites en sorte que tout le monde respecte votre engagement à être Ivoiriens. Vous êtes Ivoiriens, vous le demeurez. Je voudrais dire à mes parents ici que la Côte d’Ivoire s’engage à faire en sorte que tous leurs droits de citoyens ivoiriens soient respectés». Ces propos aux nombreux sous-entendus sont de l’actuel Garde des sceaux, ministre de la Justice, Gnénéma Coulibaly Mamadou, militant du Rdr et membre de l’ex-rébellion armée pro-Ouattara. Il les a tenus, le lundi 4 mars 2013, dans des villages atypiques dénommés Koupela-Tenkodogo, Garango et Koudougou, situés dans le département de Bouaflé, en pays Gouro. Ces villages aux noms de localités du Burkina Faso sont habités par des ressortissants burkinabés d’origine devenus ivoiriens, en 1996, par décret présidentiel d’Henri Konan Bédié, alors au pouvoir (1993-1999).
Cette déclaration de M. Gnénéma et la campagne sur l’apatridie menée par le pouvoir en complicité avec des structures du système des Nations-Unies sont perçues par le Pdci-Rda comme «une initiative à visée électoraliste dans la perspective de 2015». D’où la grosse colère de nombreux cadres de ce parti qui accusent «le camp Ouattara de faire du décret de naturalisation ivoirienne collective pris en 1996 par Bédié en faveur des centaines de Burkinabé vivant dans la zone de Bouaflé, une récupération politicienne».
Un cadre du Pdci, proche de Konan Bédié, qui a requis l’anonymat, se veut précis à ce sujet. «Si le Rdr veut brader la nationalité ivoirienne parce qu’il veut se constituer un bétail électoral pour la présidentielle de 2015, il doit se garder de brandir le décret de Bédié daté de 1996 comme un argument. Nous ne pouvons pas l’accepter», soutient-il. Avant de faire d’importantes révélations : «Le décret de naturalisation de 1996 et non 1995 comme l’affirme le ministre Gnénéma a concerné 8000 ressortissants burkinabé dont les ascendants sont arrivés en Côte d’Ivoire en 1934-1935 à l’initiative du gouverneur français de l’époque pour travailler comme ouvriers dans la réalisation des grands travaux. Avant la prise de ce décret de naturalisation, le Président Bédié a fait faire une enquête coordonnée par Emile Constant Bombet, alors ministre de l’Intérieur. Les chefs des villages Gouro de la région de Bouaflé, le préfet et le sous-préfet étaient impliqués. C’est au terme de cette enquête, qu’en 1996, le président Bédié a donné exceptionnellement la nationalité ivoirienne à ces 8000 Burkinabé. Ce décret a été pris après l’élection présidentielle de 1995 pour montrer clairement que l’intention n’était pas de constituer un bétail électoral pour Bédié et le Pdci. Au nombre des bénéficiaires de ce décret de naturalisation, on compte de hauts cadres dont Adama Koné, l’actuel DG du Trésor, et Youkoubaré Gilbert, l’ex-DG de Pétroci».
La grosse colère du Pdci contre Alassane Ouattara et le Rdr n’est pas seulement liée au fait que le camp Ouattara veuille se servir du décret Bédié à des fins électoralistes. Mais il s’agit, pour reprendre les termes de notre interlocuteur : «d’une politique malveillante de repeuplement de la Côte d’Ivoire sur des bases floues». A preuve, poursuit le cadre du Pdci, «le ministre Gnénéma n’a fait aucune enquête pour conclure que tous les Burkinabé vivant dans ces trois villages à Bouaflé sont des Ivoiriens. Le décret de 1996 ne concerne pas tout le monde. L’appliquer à tout le monde, c’est brader la nationalité ivoirienne. C’est faire du faux. Et puis, on ne peut pas avoir accusé Bédié d’être le père de l’ivoirité comme l’a fait le camp Ouattara pendant longtemps et curieusement vouloir se servir aujourd’hui d’un décret de Bédié pour frauder».
Comme on le constate, il y a de l’eau dans le gaz au Rhdp. Le foncier rural et la nationalité sont des sujets qui divisent profondément le Pdci et le Rdr même si l’on se garde de le dire haut.
Didier Depry didierdepri@yahoo.fr