Criminels de guerre et nommés préfets de régions par Ouattara: Itinéraire de trois tueurs professionnels
Le 06 octobre 2012 par Correspondance particulière - Le salaire de la félonie et du crime : ainsi pourrait s’intituler l’histoire de Tuho Fozié, Messamba Koné et Ousmane Coulibaly alias Ben
Le 06 octobre 2012 par Correspondance particulière - Le salaire de la félonie et du crime : ainsi pourrait s’intituler l’histoire de Tuho Fozié, Messamba Koné et Ousmane Coulibaly alias Ben
Laden, qu’Alassane Dramane Ouattara a nommé préfets de régions, le 26 septembre 2012, respectivement à Bondoukou, Guiglo et San Pédro. L’itinéraire des trois chefs de guerre de Ouattara est jalonné d’insoutenables marres de sang des milliers d’Ivoiriens qu’ils ont massacrés. Au début de la rébellion le 19 septembre 2002 dont les plaies causées à la Côte d’Ivoire saignent encore, étaient ces trois tueurs professionnels, acolytes d’Ibrahim Coulibaly alias « I.B. », le chef de la mafieuse Cosa Nostra, le centre nerveux du dispositif des rebelles.
Pendant les préparatifs logistiques et opérationnels de la rébellion au Burkina Faso, sous l’égide de Jacques Chirac et de Blaise Compaoré, Tuho Fozié occupe « la villa 1023, au portail blanc », dans la « cité pavillonnaire » de Somgandé, un quartier situé au nord de Ouagadougou.
Dans un article intitulé « Côte d'Ivoire : le visage de la rébellion » publié par le quotidien français Le Monde, les journalistes Stephen Smith, Damien glez et Vincent Rigoulet situent la place de Tuho Fozié et Messamba Koné dans l’organigramme de la rébellion dont l’objectif est de renverser par les armes le régime constitutionnellement établi du président Laurent Gbagbo (1).
« (…) Depuis, cette rébellion cache son visage politique. Elle veut renverser le pouvoir en place, mais fait accroire qu'elle n'a pas de chef, seulement des « porte-parole ». Le plus connu d'entre eux est le sergent-chef Tuho Fozié. Agé de 38 ans, Mandingue d'Odiénné, dans l'extrême nord-ouest de la Côte d'Ivoire, il était du putsch de Noël, puis dans la garde rapprochée du général Gueï. L'été 2000, lors de la grande scission entre frères d'armes, il échappe à l'arrestation et fuit à l'étranger. Il ne revient que pour participer au « coup de la Mercedes noire », ce qui lui vaut une condamnation par contumace à vingt ans de prison pour « abandon de poste, violation de consigne, atteinte à la sûreté de l'Etat, assassinat, tentative d'assassinat ». Le 1er octobre, onze jours après le début du soulèvement, c'est lui qui révèle le nom que finissent par se donner les rebelles : Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire. C'est au nom du MPCI qu'il négocie avec les médiateurs ouest-africains. Mais il n'est qu'un porte-parole parmi d'autres. Qu'a-t-il en commun avec son alter ego à Korhogo, l'adjudant-chef Massamba Koné, ou avec le caporal Omar Diarrasouba, dit « Zaga-Zaga », les sergents-chefs Iréné Kablan et Souleymane Diomandé, surnommé « la Grenade » ? Il fait partie du premier cercle autour d'« IB », le chef de tous ces sous-officiers déserteurs au sein d'une organisation clandestine, la Cosa nostra. Celle-ci, basée à Ouagadougou, fournit le noyau organisationnel à l'insurrection. Grâce à un généreux bailleur de fonds, elle a recruté à tour de bras, d'abord dans les pays voisins, ensuite en Côte d'Ivoire. Elle a acheté des uniformes et des pataugas neufs, des armes en grande quantité. Elle a pourvu en numéraire des combattants payant cash… » (Le Monde, 11 octobre 2002).
Avant et après la partition de la Côte d’Ivoire avec les fonds du « généreux bailleur de fonds » dont Koné Zakaria a indiqué qu’il s’appelle Alassane Dramane Ouattara, Tuho Fozié et Messamba Koné prennent activement part aux meurtres et aux tueries massives de la rébellion : assassinats de Boga Doudou, Dalli Oblé, des danseuses d’Adjanou, massacres des dizaines de gendarmes et de leurs enfants à Bouaké, etc. Dans la région de Korhogo où ils étaient les fidèles lieutenants de Fofié Kouakou, Tuho Fozié et Messamba Koné planifient la mort par étouffement de plusieurs dizaines de partisans d’Ibrahim Coulibaly dans des containers, à la suite des contradictions au sein de la rébellion, et de bien d’autres crimes en tout genre. Jusqu’à ce jour, Ouattara continue de protéger Fofié Kouakou qui est identifié par le Conseil de sécurité de l’Organisation des nations unies comme un criminel.
Quant à Ousmane Coulibaly, le surnom Ben Laden qu’il s’est donné indique clairement ses sympathies pour le fondamentalisme islamique et ses méthodes terroristes. On ne choisit pas son surnom par hasard. Il est un acteur permanent de tous les crimes de la rébellion depuis 2002. Lorsque la rébellion et son chef visible Soro Guigbafori Guillaume coupent la Côte d’Ivoire en deux, l’ouest du pays est placée sous la botte de fer de Ben Laden par ses maîtres occultes, entre 2002 et 2003. C’est sous son commandement direct que quatre véritables armées étrangères bukinabé s’installent et forment un Etat dans l’Etat dans cette vaste zone forestière du pays, à Taï, Bloléquin et Duékoué.
Amadé Ourémi est le plus connu des chefs de ces armées qui ont participé aux massacres des populations civiles aux côtés des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) d’Alassane Dramane Ouattara, à Duékoué notamment. Dans son rapport intitulé « Ils les ont tués comme si de rien n’était », Human rights watch (Hrw) est catégorique sur la question. « Amadé Ouérémi (couramment appelé « Amadé ») – Chef d’un groupe burkinabé puissamment armé dans la région du Mont Péko dans l’extrême ouest de la Côte d’Ivoire, Amadé Ouérémi et ses hommes ont été identifiés par de nombreux témoins comme figurant parmi les principaux auteurs du massacre survenu à Duékoué le 29 mars dans le quartier Carrefour. Des témoins et des habitants de ce quartier ont indiqué à Human Rights Watch et à Fraternité-Matin, le quotidien contrôlé par l’État, qu’Amadé Ouérémi avait combattu aux côtés des Forces républicaines à Duékoué ». (Human rights watch, rapport d’octobre 2011. « Ils les ont tués comme si de rien n’était ».) Les mercenaires burkinabés que Ben Laden a formés ont accompli la tâche immonde qu’il attendait d’eux.
Après ses basses œuvres à l’ouest du pays, Ousmane Coulibaly Ben Laden est nommé commandant de zone (comzone) des Forces nouvelles à Odiénné. Il met toute la région en coupe réglée et y installe des réseaux criminels mafieux qui se spécialisent dans les trafics illicites de diamant, d’or, de bois, de café, de cacao, etc. L’invasion d’Abidjan par les chefs de guerre de Ouattara avec l’appui décisif des forces françaises et onusiennes, offre l’occasion à Ben Laden de déchaîner sa folie meurtrière à Yopougon, entre autres. A ce sujet, Hrw écrit : « Ousmane Coulibaly a dirigé des soldats des Forces républicaines impliqués dans des actes de torture et des exécutions sommaires dans le secteur Koweit de Yopougon. Ces événements se sont déroulés sur plusieurs semaines, et aucune action ne semble avoir été prise par Ousmane Coulibaly pour prévenir les crimes. (…) Au moment de la rédaction de ce rapport, il était toujours officier de commandement des Forces républicaines. » (Human rights watch, rapport d’octobre 2011. « Ils les ont tués comme si de rien n’était ».)
Des rapports d’Amnesty international, du Comité international de la Croix rouge, de la Fédération internationale des droits de l’homme, etc., mettent également gravement en cause Tuho Fozié, Massamba Koné et Ousmane Coulibaly alias Ben Laden. Aujourd’hui, ces trois criminels de guerre élevés aux grades de commandants par Alassane Dramane Ouattara pour l’ensemble de leurs œuvres criminelles ne sont plus de simples officiers des Frci. Ils sont préfets de région et font désormais partie de la crème de l’administration de Ouattara. Ben Laden et Messamba Koné traînent une peu glorieuse réputation d’analphabètes. Ils sont au nombre de « ces chefs rebelles », dont l’un, « visiblement analphabète », a débarqué à une réunion « avec un scribe qui prenait des notes pour lui », selon un « gradé français ». (Libération, 30 mai 2012).
Leur cursus scolaire et leur formation ne confèrent donc pas les compétences indispensables aux missions de préfets de régions à ces chefs de guerre sanguinaires « passibles un jour de poursuites devant la Cour pénale internationale » (Libération, 30 mai 2012), dans une Côte d’Ivoire déchirée par une crise qu’ils ont grandement contribué à créer et à attiser pendant une décennie. Leur nomination par Ouattara ne peut avoir qu’un nom : népotisme tribal et prime à l’obscurantisme et aux crimes.
Une contribution Par Deuxer Céi Angela. L’œil du juste