Tribune: L’eurêka du capitaine Sanogo !
Le 05 janvier 2013 par Correspondance particulière - Le capitaine Sanogo en appelle à une coalition des amis du Mali.
Dans ses œuvres, sa double majesté, Allagnessan de Yamoussoukro et Akoumankou II de Kong, a péroré un ordre strict, une fois sa promenade dans les airs du ciel malien terminée. Sa majesté, par ses ADO-solutions s’est saisie du problème malien pour enfin faire découvrir aux militaires, les difficultés de la gouvernance. Seulement, ce qui sonne faux dans cette symphonie qui se joue à Bamako, c’est que, les soldats ayant aperçu la tête de sa sanguinaire majesté, ont cru qu’ADO-solutions venaient parrainer leur coup d’Etat. Ils ont pourtant reconnu le putschiste d’Abidjan, ils ont écarquillé les yeux, les ont rageusement frottés pour s’assurer qu’ils ne rêvent pas, mais l’implacable réalité s’est livrée et imposée à eux. Alors, le capitaine Sanogo a réfléchi et dit : « mais si c’est bien le président de la communauté internationale d’Abidjan, il n’a peut-être pas senti le doux parfum de la rébellion Touareg qui flotte dans l’air du désert sahélien !» La junte se disait tout bas que pourvu qu’ADO sente l’odeur de la rébellion, car attiré qu’il est par le sang, il ne pourra tout de même pas lui tourner le dos pour prétendre venir mater un coup d’Etat ! Ce n’est pas possible. Est-ce que ce Monsieur qui vient nous faire la leçon de légalité constitutionnelle, écoute-t-il la radio, doivent se dire les militaires ? Pendant qu’il décrète ses soixante douze heures d’ultimatum, la rébellion tant adorée par lui, prend une longueur d’avance sur nous, en chassant notre armée des villes septentrionales.
Devant l’asphyxie économico-politique de son pays, le capitaine Sanogo en appelle à une coalition des amis du Mali. Quelques nationalistes mais surtout des réalistes, répondent à l’écho de sa voix. Cette union sacrée pourra-t-elle se faire entendre par sa majesté le chef des sanctions de la CEDEAO ?
C’est en ce moment-là que la junte et par voie de conséquence le capitaine Sanogo, pousse un cri strident pour dire Eurêka pour la CEDEAO ! Voilà une curiosité africaine oubliée depuis des lustres. Y a-t-il un contenu à cette institution ? Où était-elle au moment où le Mali broyait du noir ? Vous avez dit communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ? Mais le Sahel dont fait partie le Mali est menacé de famine. Nos populations apeurées par les bruits de bottes fuient et cette CEDEAO ne dit rien ! Sans les sanctions de la CEDEAO, des Maliens sont menacés de mort ou meurent déjà. Avec les sanctions que sa sanguinaire majesté Allagnessan brandit, combien mourront-ils encore et encore ?
A supposer que la junte, par respect pour la vie de la population, accepte de laisser le pouvoir, que fera alors la CEDEAO ? Une rébellion peut-elle être plus outillée qu’une armée régulière d’un Etat, fut-il l’un des plus pauvres au monde ? Au total, ce sont les Américains qui ont de la suite dans les idées, car tout en étant d’accord avec les possibles sanctions, ils estiment que le temps est plus propice à la négociation qu’aux sanctions. Pourquoi ?
- Parce que l’après junte de Sanogo traîne en filigrane, une facture salée pour balayer la rébellion Touareg. Qui parmi les chefs d’Etat de la CEDEAO peut-il fournir des moyens humains, matériels et logistiques pour mettre les Touaregs hors d’état de nuire ? Le moment de payer va absolument arriver, et là, on ne verra plus personne. Ni le Burkinabé, le beau Blaise, ni le grand Yayi Boni, encore moins la mamie du pays de la liberté, ne répondra à cette attente. Sa sanguinaire majesté Akoumankou II, strictement surveillé par ses FRCI auxquels il doit une villa et cinq millions de francs CFA par personne, ne pourra rien décaisser sans prendre une balle perdue destinée au peuple Wê.
- L’ex -président ATT, n’a encore rien dit. Voudra-t-il retourner à Koulouba ? Rien n’est moins sûr. Etre sorti de cette galère est déjà salutaire, du moment qu’il a sa tête encore posée sur ses deux épaules, pourquoi retournerait-il pour juste deux mois sur son trône démocratiquement obtenu mais militairement arraché ? Merci pour votre sollicitude, mais ATT ne prend pas ce genre de cadeau empoisonné.
- Sauver la face en mettant le président de l’assemblée nationale au pouvoir, c’est bien mais est-ce que le sacrifice en vaut la peine quand on sait que cet homme était candidat à la succession d’ATT. Attendons de voir une fois passé, l’émotion de l’effet d’annonce.
La seule chose positive à tirer de la découverte du capitaine Sanogo, c’est la reconversion à la légalité constitutionnelle d’un parrain de rébellion. C’est l’une des plus grandes avancées de tous les temps au pays de la communauté internationale d’Abidjan. Cette heureuse découverte sera susurrée par le capitaine Sanogo tout le temps à qui voudra l’entendre.
Une contribution de Louis-Freddy Aguisso