UNIVERSITÉ: COLLECTIF DES ETUDIANTS POUR LA RÉOUVERTURE IMMÉDIATE DES UNIVERSITES PUBLIQUES DE CÔTE D’IVOIRE
Le 26 novembre 2012 par IVOIREBUSINESS - COMMUNIQUE DE PRESSE. UNIVERSITÉ DE CÔTE D'IVOIRE, OUVERTURE COMPROMISE.
Le 26 novembre 2012 par IVOIREBUSINESS - COMMUNIQUE DE PRESSE. UNIVERSITÉ DE CÔTE D'IVOIRE, OUVERTURE COMPROMISE.
Nous vous remercions tout d’abord de votre l’attention et votre contribution pour l’ouverture des universités et saluons la réouverture officielle des établissements. Cependant, cette réouverture connait des problèmes que nous soumettons à votre diligente attention.
La sécurité
La sécurité des étudiants nous inquiète : les universités sont sous la garde d’hommes en tenue militaire et en armes. Aussi faut-il noter que les hommes en tenue militaire refusent l’accès des universités à des filles prétextant qu’elles sont vêtues de manière indécente, sans que des critères aient été établis. Ces hommes ont aussi des comportements agressifs envers les étudiant(es), voire les menacent parfois avec leurs armes.
Des étudiants membres d’une plateforme d’associations estudiantines entretenue par des membres du ministère de tutelle et certains de vos conseillers refusent l’accès de l’université a des étudiants du fait de leur appartenance à la FESCI ou au LMP, sans qu’aucun texte discriminatoire n’ait été publié ni adopté.
Du point de vue socio-économique et politique
Fermées presque deux ans depuis la sanglante crise de 2010-2011 qui a secoué tout le pays, les cinq universités publiques de Côte d’Ivoire, dont les opportunément renommées université Félix Houphouët Boigny (ex. Cocody-Abidjan) et université Alassane Ouattara (ex. Bouaké), semblaient avoir fait peau neuve pour la réouverture.A y regarder de près, ce ne sont pas uniquement les amphithéâtres qui ont fait peau neuve lors de la reconstruction/réhabilitation des universités mais aussi tout le système universitaire ivoirien. Cornaqué par l’AUF, celui-ci va en effet se calquer sur le désastreux modèle européen du «LMD», sans concertation préalable avec les principaux acteurs du système et sans aucune préparation. Nos très nombreux cadres universitaires, sollicités, auraient pu proposer des modèles plus adaptés et plus efficaces pour le développement de notre pays, en respectant ses spécificités.
a) Contribution des familles aux frais de scolarité
Si le montant de la dette annulée par la France (120 millions d’euros) pour la tranche « formation, l’éducation, emploi, jeunesse » doit à ce titre être rapproché du coût des travaux de réfection des universités (153 millions d'euros), il faut en conclure que ce sont finalement les 61 000 étudiants et leurs familles qui vont payer l’addition. Les montants réclamés aux familles dans un pays pauvre très endetté et en situation de crise s’avèrent insupportables. La plupart des étudiants sont issus de milieux défavorisés et ne recevront ni aides ni bourses, cela est très inquiétant pour le respect du droit à l’éducation dans notre pays ; seuls les nantis pourront accéder aux études supérieures.
Qu’on en juge : les frais de scolarité dans les universités publiques sont passés
- de 6 000 F CFA (environ 8 euros) à 100 000 F (environ 152 euros)
- ou à 200 000 F CFA (304 euros)
Pour cette année seulement, ce qui suscite de grandes inquiétudes pour les prochaines années, l’Etat prend en charge 70 % du montant des frais, soit à débourser par les familles
- 30 000 F CFA pour le niveau Licence (45 euros)
- 60 000 F CFA (90 euros) pour le niveau Master.
b) Locaux et logements
Pour l’instant, seule la nouvelle police universitaire semble prête à accueillir les étudiants : les bacheliers 2010, 2011, 2012 vont se retrouver sans orientation dans des bâtiments neufs mais vides de tout matériel administratif, pédagogique ou de recherche. Ils vont aussi se retrouver sans logement puisque des onze résidences universitaires que compte au minimum la ville d’Abidjan, seule celle du campus de Cocody est fonctionnelle, les autres étant soit en réhabilitation, soit transformées en camp militaire de fortune.
c) Moyens de transport pour accéder aux locaux universitaires
L’offre des bus de transport, moyen privilégié des étudiants eu égard à leurs maigres ressources, est très insuffisante par rapport à la demande et les conditions d’accès à ce moyen de transport ne sont pas assez favorables aux étudiants pour leur permettre de l’utiliser selon leurs besoins réels.
Du point de vue administratif et pédagogique
Les présidents d’universités qui avaient été élus en 2010 ont été démis de leurs fonctions puis remplacés par des personnes nominées par le ministère malgré une condamnation forte du très représentatif Syndicat National de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (SYNARES). Cette situation, si aucun dialogue n’est entrepris entre les partenaires sociaux, risque de déboucher sur des conflits mettant en péril la tenue effective des cours et le suivi administratif efficace.
Par ailleurs, les fichiers des étudiants sont aussi à reconstruire et une nouvelle procédure d’inscription a été mise en place à cet effet ; elle se résume en des inscriptions en ligne éliminant à tort ou à raison certains étudiants, un enrôlement physique pénible et fastidieux, une phase de paiement des frais d’inscription puis de retrait des cartes d’étudiants devant garantir l’accès aux espaces universitaires.
Recommandations et suggestions
- Suppression de la surveillance des universités par les hommes en tenue et en armes, dans le strict respect de la franchise universitaire
- Non libéralisation de l'Enseignement Supérieur ivoirien, pour garantir à tous le droit élémentaire à l’éducation
- Accessibilité garantie aux études, à tous les niveaux, pour tous les citoyens ivoiriens par la réduction des coûts et par des aides financières systématiques aux étudiants de familles défavorisées, selon des critères à établir rigoureusement.
Amélioration des condition de transport.
- Mise en place d’un cadre permanent de dialogue réunissant tous les acteurs du système (représentants des enseignants, du gouvernement, de l’administration, des étudiants) pour réfléchir sur les perspectives de l’enseignement supérieur dans notre pays.
Conclusion
En tout état de cause, les étudiants ivoiriens réunis au sein du CERUPCI, Collectif des Etudiants pour la Réouverture des Universités Publiques de Côte d’Ivoire, demeurent déterminés à poser les actions nécessaires à un traitement plus sérieux et plus objectif de la question de la réouverture.
GBANE ALEOUSSENE
COORDINATION JEUNE AMNESTY COTE D IVOIRE
Chargé de campagne et de Communication
/ Campaign and communication coordinator
mobile: (225) 02651143
22 Bp 407 Abidjan22
skype: gbane.aleoussene
secrétariat national Amnesty côte d'ivoire
04BP 895 ABIDJAN 04
TEL: (225) 22420024
E MAIL: amnesty.ci@avisoci.