LES FRANCS-MAÇONS COMBATTENT-ILS LA CÔTE D'IVOIRE ?
Et si la guerre en Côte d’Ivoire était, outre un conflit sournois entre l’ancien colonisateur français et l’ancienne terre colonisée, une bataille secrète et mystérieuse entre « frères de lumière » et «
Et si la guerre en Côte d’Ivoire était, outre un conflit sournois entre l’ancien colonisateur français et l’ancienne terre colonisée, une bataille secrète et mystérieuse entre « frères de lumière » et «
frères en Christ », entre les différentes loges de la « franc-maçonnerie » et ceux qui contestent leur prédominance, notamment les « chrétiens nés de nouveau » ? Par Théophile Kouamouo .
Etrange à première vue, cette question mérite pourtant de s’y arrêter. D’autant plus que si elle est a priori absente du débat public, elle fait l’objet de commentaires passionnés dans les cercles des « happy few » d’Abidjan. Les observateurs avertis du microcosme s’en rendent compte : quelquefois, des discrets échos de « la guerre dans la guerre » ivoirienne arrivent à la « surface ». Par des petites phrases assassines. Comme par exemple, celle de la Première Dame, Simone Gbagbo, recevant les femmes « méthodistes » de Côte d’Ivoire après Linas-Marcoussis : « Notre pays est la cible de mystiques, particulièrement les francs-maçons ! », affirmait-elle alors. Quelques jours après, la loge « Eau Vive » du « Grand-Orient de France (GODF) », une des principales obédiences maçonniques de France, lui répondait sur son site Internet, mettant en cause sa foi évangélique, proche des « concepts bushiens » (de George W.Bush) et « porteuse de guerre et de mort ». Coïncidence ? Dans la foulée, des portraits particulièrement haineux de Simone Gbagbo paraissaient dans la presse française, après la révélation dans « Le Monde » et « La Croix » d’une étrange « liste onusienne » sur les responsables des « escadrons de la mort » –, dont l’existence était, par ailleurs, contestée par le regretté Vieira De Mello, alors Haut-Commissaire des « Nations unies aux droits de l’homme ».
Lui aussi attaqué régulièrement par une partie de la presse française – celle qui se plaint régulièrement que la Présidence ivoirienne, en proie à une « dérive néopentecôtiste » est « pasteurisée » –, qui le tient pour le « Raspoutine de Gbagbo », le pasteur Moïse Koré, responsable de la « Mission internationale Shekinah Glory », église dont le chef de l’Etat est un des fidèles, et « missi dominici » du chef de l’Etat pour les affaires d’Etat les plus délicates, se plaint, lui aussi, de la persécution maçonnique, mais en des termes plus voilés, dans une interview au quotidien Le Temps, du 13 août 2003. « Moi, je suis un serviteur de Dieu. Je suis dans un milieu qui n'est pas le mien. J'ai la malchance ou le bonheur d'encadrer spirituellement un responsable politique, qui n'entre pas dans les schémas traditionnels des chefs d'Etat africains, allant de fraternité en fraternité. Je suis gênant, c'est aussi simple que ça. Je gêne parce que je parle de Jésus-Christ. Et le président a choisi de marcher avec Jésus-Christ. Ce n'est pas dans le schéma traditionnel : on est initié dans des loges, on est dans des pratiques maraboutiques. En tout cas, ces choses ne me font ni chaud ni froid. C'est le lot quotidien d'un enfant de Dieu : la persécution, les épreuves. Ils peuvent continuer: quand ils seront fatigués, ils vont s'arrêter », affirmait-il.
Alors ? Les francs-maçons font-ils la guerre à la Côte d’Ivoire, sous le faux nez de la rébellion dirigée par Guillaume Soro – qui serait, dit-on, un initié récent ? C’est aller trop vite en besogne que de l’affirmer sans recul ni nuance. En effet, la source de l’influence de la franc-maçonnerie en Afrique – donc en Côte d’Ivoire – appartient à une histoire qu’il est nécessaire de revisiter afin de comprendre.
Théophile Kouamouo