Massacre du camp des réfugiés de Nahibly (Duékoué): Voici pourquoi l’Onuci a laissé les Dozos et les Frci tuer les Wê
Par Le Temps - Pourquoi l’Onuci a laissé les Dozos et les Frci tuer les Wê.
Le 24 juillet 2012 par Le Temps -Si les Casques bleus de l’Onuci ont laissé perpétrer les tueries du camp de Nahibly qui a fait environ 50 morts et 300 disparus, sans porter
secours aux réfugiés, cela s’explique forcément. Voici ce qui pourrait expliquer cette attitude de «non assistance à personne en détresse» du vendredi 20 juillet dernier comme dans les tueries antérieures. «Je n'arrive pas à comprendre ce qui a pu se passer pour que l'Onu n'ait pas réussi à maintenir la foule venue se venger», indiquait quelques heures seulement après l’attaque à l’Afp, le père Cyprien Ahouret. Comme l’opinion nationale et internationale et de nombreuses personnes observateurs avertis et néophytes confondus, le curé de la mission catholique de Duékoué reste perplexe face «au débordement de la foule venue se venger » sans que l’Onuci que l’on dit pourtant spécialisée dans la canalisation des mouvements de foule ne soit capable d’éviter le carnage. Et pourtant, le camp de Nahibly est «gardé depuis sa création par les Casques bleus de l'Onuci", accuse pour sa part le gouvernement ivoirien par le biais de son ministère de la Défense dans un communiqué lu sur la télévision publique Rti. Une attaque d’une rare violence perpétrée, le vendredi 20 juillet dans le camp des réfugiés de Nahibly, par des éléments Frci et Dozos (supplétifs de l’armée ivoirienne d’Alassane Ouattara), a fait plus de 50 morts selon des sources anonymes proches de la Croix rouge basée dans cette ville. Selon des parents de rescapés que nous avons eus téléphone le week-end, la tuerie s’est déroulée au nez et à la barbe des soldats de l’Onuci dont le camp se trouve à quelques pâtés de celui des réfugiés. Et les casques bleus de l’Onuci n’auraient pas agi. Laissant par conséquent les Dozos et les Frci assouvir leur soif de sang. Le Temps est allé plus loin dans ses investigations pour comprendre les motifs de cette non-assistance des personnes en danger ou en détresse. Il résulte de cette morgue des «soldats de la paix», l’information qui véhicule depuis une semaine au sujet de leur mission. En effet elle devient persistante, cette information selon laquelle, une demande de réduction de l’effectif des Casques bleus a été déposée par les bailleurs de fonds devant le Conseil de sécurité et sa validation serait imminente du côté de la Maison de verre à New York. Sur le même sujet, un confrère international révélait dans son édition de la semaine dernière, les tractations entre le président ivoirien, Alassane Ouattara et le Représentant spécial du Secrétaire général de l’Organisations des Nations Unies. Ban Ki Moon a même été briefé à l’effet de le dissuader de réduire l’effectif des casques bleus. La France, selon des indiscrétions, serait à la base d’un rapport accablant pour le pouvoir ivoirien au Conseil de sécurité de l’Onu. Ce pays aurait argué «l’inopportunité » d’un effectif lourd actuellement en Côte d’Ivoire d’autant que la guerre, selon la France, «est finie depuis 2011» et que rien ne peut justifier la présence d’une grande troupe de l’Onu du moins dans son envergure actuelle. Elle – la France - souhaite donc un recadrage de la mission mais aussi de l’effectif onusien en Côte d’Ivoire. Ce qui n’est pas fait pour plaire aux autorités ivoiriennes. le président Ouattara sera en visite d’Etat à Paris le jeudi 26 juillet prochain. Entre autres sujets importants au menu de la rencontre avec le nouveau président Français François Hollande, outre le renforcement de la coopération bilatérale, il y a la coopération militaire entre les deux pays et surtout la question de la sécurité du pouvoir ivoirien. Depuis le départ de l’ami “Nicolas” Sarkozy et l’élection de François Hollande à la présidence française, le fil semble coupé entre la Côte d’Ivoire et la France. Voilà environ deux semaines que le socialiste Hollande qui a vraisemblablement opté pour la rupture, a mis au restreint tous les conseillers militaires français au palais d’Abidjan. Ceux-ci ont été rappelés en France. Ceux qui resteront le seront à titre privé. Depuis cette date et vu la situation de sécurité «préoccupante» de son pays, Alassane Ouattara s’est tourné vers des experts Américains et Israéliens. C’est dans ce contexte, où, «la présence des casques bleus ne se justifie plus en Côte d’Ivoire», selon un diplomate occidental en poste à Abidjan, qu’intervient, vendredi 20 juillet, l’attaque du camp des réfugiés de Nahibly à Duékoué par des supplétifs Dozos et des soldats de l’armée d’Alassane Ouattara. justement dans l’indifférence totale des soldats onusiens. C’est cette posture que les soldats onusiens ont toujours adoptée et c’est ce qui justifie les attaques du 8 juin, de Sakré et de Nigré vers la ville de taï. Cette proximité d’intérêts – celui d’Alassane Ouattara de maintenir coûte que coûte en l’état l’effectif de l’Onuci de préférence le gonfler et, celui des casques bleus de continuer de bénéficier des avantages et des soldes onusiennes en ‘’facilitant’’ malicieusement l’insécurité pour en monter l’indice -, pourrait être l’anguille qui se cache sous la roche des enjeux en Côte d’Ivoire. Malheureusement les populations civiles sont la cible de cette insécurité ambiante. l’ouest ivoirien est la parfaite illustration de ce jeu d’intérêts.
Simplice Allard