Politique: LETTRE DE DR CLAUDE KOUDOU AUX PARLEMENTAIRES FRANÇAIS
Le 05 novembre 2012 par Correspondance particulière - Paris, le 01 Novembre 2012
Aux Parlementaires français
Sénat
Assemblée Nationale
Objet : La situation en Côte d’Ivoire et les incidences de la Cour Pénale internationale
Mesdames, Messieurs,
Le 05 novembre 2012 par Correspondance particulière - Paris, le 01 Novembre 2012
Aux Parlementaires français
Sénat
Assemblée Nationale
Objet : La situation en Côte d’Ivoire et les incidences de la Cour Pénale internationale
Mesdames, Messieurs,
Connaissant le fonctionnement des sociétés ivoirienne et française, parce que nous fréquentons les deux Terres et sommes pour certains des bi-Nationaux, nous pouvons constituer une passerelle pour transmettre à chaque côté les manifestations des différentes réalités. Vous dites démocratie en Côte d’Ivoire. Nous voudrions en parler avec les incidences que cela recouvre, en regardant les faits en face.
Chers Parlementaires, nombre de rapports indiquent de graves violations des Droits de l’Homme en Côte d’Ivoire : répression de l’opposition, absence de liberté de réunions, d’expression et d’opinion, enlèvements, arrestations arbitraires, tortures, etc. …
Tout d’abord, pour appréhender la question ivoirienne dans toutes ses dimensions (sociologique, politique, psychologique, …), il convient de rappeler brièvement comment nous en sommes arrivés là.
Le fond du problème :
C’est suite à une rébellion contre un pouvoir élu démocratiquement (le 26 octobre 2000, celui de Laurent Gbagbo) moins de deux ans après (le 19 septembre 2002) que ce pays est entré dans un cycle de turbulences et de violences. Les 31 octobre et le 28 novembre 2010, des élections, respectivement le premier et le second tour, se sont tenues sans le respect par les ex-rebelles des accords de Ouagadougou – endossés par l’ONU –. Pendant le processus électoral, le protocole de la proclamation des résultats a été respecté au premier tour : soit publication des résultats consolidés par la Commission électorale indépendante (CEI), validation de ces résultats par le Conseil constitutionnel. Ce sont ces derniers que l’ONUCI a certifiés. Mais au second tour, c’est retranché dans le Quartier général du candidat Alassane Ouattara que le Président de la CEI a donné de façon unilatérale, des chiffres en présence de la seule presse étrangère. Ce sont ces chiffres que le Représentant du Secrétaire général de l’ONU (monsieur Choi) a certifiés. C’est une situation qui pose problème pour tout processus qui se veut démocratique. C’est cela l’origine du conflit alors que ces élections étaient censées ramener la Paix en Côte d’Ivoire.
Qu’est ce qui peut guider une telle entorse au processus démocratique ? Est-ce la volonté obstinée de Nicolas Sarkozy de placer un ami au pouvoir en instrumentalisant l’ONU ? Refuser de regarder cette réalité en face, donnerait non seulement la primeur de la manifestation de l’hypocrisie sur la raison mais aussi contribuerait à maintenir artificiellement un esprit d’escalade de tension en Côte d’Ivoire.
Mesdames et Messieurs les Parlementaires, la Paix peut revenir en Côte d’Ivoire, à condition d’aider les Ivoiriens à se parler. Nous regrettons que ce qui est fait jusque-là dresse les uns contre les autres. Remettre un minimum de transparence au coeur du problème ivoirien, en ligotant toutes les poches de subjectivités aiderait véritablement les Ivoiriens à aller à la Paix. Car en toute objectivité, personne ne peut croire que devant l’injustice - qui découle des éléments indiqués plus haut (« le fond du problème ») -, qu’une vraie réconciliation aboutisse qui devrait garantir une paix durable.
Le cas Laurent Gbagbo : un facteur déterminant au coeur du problème ivoirien :
Il faut rappeler qui est réellement Laurent Gbagbo pour rechercher des solutions viables. Laurent Gbagbo a mené une lutte politique en utilisant les moyens légaux contre Houphouët Boigny, pour l’instauration du multipartisme en Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo n’est pas un homme violent. Il ne mettait en prison ni les journalistes ni ses opposants politiques. Nombre d’observateurs objectifs et avisés savent que Laurent Gbagbo est pour l’expression démocratique. Concrètement, pour éviter une guerre civile, Laurent Gbagbo a proposé le recomptage des voix ; une démarche qui a été adoptée en 2000 aux USA mais aussi en Haïti dans la même période que les élections présidentielles en Côte d’Ivoire. Ban Ki Moon a trouvé que « le recomptage des voix serait une injustice pour Ouattara ».
La CPI pour une justice internationale ?
Laurent Gbagbo est soupçonné par la CPI d'être "co-auteur indirect" de crimes contre l'humanité commis pendant les violences postélectorales de 2010-2011. Mais à la CPI, il n’y a toujours pas les auteurs directs ? Laurent Gbagbo se retrouve seul à la CPI sans qu’il y ait les preuves de son implication directes dans les tueries. Pendant ce temps, ceux qui ont de nombreux crimes et assassinats à leur actif notamment Guillaume Soro, les chefs de guerre et autres bourreaux sont promus.
Nous devons tous respecter les décisions de justice pourvu qu’elle dise le droit. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Amnesty International et la FIDH dénoncent des enlèvements, arrestations arbitraires, tortures, … du pouvoir Ouattara. Hier (31 octobre 2012), à la suite de son audience avec le Premier Ministre Jeannot Ahoussou Kouadio, l’Ambassadeur des USA en Côte d’Ivoire, Carter III a déclaré : "Je suis d'accord avec les questions abordées dans le rapport d'Amnesty. La Communauté internationale ne peut plus rester silencieuse sur la gouvernance tribale de Ouattara. Faute de quoi, elle renforcerait le sentiment d’une prime à l’impunité à l’endroit du « camp Ouattara » ? La CPI doit se fonder sur le droit pour gagner en crédibilité. Continuer sur la voie des condamnations partiales risque de conforter la position de l’opinion sur sa partialité. Par ailleurs, si Gbagbo est populaire, ceux qui l’ont diabolisé au contraire des réalités ivoiriennes doivent revoir leur position. En Occident, quand le pouvoir se trompe, il recule pour un réexamen du sujet. Il faudrait appliquer la même recette si l’on veut vraiment accompagner les Africains sur la voie de la démocratie.
Nier leurs droits aux soutiens de Gbagbo, éluder les injustices criantes suscitées par la Communauté internationale en Côte d’Ivoire ne peuvent que radicaliser les positions. A juste titre, Hervé Novelli, un ancien député UMP dit à juste titre - dans le Canard enchaîné du 31 octobre -, en citant Saint Thomas d’Aquin que « La résistance est légitime face à l’oppression. » Face à cette observation juste, nous voudrions savoir compter sur vous pour éviter un enlisement que les injustices pourraient générer.
Un dialogue franc est nécessaire pour guérir la Côte d’Ivoire :
La réalité qu’il ne faut pas continuer de refuser est que Ouattara souffre d’une illégitimité. Un examen sérieux de la situation ivoirienne, à la lumière de la mentalité de la jeunesse, montre que monsieur Alassane Ouattara ne peut pas réussir dans l’oppression de ses opposants et/ou de ses différents contradicteurs.
Une solution politique est incontournable en Côte d’Ivoire. Le pragmatisme commanderait qu’il soit discuté la libération de Laurent Gbagbo. Les souffrances du peuple de Côte d’Ivoire ne peuvent pas s’accommoder des promesses de Ouattara sur les droits de l’Homme sans aucun début de concrétisation sur le terrain. Les responsables du Parti de Laurent Gbagbo sont emprisonnés sans être jugés. Ceux qui sont en exil sont pourchassés sans qu’il y ait la moindre protestation officielle. Ce n’est pas la voie pour aller à la Paix.
Dans l’espoir que notre sollicitation sera examinée avec la plus grande attention, afin de sortir ce pays, moteur de la sous-région Ouest-africaine de sa descente aux enfers, nous vous prions d’agréer, Mesdames, Messieurs les Députés et Sénateurs, l’expression de nos salutations distinguées.
Dr Claude KOUDOU, Enseignant-Ecrivain, Directeur de la Collection « Afrique Liberté » chez les Editions L’Harmattan ; Président des Convergences pour la Paix et le Développement de l’Afrique (CPDA) ; Membre de la Coordination des Intellectuels d’Afrique et des Diasporas africaines.
Ampliations :
Elysée ;
Partis politiques français ;
Union africaine ;
Maison blanche ;
Candidat des Républicains (aux USA) ;
ONU ;
Union Européenne ;
ONG Droits de l’Homme ;
Cedeao ;
Chine ;
Russie ;
Afrique du Sud ;
Brésil ;
Chancelleries ;
Inde.
Convergences pour la Paix et le Développement de l’Afrique claude_koudou@yahoo.fr