TRIBUNE: VIVRE SA FOI SOUS ALASSANE OUATTARA, par Isaac Pierre BANGORET
Le 08 janvier 2013 par Correspondance particulière - VIVRE SA FOI SOUS ALASSANE OUATTARA.
Le cardinal Ratzinger devenu le Pape Benoît XVI affirmait que l'un des plus
grands maux qui frappent aujourd'hui notre monde est notre incapacité à distinguer le
bien du mal. Sous Alassane Ouattara installé par Sarkosy et le monde de la Finance,
les Ivoiriens sont plongés dans la Ténèbre opaque car ils n'ont plus de repère :
mensonge et vérité, justice et injustice (tortures), paix et guerre, foi dans le Dieu
unique et idolâtrie font bon ménage. Dans son discours du Nouvel an, Alassane
dévoile le principal objectif qu'il s'est assigné; plus de richesses, plus d'emplois, une
répartition équitable de nos ressources. L'unité des Ivoiriens n'est pas son premier
objectif puisqu'il doit s'évertuer, avant tout, à produire richesses pour satisfaire les
Institutions internationales comme le FMI qui le soutiennent, malgré les crimes
contre l'humanité commis par son armée, crimes rendus publics par les Organisations
internationales, comme Amnesty International. Son gouvernement et lui sont prêts à
combattre tous les Ivoiriens qui ne l'aideraient pas à atteindre ces objectifs puisque
nous avons en Côte d'Ivoire un Parti unique qui ne supporte pas la contradiction. On a
l'impression d'écouter pendant 20minutes trente le discours du Président du Conseil
d'administration d'une banque tenu à ses actionnaires et non à un peuple meurtri par
la guerre. Avec un sourire au coin des lèvres, il affirme face à des millions d'ivoiriens
illettrés que l'argent ne circule pas puisqu'il travaille et produira des richesses... Les
Ivoiriens parlent au présent et non au futur, ils sont confrontés à leur subsistance
quotidienne, à la hausse du prix du carburant, du gaz sans avoir été consultés, mais
peu importe, Alassane sait ce qui leur faut ; il leur fait la guerre pour conquérir le
pouvoir et affirme, de manière ironique, qu'il les remercie de lui avoir avoir confié les
destinées de notre pays, il augmente le prix de l'énergie et dit qu'il est sensible au
soutien qu'ils lui apportent. Des Ivoiriens meurent de manière atroce dans des
accidents de toutes sortes, et le gouvernement tient surtout à rassurer que les victimes,
par exemple, des feux d'artifice seront pris en compte. Il promet des kits scolaires
gratuits, un fonds d'appui aux femmes puisqu'il est un banquier exigeant mais aussi
un philanthrope. La véritable opposition, les partisans loyaux de Gbagbo sont
bâillonnés, jetés en prison comme Laurent Akoun pour avoir fustigé sa mauvaise
gouvernance, tandis que la nouvelle race d'opposants chargée d'animer la vie
politique ivoirienne et de donner à notre pays l'image d'une apparente démocratie est
formée par d'éminents intellectuels capables de traiter de criminel le numéro deux du
pays sans être inquiétés puisqu'ils soutiennent, en réalité, une politique chère à
Alassane: la mise sous tutelle de l'ONU des forces de sécurité de la Côte d'Ivoire, ce
qui entraînerait la perte de notre souveraineté souhaitée ardemment par le monde de
la Finance. La Côte d'Ivoire, comme le relevait indirectement l'écrivain Bernard Doza
dans son article sur les collabos, est un pays occupé, d'où ces discours délatoires
propres aux personnes qui pratiquent la politique du ventre. Tous ceux qui ne
partagent pas la politique du rattrapage ethnique d'Alassane Ouattara sont, dans la
Côte d'Ivoire occupée, des prisonniers potentiels. Pour vivre notre foi sous Alassane
Ouattara, sous l'occupation, il nous faut nous inspirer de certaines grandes figures
bibliques comme le prophète Daniel prisonnier à Babylone ou de notre Seigneur et
Maître Jésus Christ prédicateur itinérant dans un pays occupé par les Romains. Dans
son message de fin d'année, l'Archevêque d'Abidjan Jean Pierre Kutwa nous invite à
comprendre que la sagesse enseigne qu'il y a un temps pour tout, tout en relevant
l'une des causes qui sapent l'unité nationale; le désir de vengeance aussi bien des
personnes au pouvoir que celles qui sont dans l'opposition. Le temps est en effet
favorable au salut de tout homme, de tout croyant qui reste éveillé, mais est un
facteur de perdition pour ceux qui dorment, et finissent par s'accommoder à ce bon
ménage entre le mensonge et la vérité, l'injustice et la justice puisqu'une telle attitude
nous rend incapable, comme le révélait le cardinal Ratzinger, à discerner le bien du
mal. Des autorités au pouvoir qui couvent un désir de vengeance vis-à-vis de leurs
populations est un mal plus grand que celle entretenue par une opposition bâillonnée,
torturée, puisque tout gouvernant ne peut affermir son autorité que sur la justice et
non sur une répression aveugle. Tous ceux qui ne sont pas des partisans du rattrapage
ethnique (les soldats en particulier) sont des ennemis potentiels du régime d'Alassane
Ouattara. Suspectés, ils sont arrêtés, jetés en prison lorsque des camps sont attaqués
par des militaires mécontents. Il appartient, dans un tel contexte, aux croyants de
rendre à Alassane ce qui est à Alassane et à Dieu ce qui est à Dieu. Conscients du fait
que nous sommes désormais ses prisonniers parce que vainqueur de la guerre qui l'a
opposé à Laurent Gbagbo, il nous appartient en tant que croyants de rendre
témoignage à la vérité, à Dieu, malgré l'adversité, en dénonçant toutes les oeuvres qui
discréditent le Message divin du christianisme et de l'Islam. Les Kits scolaires
gratuits, le fonds d'appui aux femmes ou la libération de quelques prisonniers ne
constituent pas pour le croyant des actes de charité, ils font seulement d'Alassane un
philanthrope, or la philanthropie est différente de la charité. La philanthropie
pratiquée par un homme politique, ou par une personne qui adore Dieu du bout des
lèvres a pour but de lui donner l'image d'un bienfaiteur, c'est ce que fit Judas, le
philanthrope quand il demanda à Jésus de vendre le parfum offert par une femme à
Jésus afin de distribuer l'argent tiré de la vente aux pauvres. Judas était le trésorier
des apôtres et était naturellement étroitement attaché à l'argent : son véritable maître.
Qu'Alassane Ouattara, le musulman, emprunte le chemin de la charité et non celui de
Judas le «philanthrope» de peur d'être identifié à ce traître. L'apôtre Paul écrit au sujet
de la charité: «Quand je parlerais les langues des hommes (en communiquant avec
toutes les Institutions du monde, avec la Haye) et des anges, si je n'ai pas la charité, je
ne suis plus qu'airain qui sonne ou cymbale qui retentit. Quand j'aurais le don de
prophétie (en prédisant une croissance à trois chiffres) et que je connaîtrais tous les
mystères (du monde occulte) et toute la science (du monde des affaires), quand j'aurai
la plénitude de la foi (en affirmant à Yamoussoukro face à Sarkosy d'être certain de
vaincre Gbagbo) ; une foi à transporter des montagnes (à faire de moi le bravetchê),
si je n'ai pas la charité je ne suis rien. Quand je distribuerais tous mes biens en
aumônes (des kits scolaires gratuits, un fonds aux femmes), quand je livrerais mon
corps aux flammes (en guerre), si je n'ai pas la charité, cela ne me sert de rien. La
charité est longanime ; la charité est serviable, elle n'est pas envieuse, la charité ne
fanfaronne pas, ne se gonfle pas ; elle ne fait rien d'inconvenant, ne cherche pas son
intérêt, ne s'irrite pas, ne tient pas compte du mal, elle ne se réjouit pas de l'injustice,
mais elle met sa joie dans la vérité. Elle excuse tout, croit tout, espère tout, supporte
tout. La charité ne passe jamais. Les prophéties? Elles disparaîtront. Les langues?
elles se tairont (car nous ne sommes que de pauvres mortels). La science? Elle
disparaîtra [...] (1Cor13, 1-8). Laurent Gbagbo accorda l'amnistie aux rebelles et
gouverna avec Soro comme premier ministre parce que malgré ses faiblesses, il
excusa et supporta tout, parce qu'il est pratiquement impossible de feindre de
collaborer avec des gens qui ont égorgé ceux que nous aimons. Que vaut donc la
libération de quelques prisonniers sous Alassane face à une amnistie sous Gbagbo? Il
est important que tout bon musulman, tout bon chrétien sache que cet hymne à la
charité est celle de tout croyant qui adore Dieu en esprit et en vérité. Alassane
Ouattara rassembla autour de lui les musulmans parce qu'il accusa les Ivoiriens de
s'opposer à l'élection d'un des leurs. Il est temps que ce musulman installé à la tête de
notre pays gouverne nos populations dans la crainte de Dieu. Il eut, par exemple, des
accidents sous Houphouët, Bédié, Gbagbo, mais il convient qu'Alassane interroge les
saints musulmans parce qu'au-delà des erreurs humaines, sous son règne, ces
accidents ont certainement des origines mystiques car les dozos, ces chasseurs
traditionnels qui forment l'ossature de son armée ont enfreint la Charte du Manden,
en observant à Bouaké un rituel satanique: ils ont égorgé publiquement un gendarme,
et sacrifié ainsi à des esprits impurs, à des démons. Tout croyant sait que l'on ne peut
adorer le Dieu unique de l'Islam, du christianisme et demeurer idolâtre sans courir le
risque d'attirer à nous des légions d'anges sataniques assoiffés de sang car là où se
trouve le cadavre, dit le Christ Jésus, se rassemblent les vautours (les démons).
Croyants, nous sommes invités à être témoins de la vérité bien qu'étant en captivité à
Babylone ou sur nos propres terres.
Une contribution par Isaac Pierre BANGORET
(Écrivain)