"AFRICITES: une véritable rencontre des cultures africaines", par Guy Kalenda

Le 13 décembre 2012 par Africa N°1 - La ville de Dakar (Sénégal) a accueilli, du 4 au 8 décembre 2012, la sixième édition du Sommet « AFRICITES » auquel ont pris part près de 5000

maires et responsables ou représentants de collectivités locales d’Afrique. Organisé tous les trois ans, le Sommet AFRICITES réunit les principaux décideurs politiques, économiques, sociaux et culturels des villes et collectivités locales d’Afrique.
Ce Sommet a regroupé des anciens présidents de la République (Nicéphore SOGLO (Bénin), Tabou MBEKI (Afrique du Sud), Pedro PIRES (Cap-vert), des ministres, des maires de villes non-africaines, comme le Maire de Paris, Bernard DELANOE, des maires chinois et brésiliens, etc., des représentants d’institutions financières et des agences de la coopération au développement. L’Agence française de développement entre autres a marqué de sa présence cette session du Sommet.
Ce Sommet était également une véritable rencontre des cultures africaines : des responsables de collectivités locales des pays d’expression française, anglaise, espagnole et lusophone qui ont communié au cours de cette grand-messe des villes et collectivités locales du continent africain, en mettant en avant leurs spécificités locales. C’est ainsi que, durant toute la durée du Sommet, on pouvait croiser des chefs traditionnels en habits d’apparat, des accompagnateurs et des autorités traditionnels vêtus à la manière de chez eux.
Le pays hôte, le Sénégal, et spécialement la Ville de Dakar, ont été à la hauteur de l’événement : accueil parfait, organisation protocolaire (logements, transports, loisirs, etc.) appréciée de tous et surtout la ferveur de la population de Dakar et de ses chefs pour cet événement important de notre continent. Placé cette année sous le thème de « Construire l’Afrique à partir de ses territoires », l’édition 2012 d’AFRICITES s’est voulu un vibrant plaidoyer pour une prise en main par les villes et les collectivités locales de leur avenir. Le Sommet, à travers conférences, rencontres et ateliers souvent marqués par de vifs échanges enrichissants et même houleux, s’est attelé à répondre à la seule question qui sous-tendait tous les échanges et toutes les discussions : comment résoudre la problématique d’urbanisme, de logement, de voirie, d’eau et d’électricité, de sécurité et de circulation, de mobilité, de salubrité de nos villes, cités et localités ? Et chaque thématique a apporté une réponse qui a mis l’accent sur l’excellence qui doit conduire toute action en faveur des populations africaines.
Il est révolu le temps des réalisations temporaires, des solutions provisoires. L’Afrique doit se construire et se construire dans la durée et avec la manière ! Il serait incomplet si l’on ne relevait pas la place prépondérante accordée à la culture dans la vie de nos villes et localités. Là où un non-africain ne verrait que du folklore, AFRICITES a mis l’accent sur l’importance de la vérité des us et coutumes propres aux communautés qui ne doivent, en aucun cas, disparaître, au risque de voir les peuples africains disparaître en même temps que la mort de leur culture, si l’on n’y prend garde ou si l’on s’évertue à copier servilement les tendances pseudo-modernes de la culture.
Venant comme en justification de cette recherche de l’Excellence pour les communautés africaines, des Prix d’excellence ont été octroyés à plusieurs villes et collectivités africaines (Prix de la Décentralisation, de la mobilisation des ressources locales, de la bonne gouvernance locale, de la communication locale, de l’assainissement, de la culture, de la mobilisation de la diaspora, etc.) Mais les individus n’ont pas été oubliés. Grâce à l’ONG belge ‘’ECHO-COMMUNICATION’’, cette édition d’AFRICITES a primé six lauréats d’un prix dénommé « HARUBUNTU ».
HARUBUNTU, un prix, une initiative qui mettent en lumière, aux quatre coins de l’Afrique, des femmes et des hommes qui montrent leur voie pour changer le monde. Il existe en effet une Afrique qui réussit, qui relève des défis, qui invente ses propres solutions de développement.
Depuis 1997, HARUBUNTU récompense chaque année des femmes et des hommes exemplaires du continent. Qu’ils soient élus locaux, communicateurs, représentants de la société civile ou entrepreneurs, tous ont eu un jour un déclic qui les a décidé à agir autrement.
Depuis, ils militent, sans relâche, pour le changement et le mettent en œuvre au travers d’actions concrètes qui améliorent les conditions de vie de leur communauté. HARUBUNTU 2012 a primé une malgache, une sénégalaise, un béninois et trois congolais de la RDC.
« La gouvernance locale Africaine refuse qu’on décide pour elle ce qu’elle doit faire et ce qu’elle doit être ». C’est par ces mots forts que Khalifa Sall, le nouveau président de Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLUA) a introduit son discours à l’occasion de la cérémonie de clôture du 6e Sommet ‘’ Africités ‘’.
Ce sommet, déclare Khalifa SALL, « a montré la capacité de mouvement des élus locaux en inaugurant les échanges entre les maires africains et toutes les régions du monde, en rencontrant les maires chinois, français, turcs et brésiliens ».
« Nous avons conscience que la construction de l’Afrique ce n’est pas demain. C’est aujourd’hui », a-t-il lancé en ajoutant fièrement : « Nous sommes l’alternative à la Chine et l’Asie. Nous sommes l’avenir du monde ». Comme pour rappeler les grandes lignes des recommandations de ce sommet, l’actuel Maire de Dakar a invité l’assistance (et toute l’Afrique) à « (se) nourrir (de) cette ambition ».

Par Guy KALENDA, de retour de Dakar