4e jour de l’audience de Gbagbo: L’audience de Gbagbo se transforme en procès de Blé GOUDE. La défense démonte minute par minute les allégations du procureur (début)
Vendredi 22 février 2013 par EventNews: Première session de 14h30 à 15h30.
Comme prévu, le président Laurent Gbagbo est bien présent à l’audience. A l’ouverture, la juge présidente, lance : « Je constate que M. Gbagbo est de retour. Vous vous sentez bien ? »
La présentation du bureau du procureur qui présente aujourd’hui ses preuves sur la responsabilité pénale individuelle de Gbagbo en tant que co-auteur indirect, débutera ses propos par : « Gbagbo était le président de la Côte d’ivoire et le Chef de l’armée ». Et de démontrer en six points, le comportement de M. Gbagbo en lien avec les 4 évènements incriminés.
Pour le bureau du procureur, le président Gbagbo a :
1) --Défini et adopté le plan commun
2) --Crée des structures pour la mise en ouvre de ce plan commun
3) --Fourni des armes à son entourage
4) --Coordonné toutes les opérations
5) --Donné ordre à ses subordonnés
6) --Encouragé ses subordonnés.
Pour étayer ses accusations, M. Reinhold Gallmezter, qui présente les arguments du bureau du procureur énuméra plusieurs exemples. Pour lui, le fait de nommer Charles Blé Goudé, alors, le général de la rue, ministre en charge de la jeunesse avait pour seul but de le légitimer afin qu’il exécute ses ordres. Plusieurs fois, le procureur reviendra sur des réunions tenues soit au palais présidentiel en compagnie de M. Gbagbo, des généraux de l’armée ect..en vue de l’exécution du plan commun. Le témoin « P.44 » affirmera que Charles Blé Goudé suivait les ordres de M. Gbagbo. Le procureur a même parlé d’un courriel saisi dans la chambre à couché de Gbagbo, dans lequel, Séka Séka échangeait avec M. Dyppe pour l’envoie de 3000 Marins en Côte d’ivoire. Un témoin dira que le président Gbagbo avait donné 1 million de Fcfa au ministre de la Défense pour le recrutement de 40 mercenaires du Libéria le 28 avril 2010. Le 1er, mars 2011, le président Gbagbo ordonnera que 50 mercenaires soutiennent les FDS sur le terrain. Le reste du discours du bureau du procureur a été de dire que Blé Goudé était le bras séculier de Gbagbo. Le lien entre Gbagbo et les jeunes patriotes et miliciens pour l’exécution du plan commun. Du Blé Goudé a toujours reçu les ordres directement de Gbagbo aux FDS qui informeraient régulièrement Gbagbo afin de mettre en exécution le plan commun et parfois du Simone Gbagbo qui donnait par moment certaines consignes et en fin du Gbagbo qui encourageait Blé Goudé et ses hommes sur le terrain, le bureau du procureur n’a jusque-là rien montré tant en image qu’en audio les éléments de preuves de ses allégations.
Deuxième session : La riposte de la Défense
Poursuivant sa présentation, le procureur a montré sans démontrer comment le président Laurent Gbagbo contrôlait les FDS, les jeunes Miliciens et les jeunes patriotes. Se référant aux réunions tenues dont ont parlé les témoins.
En conclusion, le procureur affirme que les auteurs physiques et leurs co-auteurs étaient en relation avec le président Laurent Gbagbo. Il savait les agissements des auteurs (FDS, jeunes patriotes, miliciens). Malheureusement il n’a pu rien faire pour les y empêcher. Le fait que ses auteurs physiques aient agi afin de maintenir Gbagbo au pouvoir, est la preuve que M. Gbagbo a engagé sa responsabilité pénale individuelle en tant que co-auteur indirect, au titre de l’article 25(3) (a) et (d).
A la suite de cet exposé, prendra la parole, le juge Hans Peter Kaul qui demandera au bureau du procureur de prouver en quoi, le caractère « supérieur » selon l’article 28 du Statut de Rome fait de Gbagbo, la plus haute personnalité de la chaîne de commandement.
Le procureur répondra qu’au titre de l’article 48 de la Constitution ivoirienne, Gbagbo était le Chef suprême de l’armée.
La juge Christine Van Den Wyngaert demandera à son tour au procureur que celui-ci lui démontre l’organigramme des forces pro-Gbagbo afin de comprendre leur mode de fonctionnement. « Nous allons y répondre par écrit » répond le procureur.
A la suite de la présentation du bureau du procureur, c’est au tour de la Défense d’exposer sur les faits allégués. La parole est ainsi revenue à Jennifer Naori (défense) de faire les observations de la défense suite à l’exposé du procureur. Selon elle, pour comprendre la crise postélectorale dont le procureur parle, il est important de remonter le temps, car 2010 n’est pas le début de la crise en CI. Elle se lancera donc dans l’historique de la crise depuis le 24 décembre 1999. De la prise du pouvoir de Guei Robert à celle de Ouattara en 2011.
Dans un exposé en power point, la jeune juriste démontrera comment les hommes clés actuels de Ouattara ont endeuillé la Côte d’ivoire depuis 99. Avec des photographies à l’appui correspondant à chaque personnage : Soro-IB-Soumaïla Bakayoko-Ousmane Coulibaly (ben laden)-Chérif Ousmane- Losseni Fofana- martin Kouakou Fofié- Koné zacharia.
Elle démontrera le mode de fonctionnement des rebelles depuis le nord du pays. Les rackets, les meurtres, les pillages des ressources naturelles (or, diamant, coton…). Elle affirmera que la France y est pour l’armement des rebelles. En 2005, selon un témoin (P.2) racontera que c’est bien la France qui arme les rebelle et ce jusqu’en 2008.
3e session : suite de la riposte de la défense
A la reprise, Jennifer Naori dénonce comment le procureur a voulu tronquer l’histoire. « Le procureur en restant flou sur l’organisation des FN, ignore qu’il existe bel et bien un groupe d’individus qui terrorisait la population, bien avant et bien après les élections de 2010 ». Elle prendra à témoin les dires du procureur lui-même qui dans sa déclaration liminaire le 19 février 2013, a parlé des FN qui ont été rebaptisés FRCI. « Le procureur veut par ses démonstrations corrompre l’histoire ». « Gbagbo n’a cessé de tendre la main à ses opposants » dira-t-elle. En réponse au procureur qui affirmait que bien avant les élections, le président Gbagbo avait réuni toutes les conditions pour se maintenir au pouvoir. Elle fera la liste de tous les Accords signés de Lomé à Ouagadougou en passant par Marcoussis, Accra…
Malgré cette main tendue, les rebelles n’ont jamais désarmé.
La défense prendra à témoin, le même témoin du procureur (P.44) qui affirme que les rebelles n’ont jamais voulu désarmer. Le même témoin affirmera que la flamme de la paix en 2007 à Bouaké n’était que politique et que les rebelles n’allaient jamais désarmer.
Quant aux allégations du procureur, parlant toujours de la volonté de Gbagbo de se maintenir au pouvoir, Jennifer Naori répondra que si son client avait cette intention, il n’allait pas organiser les élections de novembre 2010, qui furent organisées bien que les rebelles n’aient pas désarmé. « Gbagbo a tout cédé. Il a même fait de Soro le chef des rebelle, Premier Ministre. La CEI était à majorité de l’opposition ».
La défense diffusera une vidéo dans laquelle, le président sud africain, Thabo Mbeki affirme que les conditions n’étaient pas réunies pour l’organisation des élections en Côte d’Ivoire. « Malgré cela et sous la pression de la communauté internationale, Gbagbo a organisé les élections» précise la Défense.
Concernant la promotion des officiers qui devaient obéir à Gbagbo par la suite, la défense informe qu’aucune promotion n’ait eu lieu avant novembre 2010 dans l’armée. Tous les officiers gradés en décembre 2010 étaient déjà des officiers supérieurs.
La défense a ensuite parlé longuement des fraudes qui ont eu lieu dans le nord du pays pendant les élections présidentielles. Fraudes dénoncées par toutes les organisations de supervision. La défense diffusera une vidéo de l’ancien Premier ministre togolais, Joseph kokou koffigo, alors président de la mission d’observation de l’union africaine pour ces élections qui a dénoncé ces fraudes dans le nord. Enfin, s’agissant de la proclamation des résultats , la défense informera la cour qu’en Côte d’Ivoire, il ne revient pas à la CEI de déclarer un candidat vainqueur des élections, mais au Conseil Constitutionnel. C’est ce qui a été fait le 2 décembre 2010, en proclamant Laurent Gbagbo vainqueur des élections. Ce dernier prêtera serment le 4 décembre 2010. « Le procureur en ignorant tous ces faits, déforme les faits juridiques » a conclu Jennifer Naori. Qui poursuivra son plaidoyer le lundi 25 février 2013 à partir de 14h30.
Coulisses :
-- Gbagbo était présent durant toute la séance.
-- Gbagbo a félicité Jennifer Naori à bras ouvert à la fin de son speech
--Au début de l’audience Gbagbo a passé une partie du temps à consulter la Constitution ivoirienne que Me Barouan lui a glissé.
De Philippe Kouhon/ envoyé spécial à la Haye (Eventnews Tv)