A quelques jours du procès du Président Gbagbo: Le pouvoir dérouté, panique déjà. Les aveux d’Amadou Soumahoro
Le 18 juillet 2012 par Le Temps - A l’approche du 13 août prochain, le pouvoir se laisse gagner par une grande fébrilité. Car l’idée d’une probable libération du Président fait aujourd’hui son chemin là-bas.
Le 18 juillet 2012 par Le Temps - A l’approche du 13 août prochain, le pouvoir se laisse gagner par une grande fébrilité. Car l’idée d’une probable libération du Président fait aujourd’hui son chemin là-bas.
«Si Gbagbo est libéré, il ne va même pas franchir Vridi», s’est lâché Amadou Soumahoro, patron par intérim du Rdr. En tant que responsable d’un parti au pouvoir, il aurait dû se passer d’une telle déclaration. Mais le problème est qu’au Rdr, on obéit plus aux émotions... le gardien du temple de Ouattara n’en pouvait pas, vu la grande panique qui s’empare du pouvoir, à l’approche du 13 août, jour du procès du Président Gbagbo, s’est laissé aller à des propos qui montrent que rien ne va véritablement au palais. l’homme s’est alors trouvé obligé de contredire son patron qui affirmait que le Président Gbagbo a été déporté à la Haye, pour une question d’équité. «Il n’y a pas justice plus impartiale que la justice internationale », laisse croire Ouattara sur cette question. Si le Président Gbagbo est donc acquitté le lundi 13 août prochain, le pouvoir devrait en principe, en être fier. Parce que le droit a été dit. Et Ouattara devrait être heureux de n’avoir pas soumis son «frère Laurent» à sa justice partiale sous la pression de Sarkozy. Mais que non. En fait, Amadou Soumahoro démontre que le cas Gbagbo provoque véritablement une grande panique au sommet de l’Etat. A supposer que le Président soit libéré le 13 août, qu’est-ce qu’on fait ? Car tout le monde sait que l’homme ne marchande pas ses convictions au gré des intérêts du jour. Assurément, il reviendra en Côte d’Ivoire, son pays, parce qu’il a été blanchi devant le monde entier. C’est là où se trouve toute la grande peur du pouvoir qui ne veut pas affronter l’homme. Car Ouattara sait dans quelles conditions il est arrivé au palais. Mais si Gbagbo ne doit pas franchir Vridi, ou ira-t-il ? Il y a de quoi à s’inquiéter, connaissant les méthodes du Rdr et d’Amadou Soumahoro. N’est- ce pas lui qui disait que «tous ceux qui s’attaquent à Ouattara iront au cimetière »? le tout se comprend bien… Déjà, lors de sa dernière visite aux Usa, le Premier ministre Ahoussou Jeannot avait mis les pieds dans les plats. «Si Gbagbo est libéré, nous aviserons », avait-il lâché au pays de l’Oncle Sam, entre deux fiascos. A la Cpi, Ouattara comptait sur le soutien de son parrain Sarkozy pour maintenir le Président Gbagbo loin des siens. Depuis sa débâcle aux dernières élections en France, tout change du côté de cette cour. les charges montées par le Rdr se révèlent être de grossiers montages qui puent la haine et la manipulation. Et ce parti met même aujourd’hui à l’aise, tous ceux qui doutaient encore de la crédibilité des preuves d’Ocampo l’ex-Procureur de la Cpi. «Gbagbo sera devant la Cpi pour la confirmation des charges. Nous avons travaillé sur le terrain et mis à la disposition de la Cpi, des preuves, des auditions, et autres films pour que Gbagbo soit condamné pour ce qu’il a fait», révèle Me Soungalo Coulibaly secrétaire national aux droits de l’Homme au Rdr, devant les militants chauffés à blanc dans la commune d’Anyama. Ce n’est donc pas aller vite en besogne, en affirmant qu’Ocampo n’a fait que compiler des coupures de la presse proche de Ouattara et les ragots qui alimentent les causeries anti-Gbagbo de la Rue lepic. On se rappelle que dans la préparation du 18 juin passé, le Rdr avait promis de se faire entendre et de se faire voir dans les rues de la Haye. Une manière pour eux d’apporter la contradiction à la galaxie patriotique africaine qui occupe le terrain en Occident depuis la déportation du Président Gbagbo à la Haye. tout avait été planifié et mis en place avec la bénédiction de la Droite, alors au pouvoir en France. Car Sarkozy en ce moment tout puissant maître de l’Elysée acceptait mal que les partisans de Ouattara n’arrivaient pas à apporter la contradiction aux patriotes africains dans la bataille de la Haye. Mais depuis la chute de ce parrain, tout ce projet a été rangé au placard. le 18 juin passé, l’Afrique a donc été surprise de ne pas voir de pro-Ouattara dans cette ville hollandaise pour faire entendre la voix des bourreaux. Alors que les autorités de cette ville leur avaient pourtant réservé un espace situé à 7 km du lieu de la prison, qui est le point même de ralliement des pro- Gbagbo. En réalité, il n’y a pas eu de manifestants, parce que la cause n’est pas juste. Et depuis la chute de Sarkozy, les hommes de Ouattara évoquent de moins en moins, des meetings à la Haye. Le pouvoir joue désormais la carte d’Abidjan. Des délégations sont déjà sur le terrain dans plusieurs communes de la capitale. l’objectif est d’amener les militants de ce parti à prendre la rue dans la journée du 13 août. le tout étant de les présenter comme des victimes de Gbagbo. le pouvoir le fait au moment où il accentue paradoxalement la répression contre les proches du Président Gbagbo qui voudraient manifester le 13 août prochain. le 13 août, il y aura donc un grand spectacle comme le pouvoir aime bien le servir aux Ivoiriens. Des prétendues victimes seront déversées dans les rues d’Abidjan, dans le but d’émouvoir ainsi l’opinion.
Guehi Brence