Attaque à répétition contre le régime Ouattara: Qui fait quoi? Ouattara-a-t-il décroché ? Guillaume Soro prend-il les choses en mains ?

Publié le mardi 14 aout 2012 | IVOIREBUSINESS – Guillaume Soro, du haut du perchoir de l’assemblée nationale, semble ne pas être à sa place.
Il donne l’impression de vouloir jouer un rôle sécuritaire de premier

SORO recevant hier Cherif Ousmane et Losseni Fofana, en présence de Photocopie, le frère d'Alassane Ouattara.

Publié le mardi 14 aout 2012 | IVOIREBUSINESS – Guillaume Soro, du haut du perchoir de l’assemblée nationale, semble ne pas être à sa place.
Il donne l’impression de vouloir jouer un rôle sécuritaire de premier

plan depuis les attaques armées à répétition contre le régime d’Alassane Dramane Ouattara, par des combattants armés non identifiés.
Pourtant, en tant que président de l’assemblée nationale, il ne fait plus partie des sécurocrates du régime. Il est le patron du pouvoir législatif ivoirien et doit en principe s’atteler au vote des lois, et non déjouer les coups d’Etat.

C’est pourtant ce qu’il a fait hier lundi 13 août 2012 à son bureau de l'assemblée.
En pleine attaque du poste frontalier de Pékan, dans le département de Toulepleu, par des combattants armés non identifiés sortis de la forêt, il a recu deux chefs de guerre en audience.
Il s’agit du lieutenant-colonel Chérif Ousmane et du commandant Losséni Fofana, venus lui faire le point du front où les FRCI venaient d’être mis en déroute à Toulepleu.

L’audience a eu lieu en présence du ministre des Affaires présidentielles, Ibrahima Ouattara, frère cadet du chef de l’Etat Alassane Dramane Ouattara.
Selon plusieurs analystes, c’est la preuve qu’Alassane Ouattara accorde une importance particulière à l’activisme de Guillaume Soro, qui n’en est pas à son premier coup d’essai.

Durant l’attaque du camp d’Akouedo le 06 août dernier, il avait été le premier à relater les faits sur son blog et à rassurer, bien avant tout officiel du régime.
Puis quelques jours plus tard, il recevait le ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko, pour une sorte d’union sacrée du régime contre les combattants armés non-identifiés, qui ont juré le faire tomber.

Pourquoi Guillaume Soro est-il en première ligne ? Pourquoi un tel activisme ? Qui sont donc les vrais sécurocrates du régime? Quel est le rôle dévolu à Soumaïla Bakayoko, chef d’Etat-major des FRCI, étrangement muet depuis le début des attaques. Est-il une coquille vide ?
De même qu’on se pose la question sur le rôle du ministre délégué à la Défense Koffi Paul Paul, dont le défaillances sautent au grand jour. En effet, après les attaques de Yopougon, d’Abengourou, d’Akouedo, et de d’Agboville, c’est le ministre Hamed Bakayoko qui est monté en première ligne pour donner les conclusions des enquêtes sur les différentes attaques. Beaucoup d’analystes politiques sont surpris qu’un ministre de l’Intérieur, premier flic de Côte d’Ivoire, s’intéresse de trop près à des affaires militaires dévolues en principe au CEMA, à la hiérarchie militaire, et au ministre de la Défense.
Guillaume Soro prépare-t-il un plan B ou est-il encore nostalgique de ses dix ans passées comme chef de guerre à la tête de la rébellion des forces nouvelles? Rien n’est moins sûr. Sent-il le vent souffler ? Certainement, et une fois de plus, il voudrait être du bon côté.

Et en tant que dauphin constitutionnel, il sait qu’il joue gros si une mise à l’écart d’Alassane Ouattara intervenait par coup d’Etat ou par incapacité avérée à gérer les affaires du pays.
Encore faut-il que ce coup soit mené par ses hommes au sein de l’armée, comme le commandant WATTAO, fraichement nommé lieutenant-colonel par Ouattara.
Si le coup d’Etat est mené par les combattants armés non identifiés, inutile de dire que ça pourrait être la fin politique de SORO.

Pendant ce temps là, le chef de l’Etat Alassane Dramane Ouattara reste aussi étrangement indifférent, comme si les choses le dépassaient, n’hésitant même pas à prendre son vol pour l’étranger, là où ses homologues lui conseillent la prudence et le dialogue avec son peuple, pour prendre les choses en mains, et au besoin, changer de politique, par l’abandon du tout sécuritaire et de toute chasse aux pro-Gbagbo.

Avec l’attaque de Toulepleu dont le bilan officiel est d’un militaire FRCI blessé, on assiste à un embrasement généralisé du pays par la multiplication des fronts sur toute l’étendue du territoire.
D’autres sources à Toulepleu parlent néanmoins d’une dizaine de FRCI tués au cours des combats, d’une rare violence.
Pour la survie de son régime, Alassane Dramane Ouattara doit apporter une réponse adéquate aux préoccupations quotidiennes des ivoiriens et tendre réellement la main à l’opposition, dans le cadre d’une réconciliation nationale vraie.
Celle-ci ne devra plus être un slogan, comme le lui a dit en aparté le Président français François Hollande, lors de son audience le 26 juillet dernier à l’Elysée.

S’il ne change pas radicalement de politique, beaucoup d’analystes estiment que son régime ne devrait pas survivre à l’année 2012.

Christian Vabé