De retour des États-Unis: Ramsès de Kimon en exclusivité à Soir Info

Le 27 décembre 2012 par SOIR Info - De retour en Côte d’Ivoire après avoir décidé de vivre aux États-Unis depuis 1995, Ramsès de Kimon (Stanislas De Ramsès Kimon, à l'état civil) s’est confié, en exclusivité à Soir Info.

Dans cet entretien, ''le Pharaon de la lagune ébrié'' (49 ans) évoque, avec nostalgie, son passé glorieux avec l'ex-Orchestre de l'université d'Abidjan (Oua), tout en levant un coin du voile sur sa carrière internationale.

Ramsès de Kimon: ''Nous allons entamer une tournée en Europe, en Amérique du sud et aussi en Afrique, notamment à Abidjan (Ph : C.D.)''
On se souvient qu’avant votre départ pour les États-Unis, vous aviez animé une conférence de presse pour évoquer un tournant décisif de votre carrière. Qu'en est-il aujourd'hui?

C’est vrai mais après, j'ai observé un ''break'' du fait que je n’étais pas présent ici, donc je ne me faisais pas entendre. A cette conférence, il fallait repositionner le concept de Pharaon. Parce qu’on avait décidé de mettre en avant ce concept qui a continué avec le clip et la chanson du Pharaon qui a eu beaucoup de succès. Et c’est après tout cela que je suis parti.

Savez-vous qu'à l'époque, plusieurs de vos admirateurs se sont sentis ''choqués'' du fait de votre départ de la scène musicale ivoirienne?

Ce n’était pas mon intention de choquer le public. Je suis parti pour grandir, pour avoir une carrière plus grande. C’est vrai que le public a été sevré, mais l’artiste que je suis vit toujours. J’ai eu de bons contacts là-bas. C’est pour cela que je reprends à partir de la Jamaïque et de la Côte d’Ivoire. On a eu la chance d’écrire, de faire des rythmes qui ne sont pas anachroniques, c’est beaucoup de chance et cela n’arrive pas à beaucoup d’artistes. Je suis content que le public m’ait toujours gardé dans son cœur. Donc, c’est la continuité.

Comment pouvons-nous, aujourd'hui, jauger votre poids à l'internationale?

C’est un projet que je mets sur pied. Je suis allé en Jamaïque il y a quelques semaines pour rencontrer des producteurs américains. Je suis allé visiter le musée de Bob Marley, j’ai visité l’endroit où je vais enregistrer mon prochain album, juste pour prendre des contacts et créer des réseaux. Parce que, dès que l’album sera lancé, nous allons entamer une tournée en Europe, en Amérique du sud et aussi en Afrique, notamment à Abidjan. Je peux dire que l’été 2013, c’est prévu pour l’Afrique.

Est-ce donc un retour en force sur l'échiquier musical?

Oui, cette fois-ci, nous sommes partis pour ne pas nous arrêter et rien ne nous arrêtera. Nous sommes venus reprendre nos activités là où nous les avions laissées.

Outre votre séjour en Jamaïque, quels sont les autres ''ingrédients'' qui permettront à vos fans d'espérer un retour en force?

Je ne vais pas donner de noms ici, mais il y aura beaucoup de collaborations. Il y a déjà des artistes jamaïcains qui seront sur l’album, des artistes Ivoiriens. Il y aura de nouvelles chansons, cela augure déjà d’un bon début. Comme vous l’avez dit, le public a faim et a envie de revoir Kimon sur la scène. Je travaille avec Diomandé Ibrahima, mon partenaire. Il y aura toute une structure qui est mise en place pour relancer ma carrière. Je pars en été pour plusieurs grands concerts en Europe.

Que vous rappelle le titre ''Up Rising''?

''Up Rising'' me rappelle ma vie d’étudiant, quand j’ai commencé ma carrière. C’est avec ''Up Rising'' que j’ai conquis le cœur des Ivoiriens. C’est mon petit ''bébé'', c’est la vie d’étudiant où nous avons brisé beaucoup de barrières et créé beaucoup de motivation au sein de la jeunesse. Il y a beaucoup de gens qui m’ont dit: «Kimon, c’est grâce à toi qu’on est devenus étudiants. Parce que, quand on t'a vu à la télévision en train de faire des choses merveilleuses, cela nous a motivés».

Quel est votre plus grand souvenir au sein de l'Oua?

L'un de mes plus grands souvenirs, c’est lorsque nous avons joué à Yamoussoukro devant le Président Houphouët-Boigny, lors du sommet du Conseil de l’Entente.

Et que s'est-il passé ce jour là?

D'abord, nous avons appris que le Président tenait à ce que nous soyons là. Quand vous jouez devant le Président, vous ne jugez pas du cachet auparavant. Donc en général, on nous a dit que c’était un million par artiste. Maintenant pour cette soirée, ce dont je me souviens, c’est que le Président, pour éviter ''les coupeurs de route'' a demandé que les enveloppes soient remises sur place à chaque artiste, après sa prestation. Quand on finissait de ''prester'', il faisait signe à Georges Ouégnin nous a tendu une enveloppe d'un million à chaque artiste. Nous étions un groupe. Et quand on a fini de jouer, Ouegnin nous a tendu une enveloppe. Et Houphouët l’a aussitôt rappelé et lui a dit: ''Ils sont nombreux, donne-leur deux enveloppes''. Donc, nous avons eu deux millions. Ce fut un très bon souvenir.

Avez-vous des nouvelles de votre ami ''Big Sat''?

On ne l’appelle plus ''Big Sat'', mais Kacou Ouegnin Omer. C'est ce qu'il a décidé. Il faut bien respecter sa volonté. Il va très bien, il est aujourd’hui un haut cadre dans un ministère de la place et un serviteur de Dieu. Nous nous sommes retrouvés, c’était des moments pleins d’émotions, nous avons parlé du passé.

A l’époque, vous aviez du succès, la célébrité, quels étaient vos rapports avec les femmes?

Vous savez, quand vous avez du succès, il y a toujours des admiratrices. Il faut dire que ce qui est important, c'est que notre musique s’est imposée à un moment où il y avait une certaine mafia qui voulait empêcher les gens d’évoluer, qui protégeait certains artistes…J’ai été l’objet de beaucoup censure (il le dit avec insistance: Ndlr) . Je vais vous donner un exemple. En 1985, quand il ya eu le concert de la paix (qui a simultanément eu lieu à Abidjan et à Bouaké), j'étais sur la liste des artistes devant jouer à Abidjan. Pendant les répétitions, ils ont dit: ''Il faut une chanson par artiste''. Pendant ce temps, Alpha devait jouer à Bouaké mais il n’a pas presté, il a boycotté le spectacle. Donc, quand on a fini notre concert à Abidjan, on s’apprêtait à rentrer quand on nous a dit qu’on doit encore jouer à Bouaké parce qu’Alpha ne venait pas. En quarante cinq minutes, on est arrivés à Bouaké. Tout ceux qui étaient présents ont vu ce que j’ai fait ce jour-là sur scène. Mais le lendemain, toute la presse ne parlait que d’Alpha Blondy. Personne ne reconnaît ce que j’ai fait. Je n’en veux à personne mais ce sont des moments frustrants. J’ai été l’objet d’un certain boycott. Mais, ma personnalité et ma musique se sont imposées. C’est pourquoi nous sommes aujourd’hui là où nous devons être. Nous sommes toujours en course.

En votre qualité de leader d'opinion, quel commentaire faites-vous de la situation sociopolitique actuelle?

Je pense que tout ce qui est arrivé est dommage. Si on avait tenu compte d’un certain nombre d’opinions dans le temps, nous n’en serions pas arrivés là. Parce que, nous sommes de ceux qui ont crié haut et fort qu’il y a danger. Mais je ne désespère pas. Nous sommes tous des frères, il y a longtemps que nous faisons tout ensemble. C’est vrai qu’il y a beaucoup de séquelles, mais je pense qu’on peut tout reprendre. Soyons moins égoïstes et pensons à nos enfants. La guerre n’est pas une bonne chose.

Claude DASSE