Tribune: ADRESSE À MONSIEUR ABDOU DIOUF SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA FRANCOPHONIE

Le 06 octobre 2012 par Correspondance particulière - Il est très souvent des comportements qui nous conduisent à perdre notre latin parce qu’ils dépassent notre entendement et exposent la complicité notoire de ceux qui les posent contre leur race, voire contre leur

continent ou simplement contre des humains comme eux. C’est pour vous signifier mon indignation que je viens vers vous dans les lignes qui suivent monsieur Diouf.

Ancien président du Sénégal
monsieur Diouf est l’actuel S.G
de l’O.I.F.

Abdou Diouf.

Le 06 octobre 2012 par Correspondance particulière - Il est très souvent des comportements qui nous conduisent à perdre notre latin parce qu’ils dépassent notre entendement et exposent la complicité notoire de ceux qui les posent contre leur race, voire contre leur

continent ou simplement contre des humains comme eux. C’est pour vous signifier mon indignation que je viens vers vous dans les lignes qui suivent monsieur Diouf.

Ancien président du Sénégal
monsieur Diouf est l’actuel S.G
de l’O.I.F.

Je rappelle que très brièvement nous nous sommes rencontres à Trafalgar Square, au centre de Londres lors de votre dernier passage et cela dans le cadre de la Francophonie. Vous aviez décrit la Francophonie comme un instrument de rapprochement des peuples, de liberté, de démocratie et de développement. J’ai failli croire en tout ce que vous aviez lâché ce jour-lé en quelques secondes durant la poignée de mains que nous avions eue. Heureusement pour moi, je me suis très vite ressaisi et je crois ne pas avoir eu tort. Vous qui avez dirigé le Sénégal des Cheikh Anta Diop, Birago Diop, David Diop et autres, vous êtes devenu, vous aussi, une cloche qui résonne au rythme de Paris.

Votre dernier passage sur TV5 a été une prestation sans fond et sans saveur. Entre autres, vous avez déclaré que l’organisation que vous dirigez a bien travaillé dans le cadre des conflits qui minent l’Afrique. Pas de commentaire, je dis que vous avez déçu et je comprends pourquoi l’Afrique qui vous a tout donné demeure au bas de l’échelle du développement dans le monde. Comment peut-on espérer voir le bout du tunnel lorsque ceux qui sont supposés éclairer les populations africaines, continuent de mentir de la façon la plus imbécile et la plus criarde ?

Après cette mise au point, je viens vous contredire sur des objectifs fondamentaux que l’Organisation Internationale de la Francophone prétend défendre :

1-Promouvoir la paix, la démocratie et droits de l’homme.

Monsieur Diouf, êtes-vous sûr que la Francophonie fait effectivement la promotion de la paix lorsque la France, garante de la langue que vous défendez actionne tous les conflits qui détruisent l’Afrique francophone (la mort de Sankara, les cas rwandais et ivoirien par exemple) ? La Francophonie peut-elle réellement se dissocier de la France pour décrier ce qui se passe en Afrique francophone lorsqu’on sait combien de fois les intérêts de la France pèsent plus que la vie des Africains assassinés lâchement chaque jour par la France et les représentants de l’Elysée dans les capitales des sous-préfectures (autant pour moi, des pays) africaines de la France ? Arrêtez votre théâtre monsieur Diouf. Peut-on parler de paix en République Démocratique du Congo où se tiendra très bientôt le prochain sommet de l’O.I.F ? Le vainqueur des dernières élections présidentielles, monsieur Étienne Tshisekedi wa Mulumba est embastillé, ses supporters sont abusés physiquement dans les rues et dans leurs résidences chaque jour, son parti, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) est menacé de dissolution. En général, le Congo est une nation qui se résume dans le pouvoir de Josephe Kabila et des affaires exercées par les corporations occidentales et américaines qui volent tout aux Congolais. Les routes n’existent que de nom, la famine fait ravage dans ce pays vachement riche, les viols et autres crimes y sont devenus une pratique normale. Est-ce cela les objectifs de votre organisation ? Et après le sommet qui accueillera au moins 3000 délégués, que laisserez-vous au Congolais qui, chaque jour n’a même pas $2 dollars pour nourrir sa famille ? Que donnerez-vous de façon concrète au Congolais qui n’arrive pas à se procurer de la quinine pour ses soins primaires et dont l’enfant n’a pas droit à l’instruction pendant que les vôtres ont été éduqués dans les universités les plus équipées, les plus compétentes donc du monde ? Rien, rien du tout. Vous y allez pour faire encore des promesses creuses. Et, ceux qui disent que tenir le sommet de la Francophonie au Congo sera une bonne occasion pour dire la vérité à Kabila se mordront la langue. Car, ce sommet accouchera sûrement d’une mouche. Certes, la rue qui mène de l’aéroport vers les lieux des festivités est refaite, mais que tire le Congolais de cette ‘rénovation’ dont les lampadaires donnent l’impression que l’on est sur les Champs Elysée ? Encore rien. Des Congolais sont déjà forcés et transportés sur les lieux pour dire ‘bonne arrivée’ en dansant, mais et après, rien. Il n’y pas de démocratie au Congo. Les droits de l’homme sont pour les congolais un rêve et la paix un idéal irréalisable. En y allant, c’est-à-dire en refusant de pratiquer ‘la politique de la chaise vide’, l’O.I.F cautionne Kabila dans ses crimes divers sur le peuple congolais. En y allant, tous y compris monsieur Hollande, vous offrez à Kabila une plateforme mondiale pour se moquer des souffrances des hommes et des femmes qu’il assassine chaque fois que cela lui plaît pour asseoir son pouvoir. En un mot, vous êtes aussi des assassins du peuple congolais.

2-Appuyer l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche.

Ici, je dis bravo à l’O.I.F qui a créé l’Université Senghor d’Alexandrie (elle occupe la 77ème place sur les 100 meilleures universités d’Afrique où les anglophones dominent), selon le cite ‘20Mai.net’. Mais qui a droit à cette université ? Seules les élites de demain nous dit-on, bravo. Comment sont-elles sélectionnées ? En plus, avec les guerres financées par la France en Afrique, comment l’O.I.F peut-elle arriver à promouvoir l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche ? Comment un enfant dont le pays est déstabilisé par une guerre peut arriver à aller en classe ? Monsieur Dramane, malgré son installation au trône en Côte d’Ivoire et le trop de bruit autour de la reprise des cours n’arrive toujours pas à caser les étudiants. Peut-on aller à l’école, voire penser aux études lorsqu’on a le ventre creux ? L’O.I.F, si elle veut être prise au sérieux et si elle travaille pour défendre ce qu’elle dit dans sa charte, doit parler au nom des opprimés d’Afrique et d’ailleurs au lieu de protéger les intérêts de la France.

3-Développer la coopération au service du développement durable et de la solidarité

Monsieur Diouf, en toute conscience, si ce n’est pas trop vous demander, pensez-vous qu’on puisse parler de tout ce qui précède avec la Francophonie ? L’abus de langage dont use l’organisation que vous dirigez est d’autant plus amusant et moqueur que vous ne l’imaginez. On parle de co-opération lorsqu’il y a du ‘donna-donna’. Sinon, dès l’instant où un membre dans l’équation se positionne en donneur de leçons et en maître comme le fait la France qui pense détenir la vérité, toute la vérité, on ne parle plus de co-opération. Nous descendons dans une dictature, voire une tyrannie enveloppée de beaux concepts. Nous sommes dans une situation où le loup voulant tromper la vigilance des agneaux pour les dévorer s’habille dans la peau du grand-père de ceux-ci qu’il avait tué bien longtemps avant et se mêle au groupe. La Francophonie est un piège contre les nations africaines qui partagent avec Paris la langue française. C’est une corde autour de notre cou et la France, selon ses besoins tire toujours sur cette corde pour faire marcher les choses selon sa fin et sa faim. Le développement durable n’aura jamais lieu dans les petits pays si ceux-ci se complaisent dans des organisations comme l’O.I.F. La France vit du lait des ‘pays pauvres’ francophones. Bouygues, Delmas, Elf et bien d’autres compagnies françaises ont pris en otage les économies des nations africaines ou le français est parle. La Cote d’ivoire, le Gabon, le Congo de Sassou, le Sénégal, le Niger sont des départements d’outre-mer (D.O.M) de la France. Parler de véritable indépendance dans ces territoires d’Afrique est synonyme de renversement et d’assassinat. Les cas Sankara et Gbagbo sont encore très frais pour être oubliés. Il y a bien d’autres objectifs que l’O.I.F prétend défendre, mais je décide monsieur Diouf, de ne point abuser, moi, de votre temps.

Enfin, vu la comédie qui entoure votre organisation. Vu que l’O.I.F est une prison politique et économique mise en place pour sucer les nations d’Afrique et d’ailleurs pour la seule prospérité de la France. Sachant que la France continue de déstabiliser les nations avec lesquelles elle partage la même langue, vu que l’O.I.F est incapable de faire face à la France qui tue du nègre pour son bonheur à elle seule et sachant que la Francophonie est une boîte aux intentions et actions désastreuses pour l’Afrique en particulier, monsieur Diouf, par ma présente, je viens m’opposer au sommet de ladite organisation en sol africain, c’est-à-dire en République dite Démocratique du Congo. Les objectifs supposés être chers à l’O.I.F n’étant pas réunis, je vous tiens personnellement responsable des malheurs des Congolais aux yeux desquels votre organisation et vous-mêmes allez miroiter un bonheur promis depuis plus de 40 ans. Si vous, monsieur Diouf, n’avez pas le courage de défendre les Congolais, ayez au moins la décence de ne pas tourner le couteau dans leur plaie déjà très grande. Espérant que vous aurez écho de ce mot, je vous dis à très bientôt.

Une contribution de Sylvain De Bogou
Écrivain & journaliste