Extradition des pro-Gbagbo: qui dit la vérité ?
Le 03 octobre 2012 par Correspondance particulière - Selon la constitution, aucun ivoirien ne doit être contraint à l’exil. Hélas, ils sont un peu plus de 2 millions les ivoiriens exilés depuis le 11 avril 2011,
Le 03 octobre 2012 par Correspondance particulière - Selon la constitution, aucun ivoirien ne doit être contraint à l’exil. Hélas, ils sont un peu plus de 2 millions les ivoiriens exilés depuis le 11 avril 2011,
date de la chute du régime de Laurent Gbagbo, et qui continuent de patienter hors de leur pays en attendant que le jour s’élève pour un retour au bercail sans être inquiété. Une absence qui n’est pas sans conséquence sur la sécurité et la sérénité du nouveau pouvoir d’Abidjan. Parmi ces exilés forcés ou volontaires, on trouve toutes les catégories socioprofessionnelles. Mais celles qui dérangent le plus, restent les ex-FDS et les cadres FPI. Si les premiers sont soupçonnés de vouloir déstabiliser le régime de Ouattara, les seconds sont poursuivis pour leur soutien financier aux premiers. Le problème est que ces personnes toutes proches de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo sont éparpillés dans diverses pays de la sous-région. Des pays qui ont des particularités selon qu’on est anglophone ou francophone. Malheureusement si le Togo qui a pourtant ratifié la convention de Genève de 1961 sur la protection des réfugiés, a pu extrader un de ses pensionnaires, Lida Kouassi, le Ghana qui jouit des mêmes dispositions pose problème. Une attitude ghanéenne qui agace bien les nouvelles autorités ivoiriennes. Arrêté le 24 août dernier par la police ghanéenne alors qu’il rentrait de Johannesburg, Koné Katina, porte-parole de Laurent Gbagbo et dernier ministre du budget du gouvernement Aké Ngbo a été libéré sous caution le 25 septembre, au grand dam d’Abidjan. Même si ses démêlés avec la police ghanéenne n’ont toujours pas trouvé d’issue, Koné Katina comme bien d’exilés du Ghana jouissent encore de la protection des autorités ghanéennes. Au nom de leur statut de demandeur d’asile politique.
« Nous avons tous introduit une demande d’asile politique dès notre arrivé ici au Ghana. En attendant que les autorités statuent sur chaque cas, elles nous ont délivré un document qui nous donne les mêmes droits qu’un national ghanéen. En outre, il n’est valable que sur le territoire ghanéen (…) Nous sommes toujours en discussion pour qu’il nous soit accordé le statut de réfugié politique avec des vrais titres de voyages. Malheureusement les évènements actuels ont tout ralenti. Mais il faut retenir que les autorités ghanéennes sont favorables et il est impossible d’extrader un ivoirien aujourd’hui depuis le Ghana. Le document est clair et dit qu’on ne peut pas extrader son possesseur dans un pays où sa sécurité est menacée » nous a confié un cadre du FPI exilé au Ghana.
Mais alors, comment s’était-il rendu en Afrique du Sud alors que le document en question ne l’autorisait pas ? Selon nos sources, Koné Katina aurait voyagé avec son passeport ivoirien et un visa sud-africain. On comprend pourquoi, la police des frontières ghanéennes qui surveille les entrées et sorties des migrants ait mis la main sur le porte-parole de Laurent Gbagbo à l’aéroport d’Accra. En clair, le pouvoir d’Abidjan qui connait bien le statut réel des pro-Gbagbo en exil pour les avoir infiltré joue sur deux tableaux : l’acharnement permanent pour décourager ou déjouer tout projet de déstabilisation et la coopération entre la Côte d’Ivoire et les autres Etats. Malheureusement, les pays anglo-saxons ont une culture différente des ex-colonies françaises. Pis le Ghana est en pleine campagne électorale. ET il ne faudra guère compter sur le favori des présidentielles de décembre prochain, John Mahama Dramani, (candidat de NDC, parti au pouvoir) pour enrhumer davantage les relations entre le Ghana et la Côte d’Ivoire, surtout qu’on ne sait jamais quand les régimes changent en Afrique. Que ceux qui ont des oreilles pour entendre entendent !
Une contribution de Philippe Kouhon/ Eventnews TV