Côte d`Ivoire: le camp Ouattara échoue à mobiliser pour une grève générale

Le 27 décembre 2010 par AFP - Les partisans d'Alassane Ouattara en Côte d'Ivoire ont échoué lundi à mobiliser pour une grève générale destinée à pousser vers la sortie

ADO dans les jardins de l'hôtel du Golf.

Le 27 décembre 2010 par AFP - Les partisans d'Alassane Ouattara en Côte d'Ivoire ont échoué lundi à mobiliser pour une grève générale destinée à pousser vers la sortie

Laurent Gbagbo, mais ils ont pris le contôle de
l'ambassade ivoirienne à Paris, jusque-là aux mains du camp adverse.
Plongé dans une grave crise depuis la présidentielle du 28 novembre,
marquée par des violences meurtrières, le pays était suspendu à la visite
prévue mardi de trois chefs d'Etat ouest-africains.
Ils doivent demander à Gbagbo de céder la présidence à Ouattara, reconnu
chef de l'Etat par une immense partie de la communauté internationale, faute
de quoi il court le risque d'une intervention armée régionale.
Voulant accentuer cette très forte pression extérieure, la coalition de
partis pro-Ouattara avait appelé la population à "cesser les activités" dès
lundi.
Mais, comme un appel à la "désobéissance" civile la semaine dernière, ce
mot d'ordre - qui n'a pas bénéficié du relais de la télévision d'Etat,
contrôlée par le camp Gbagbo - était presque sans écho lundi.
Du quartier chic de Cocody (nord) au quartier populaire de Treichville
(sud), Abidjan offrait le même spectacle: embouteillages et concert de
klaxons, taxis en vadrouille, commerces ouverts.
Cependant dans le centre du pays, à Bouaké, fief de l'ex-rébellion des
Forces nouvelles (FN) alliée à Ouattara, la consigne était mieux suivie, des
services publics étant fermés.
Le camp Ouattara a cependant eu un motif de satisfaction à l'étranger. Une
cinquantaine de ses partisans "ont pris le contrôle" lundi, sans "incident
notoire", de l'ambassade de Côte d'Ivoire à Paris, a indiqué à l'AFP une
source policière française.
Ils entendaient y rester jusqu'à l'arrivée du nouvel ambassadeur désigné
par Ouattara en remplacement de Pierre Kipré, un proche de Gbagbo, qui n'était
pas présent lundi. "Ceux qui ont été nommés par Gbabgo, on ne les reconnaît
plus, ils doivent partir", a déclaré à l'AFP Marcel Youpeh, responsable de la
coalition pro-Ouattara en France.
Paris a indiqué avoir été informée de la désignation d'un nouvel
ambassadeur et avoir engagé la procédure d'agrément. La fonction d'ambassadeur
en France, ancienne puissance coloniale et partenaire économique essentiel,
est un poste clé pour le pouvoir ivoirien.
Mais Gbagbo se prépare à une échéance plus importante mardi, avec la venue
à Abidjan des présidents Boni Yayi (Bénin), Ernest Koroma (Sierra Leone) et
Pedro Pires (Cap-Vert).
Ils doivent l'appeler à céder la place, au nom de la Commmunauté économique
des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui a menacé de recourir à la "force
légitime" s'il ne se pliait pas à cette injonction.
Dans des entretiens aux quotidiens français Le Figaro et Le Monde, Laurent
Gbagbo a dit "prendre au sérieux" cette menace, mais a invoqué le respect du
droit pour justifier son maintien. Le Conseil constitutionnel, juridiction
suprême ivoirienne, l'avait proclamé président, tandis que son rival a été
désigné vainqueur par la commission électorale.
Le président sortant dénonce surtout un "complot" mené par les Etats-Unis
et la France, qui a réfuté lundi des accusations sans "fondement".
Gbagbo a lancé une sévère mise en garde, alors que la Côte d'Ivoire a déjà
été éprouvée par une quasi-guerre civile en 2002-2003.
"Il y aura peut-être un désordre intérieur, une guerre civile en Côte
d'Ivoire, parce que nous n'allons pas nous laisser piétiner notre droit et nos
institutions", a-t-il prévenu.
Son gouvernement avait déjà clairement averti contre une opération de la
Cédéao, en insistant sur la présence sur le sol ivoirien de millions
d'immigrés ouest-africains, qui pourraient être pris à partie.
Lundi à Abidjan, "au nom de Jésus", plusieurs centaines de chrétiennes,
affichant clairement ou plus discrètement leur soutien à Gbagbo, se sont
rassemblées pour prier pour "la paix".
Les craintes de nouvelles violences - 173 morts récemment selon l'ONU, 53
morts depuis fin novembre pour le gouvernement Gbagbo - poussent de plus en
plus d'Ivoiriens à quitter leur pays. Quelque 14.000 ont fui vers le Liberia
depuis un mois, selon l'ONU.