Célébration des 20 ans de la Fesci : Gbagbo : “L’Etat ne peut réduire les 50.000 F de frais d’inscription”
Le 25 septembre 2010 par le Nouveau Réveil - La Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (Fesci) a célébré ses 20
Le 25 septembre 2010 par le Nouveau Réveil - La Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (Fesci) a célébré ses 20
ans d'existence, hier, au campus de Cocody en présence du chef de l'Etat, Laurent Gbagbo. Une ambiance surréaliste dès le matin. Défilés, chants guerriers, danses et cris de guerre. Par petits groupes, les étudiants de la Fesci "s'échauffaient" à pas de course dans les ruelles serpentant le campus, s'arrêtant parfois pour marquer un "repos" militaire avant de repartir de plus belle. La pluie débutée la veille qui s'abattait sur toute la ville d'Abidjan n'a nullement eu raison de leur ardeur. On aurait dit que le territoire de l'université de Cocody s'était mué en camp militaire tant chants, danses et défilés étaient une parodie des parades militaires. Les petits vendeurs et vendeuses, étudiants et professeurs ont dû déserter les lieux, car pour quelques enseignants prudents, on ne sait jamais avec la Fesci. Le feu pouvant s'enflammer à tout moment. La cérémonie proprement dite prévue pour démarrer à 14 heures n'a commencé qu'aux environs de 16 heures avec l'arrivée de Laurent Gbagbo. Le directeur du Centre régional des œuvres universitaires (Crou), Séka Obouodji, a été le premier à prendre la parole pour dire en substance qu'il ambitionne de construire un centre commercial au campus pour mettre fin aux baraques servant de commerces. Il a, par ailleurs, promis de rendre " le campus propice aux études ". Mian Augustin, Secrétaire général de la Fesci, a fait devant Laurent Gbagbo le mea culpa de sa structure au point où il a annoncé devant la nation une mutation en profondeur de la Fesci. " La Fesci se veut à présent un syndicat classique rattaché à la défense des intérêts matériels et moraux des élèves et étudiants de la Côte d'Ivoire. C'est pour cela que nous combattons la violence dans nos rangs pour nous mettre au service de l'école ", a-t-il dit avant d'ajouter : " Aujourd'hui, face à la nation, toute la Fesci prend l'engagement et vous fait la promesse de tout mettre en œuvre pour éradiquer définitivement la violence dans notre milieu". Séance tenante, Mian Augustin a soumis à Laurent Gbagbo près d'une dizaine de points de revendications (consignés dans un livre blanc).
Le président de l'université Aké N'Gbo, lui, est revenu sur des graves problèmes qui minent l'université notamment le salaire des enseignants qui n'a été augmenté que "légèrement". Tous ces cris du cœur n'ont pas eu d'écho favorable auprès du chef de l'Etat qui a tout ramené à "après les élections". A propos des bourses dont Mian Augustin a dit qu'elles restaient insuffisantes pour les étudiants, Gbagbo a répondu tout net : " Cela fait dix ans que je suis assis au palais. Si quelqu'un vous dit qu'il a une solution miracle pour les bourses, il ment. " Par contre, il propose, s'il est réélu, de créer une structure dont il avait du mal à prononcer le nom : " A côté du ministre de l'Education nationale, je vais nommer un secrétaire d'Etat chargé de tous les Mti…ôôôh, chargé de,…je cherche le mot et je n’arrive pas à trouver…chargé de tout l’aspect matériel de la vie des élèves et étudiants. C'est lui qui nous fera des propositions et s'occupera de toutes les questions pratiques et matérielles. ". En plus, il a promis dix (10) universités en dix ans après son élection.
Aux étudiants handicapés, il a promis de "donner un car dans les dix jours à venir ". Il n'a pas oublié non plus de leur promettre aussi un secrétaire national : " Quand vous allez me redonner le pouvoir, débarrassé de la guerre, de tout ce qui est autour de la guerre, nous allons créer un Secrétariat national chargé des handicapés avec pour secrétaire un handicapé ". Pour terminer, il a dit un mot sur le comportement de la Fesci qui, selon Laurent Gbagbo, a terni son image auprès de la population. Pour lui, pendant qu'il luttait en tant que syndicaliste, il n'a jamais usé de la violence : " Notre militantisme vient de l'université. Nous, on n'a jamais exercé la violence sur quelqu'un. Mais c'est sur moi qu'on a exercé la violence d'Etat. ". Et d'ajouter : " Jamais je n'utiliserai le pouvoir que le peuple m'a donné pour assouvir une vengeance personnelle.
Aujourd'hui, il faut que tout le monde parle.
Je suis venu vous réaffirmer mon engagement à promouvoir la liberté des uns et des autres.
Depuis que je suis au pouvoir, aucun homme politique n'a été mis en prison. Aucun de mes adversaires n'a été arrêté. Pourtant la prison, c'était ma nourriture. " C'est pourquoi, il a tancé les responsables de la Fesci par rapport à leurs attitudes qui répugnent les Ivoiriens. D'abord, il a affirmé haut et fort que " ce n'est pas lui qui a créé la Fesci ". Au moment de sa création, il a dit à Ahipeaud Martial, selon lui, de ne " s'affilier à aucun parti politique, même pas au Fpi ". Mais, il a reconnu que lui et le Fpi ont soutenu la Fesci. Alors, à Mian et à ses camarades, il a dit : " Vous savez que le nom de la Fesci est "gâté" en ville ? La réputation de la Fesci est écornée. Alors, continuez le combat pour redresser la Fesci qui doit devenir un syndicat propre. Que la Fesci reste un syndicat, un point ". Et d'ajouter : " La Fesci n'a pas à vendre des chambres. C'est parce que nous sommes en campagne, on ne peut pas prendre des décisions. Mais, après les élections, je vous aiderai à redevenir un syndicat propre ".Cependant, en même temps que le chef de l'Etat prône la neutralité de la Fesci, il la met en ordre de bataille pour son compte pour l'élection présidentielle. " Je suis candidat 100% et président 100%. Je compte sur vous pour que vous envahissiez la Côte d'Ivoire pour faire la campagne de votre candidat, pour que vous alliez partout pour dire que vous avez votre candidat. ". Enfin, après l'inauguration du cybercafé qu'il a offert aux étudiants, une étudiante a interpellé le chef de l'Etat sur les frais d'inscription qui sont montés à 50.000Fcfa. A l'étudiante qui souhaiterait l'annulation d'une telle décision, Laurent Gbagbo a répondu avec un brin d'humour : " Vous avez des enseignants qui sont la crème dans toute l'Afrique. Donnez-leur un peu de moyens pour vous donner le savoir. Mais ça, on peut se débrouiller. On peut discuter avec Aké N'Gbo pour dire que les enfants n'auront pas 50.000 FCFA sur place, donc on peut donner un peu un peu (…) Tu peux voir ton gars, tu lui dis, au lieu de m'envoyer en boîte, il faut me donner les 20.000 F qu'on va dépenser là-bas pour aller payer un peu ".
Pluie de doléances des étudiants au candidat Gbagbo
Le Secrétaire général de la Fesci a égrené toutes les revendications que les étudiants ont étouffées pendant dix ans de pouvoir de Laurent Gbagbo. Ces doléances, Mian Augustin les a ainsi énumérées : "Du primaire au secondaire, il n'y a pas d'infrastructures d'accueil. Celles qui existent sont désuètes et doivent être réhabilitées. Il y a aussi un manque notoire d'enseignants.
Le manque d'équipements et de matériels didactiques dans les écoles se font sentir et s'empire d'année en année. La bourse de l'étudiant est quasiment inexistante. Cela fait bientôt quinze ans que le budget alloué à la bourse (7 milliards) n'a pas bougé d'un iota. Ce qui cause d'énormes difficultés à nos camarades étudiants de l'étranger. En plus, nous souhaitons la délocalisation des universités et grandes écoles. Il faut la transformation des Ures de Daloa et de Korhogo en universités de plein exercice. L'un de nos problèmes est le cas critique des étudiants handicapés. Leur car est en panne depuis cinq ans. Nous souhaitons aussi la réouverture des internats des lycées et collèges pour le bonheur de nos camarades du secondaire. Nous voulons aussi la rétrocession des cités universitaires de Yopougon aux étudiants. A propos des réhabilitations des bâtiments des cités universitaires, il faut que cela s'étende à toutes les cités. Car ces bâtiments reflètent la misère, l'humiliation, la, pauvreté des étudiants."
François Konan