Cour pénale internationale: Gbagbo au centre d’un deal / Les confidences d’un diplomate
Le 25 septembre 2012 par L'INTER - Laurent Gbagbo va-t-il comparaître un jour devant la Cour pénale internationale (CPI) ? Rien n’est moins sûr.
Une seule certitude cependant : le cas de l’ancien président ivoirien détenu à la prison de Scheveningen à La Haye, depuis la fin brutale de la crise post-électorale, est au centre de toutes les tractations. Les unes tendant à le maintenir dans les liens de la détention à la prison de la CPI; les autres voulant l’en sortir.
Le 25 septembre 2012 par L'INTER - Laurent Gbagbo va-t-il comparaître un jour devant la Cour pénale internationale (CPI) ? Rien n’est moins sûr.
Une seule certitude cependant : le cas de l’ancien président ivoirien détenu à la prison de Scheveningen à La Haye, depuis la fin brutale de la crise post-électorale, est au centre de toutes les tractations. Les unes tendant à le maintenir dans les liens de la détention à la prison de la CPI; les autres voulant l’en sortir.
Selon des informations à notre disposition, émanant de sources diplomatiques, les nouvelles en provenance de La Haye seraient bonnes pour le camp de l’ex-président ivoirien. C’est qu’un puissant lobby serait actuellement très actif pour obtenir la libération de Laurent Gbagbo.
Vrai ou faux ? En tout cas, celle-ci devrait se faire après le paiement d'une caution. Par qui ? Mystère ! Mais à en croire nos sources, ce deal proposé à l’ancien président ivoirien, ne serait pas exnihilo. Il procéderait d’une stratégie bien ficelée par certaines personnalités politiques et chefs d’Etat, qui craignent les effets collatéraux du procès Gbagbo. Historien reconnu, opposant historique au régime du puissant feu Félix Houphouët-Boigny, puis ancien président de la République de Côte d’Ivoire pendant plus de dix ans, Laurent Gbagbo sait forcément des choses. Qui donnent forcément froid dans le dos de certaines personnalités politiques, tant au niveau national qu’international. Celles-ci craignent, selon nos sources, que l’ex-président ivoirien, qui semble détenir des dossiers compromettants, notamment sur des chefs d’Etat et des hautes personnalités du monde, ne fasse « le grand déballage » de nature à dévoiler le niveau d’implication de certains chefs d’Etat dans la chute de son régime le 11 avril 2011.
« On ira jusqu’au bout »
Et la célèbre phrase « Je suis ici, et on ira jusqu’au bout », lâchée dans le box de la CPI le 5 décembre 2011 pendant l’audience de présentation, a en effet sonné comme une sorte de disposition qu’il affichait à faire éclater la vérité sur ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire. Faut-il donc laisser Laurent Gbagbo vider son sac au cours d’un procès dont l’issue cache bien de surprises, ou faut-il le faire taire en lui accordant la libération conditionnelle ? Véritable casse-tête. Selon la source diplomatique qui livre la confidence, le prisonnier de Scheveningen se veut confiant. « Il a le moral et est gonflé à bloc en attendant le procès. Le président Laurent Gbagbo est serein quant à l'issue du procès », a-t-il dit, fondant ses convictions sur des échanges qu’il a eus récemment avec l’ancien président ivoirien au centre pénitentiaire de Scheveningen. « Laurent Gbagbo a pris la précaution, depuis les tristes événements de novembre 2004, d'enregistrer toutes ses conversations téléphoniques avec les personnalités européennes et américaines. Ainsi, il est en possession d'enregistrements sonores, de conversations compromettantes des personnalités (…) Ces bandes sonores mettent en cause leur implication de façon irréfutable dans le complot qui serait à la base de la crise ayant fait des milliers de morts. Ensuite, sa défense détient tous les éléments filmés sur la participation effective de l'armée française dans le bombardement de sa résidence de Cocody, sur son arrestation et sa remise aux ex-rebelles. Pour faire donc taire le Président Laurent Gbagbo, ce prisonnier devenu trop incommodant, un compromis juridique lui aurait été proposé. Cet arrangement juridique consisterait à la mise sous liberté, contre le paiement d'une caution qui reste à déterminer, pour contenter toutes les parties et sauvegarder l'image des personnalités directement impliquées dans la chute de Laurent Gbagbo et la déstabilisation de la Côte d’Ivoire », a précisé le diplomate.
De plus, le deal prendrait également en compte le pays d’accueil de l’ex-président, s’il est remis en liberté. L’Ouganda qui, selon nos sources, avait été proposé, n’agréerait plus Laurent Gbagbo, qui souhaiterait purement et simplement retourner dans son pays la Côte d’Ivoire, d’où il a été transféré à La Haye. Les pourparlers seraient donc en cours. Mais du côté des avocats de la défense, on est plutôt étonné de l’existence d’un tel deal. « Je n’ai pas vu le document, je n’ai pas non plus connaissance d’un tel deal. Je sais seulement qu’il est prévu l’audience sur la santé du président. Et même s’il devait exister un tel deal pour aboutir à la libération du président Gbagbo, il faudrait lui trouver un habillage juridique », a indiqué un membre du collège d’avocats commis à la défense de Laurent Gbagbo.
En attendant, il devrait y avoir un procès à huis clos hier lundi 24 septembre ou aujourd’hui 25 septembre 2012, relatif à la santé de l’ancien N°1 Ivoirien. Cette audience privée est censée déterminer si oui ou non Laurent Gbagbo présente les aptitudes physiques et mentales pour tenir le procès de confirmation des charges ou non, qui est prévue contre lui dans le cadre de la crise post-électorale, en tant que co-auteur indirect des crimes commis pendant cette crise.
Hamadou ZIAO