Bouna: Des hommes armés attaquent le village de Tchalarédouo. Des dizaines de maisons pillées et incendiées! Les villageois en fuite dans la forêt!

Le 28 septembre 2012 par l'INTER - Des centaines de villageois, sans abri, appellent au secours
C'est la tristesse et la désolation à Tchalarédouo. Partis se mettre à

l'abri dans la nuit du 15 août pour échapper à la furia d'hommes armés qui les menaçaient, des habitants de ce village de la sous-préfecture de Bouna n'avaient que leurs yeux pour pleurer au petit matin du 16 août 2012.

Image d'archives. Descente musclée des soldats FRCI dans un village.

Le 28 septembre 2012 par l'INTER - Des centaines de villageois, sans abri, appellent au secours
C'est la tristesse et la désolation à Tchalarédouo. Partis se mettre à

l'abri dans la nuit du 15 août pour échapper à la furia d'hommes armés qui les menaçaient, des habitants de ce village de la sous-préfecture de Bouna n'avaient que leurs yeux pour pleurer au petit matin du 16 août 2012.

Un spectacle digne des razzias opérées par Samory Touré, les attendait à leur retour au village. Profitant de la nuit et de l'absence de nombreux villageois, les assaillants ont pillé et mis le feu à 21 maisons. 13 autres ont été saccagées et pillées.

Effets vestimentaires, ustensiles de cuisine, meubles, appareils électroménagers et autres engins à deux roues (vélos et motos), ont été soit détruits par les flammes, soit emportés par les assaillants. Le cri du cœur des populations a été porté à notre rédaction en fin de semaine dernière par Kambiré Olloh, un jeune cadre du village vivant à Abidjan. «A Tchalarédouo, les populations sont dans la détresse totale et manquent de tout. Dans l'urgence, nous implorons des âmes généreuses de venir en aide à nos parents, qui ont besoin d'être relogés... », a-t-il confié. Par ses soins, nous avons pu nous procurer une copie du rapport de la mission d'urgence effectuée dans le village sinistré le 24 août par la Caritas de Bouna.

Deux sacs de haricot, un sac de sel et des effets vestimentaires ont été remis aux villageois en détresse par l'organisation caritative, qui a dénombré au total 371 personnes touchées par le sinistre. Soit 53 hommes, 132 femmes et 186 enfants qui ont besoin, dans l'urgence, d'abris, de vêtements et d'ustensiles de cuisine. «En effet, ils sont exposés à toutes sortes d'intempéries et de maladies, sans oublier les aléas de la nuit (reptiles, insectes venimeux, moustiques, etc.) », lit-on dans ce rapport cosigné par l'aumônier Père Georges Kambiré et le coordonnateur, M. Kambiré O. Célestin. Signalant une urgence humanitaire, l'organisation caritative lance un appel à tous les humanitaires et à une « fraternité engagée de part et d'autre» pour venir en aide aux populations en leur fournissant des abris, des couvertures, des moustiquaires imprégnées, des vêtements, des ustensiles de cuisine, des kits alimentaires et même des kits scolaires pour la rentrée.

Les circonstances de l'attaque

Tout serait parti d'un conflit entre le chef de village, Kambiré Kogboré et un résident nommé Dah Djoumi, présenté comme un individu au comportement peu sociable. Accusé de contester l'autorité du chef, il menacerait même de s'approprier la chefferie par tous les moyens. En raison de ses menaces incessantes, il aurait fait l'objet de plusieurs convocations devant le sous-préfet de Bouna, la brigade de gendarmerie de Bouna et le Roi de Piaye, dont dépend le village de Tchalarédouo. Le 10 février 2012, le chef du village a saisi par courrier le sous-préfet de Bouna lui demandant de régler ce conflit. Mais cette dernière médiation échoue et Dah Djoumi, l'insoumis, demande à être réinstallé en dehors du village. Le sous-préfet accepte et enjoint les chefs coutumiers de Piaye de le réinstaller à 5 km du village, en vue de ramener la quiétude à Tchalarédouo. Le 15 août 2012, des proches du chef de village disent avoir aperçu Dah Djoumi tentant de s'installer à moins d'un kilomètre du village, au mépris de la décision du sous-préfet. Les villageois qui ne voulaient pas assister indifférents à ce qu'ils considèrent comme « une spoliation de leurs terres par un usurpateur», s'y opposent. Dans les échauffourées, deux villageois sont blessés. S'ensuit une bagarre généralisée qui tourne à l'avantage des villageois, qui parviennent à repousser Dah Djoumi et sa suite. Mais la nuit tombée, ce dernier cherche un renfort composé d'hommes armés. Vu leur nombre impressionnant, le chef du village, toujours selon les faits rapportés, recommande à ses populations de trouver refuge hors du village. Le lendemain matin, à leur retour, ils n'auront leurs yeux que pour constater les dégâts. Les assaillants auraient ciblé particulièrement le chef du village et ses proches, puisque «tout le village n'a pas été visité», comme le mentionne le rapport de la Caritas. Un huissier a été saisi, en l'occurrence Me Koffi Kra Olivier, huissier de Justice près le Tribunal de Première instance d'Abengourou, qui a fait le constat le samedi 1er septembre 2012. Après quoi, une plainte a été déposée au Tribunal de Justice de Bouna. «Alors que l'affaire est en instruction, M. Dah Djoumi, qui prétend bénéficier du soutien des chefs coutumiers de Piaye, continue de narguer les sinistrés et d'exploiter les terres en dehors des limites qui lui sont autorisées. Nous voulons que justice soit rendue. Mais dans l'immédiat, nous appelons des âmes généreuses à aider nos parents à se reloger dans l'urgence pour ne plus être exposés aux intempéries», a plaidé M. Kambiré Ollo. Pour en savoir davantage sur cet incident, nous avons joint le sous-préfet des lieux, le commandant Binaté, qui a confirmé les faits sans en dire davantage. «Il faut que vous envoyiez quelqu’un sur le terrain pour rencontrer les parties au conflit d’abord, et ensuite si vous voulez avoir l’autorité administrative, on verra. Parce qu’il y a plusieurs parties au conflit, donc, pour avoir quelque chose de très fidèle à la réalité, cela vous impose de vous y rendre. Mais, la localité est très éloignée, à 130 km de Bouna, et la voie d’accès n’est pas facile. Sinon, il serait important que vous ayez la version du chef du village, des autorités traditionnelles, et pourquoi pas des forces de l’ONUCI qui nous ont aidé à gérer la situation», a juste déclaré le commandant Binaté.

H.OULAÏ
NB: LE TITRE EST DE LA REDACTION.