AFFAIRE COUP D’ETAT DÉJOUÉ PAR LE REGIME OUATTARA EN CÔTE D'IVOIRE: ENFIN, TOUTE LA VÉRITÉ !

Le 02 juillet 2012 par IVOIREBUSINESS - Un collaborateur des services secrets français témoigne :

Les preuves d'Hamed Bakayoko sur RTI1.

Le 02 juillet 2012 par IVOIREBUSINESS - Un collaborateur des services secrets français témoigne :

«Je me nomme L.R. Je suis un collaborateur des services de renseignements militaires français, j’ai séjourné en Afrique de l’ouest, notamment dans le triangle Ghana- Togo-Benin, de mai 2011 à février 2012, soit 3 trimestres, à épier les militaires ivoiriens ayant servi sous le régime de Laurent Gbagbo et qui sont exilés dans ces trois pays, depuis avril 2011. Cette mission entrait dans le cadre de la protection que l’Elysée, sous le Président Nicolas Sarkozy, apportait au nouveau pouvoir ivoirien.

Je connaissais déjà bien le Ghana pour y avoir effectué plusieurs missions, courant 2005-2006, ainsi que le Togo, tellement si proche qu’on a parfois le sentiment d’être dans le même pays que le Ghana. Par contre, je connaissais moins le Bénin. Mes relations personnelles au Ghana étaient plus nombreuses que celles au Togo, et presque quasi inexistantes au Bénin où je devais établir de nouvelles connexions. Je n’eus donc aucun mal à infiltrer courant août 2011, les soldats ivoiriens exilés Ghana et au Togo, dont la plupart sont des militaires et des policiers. Très peu de gendarmes. Il y a beaucoup de soldats du rang, des Sous-officiers, mais également quelques officiers et des officiers supérieurs, qui ont tous en commun leur engagement farouche auprès de Monsieur Gbagbo, lors de la guerre de mars-avril 2011 en Côte d’Ivoire.

A partir de juillet 2011, il se murmure des projets de vengeance des soldats attachés à Laurent Gbagbo. Mais ceux que je côtoie, même si, par amertume, ils semblent ne pas désapprouver un tel projet au vu du climat social qui prévaut en Côte d’Ivoire, ils me donnent plutôt l’impression d’être préoccupés beaucoup plus par leurs propres conditions existentielles, dans un pays, le Ghana par exemple, où le loyer se paie par annuité, et où beaucoup d’entre eux sont arrivés sans un seul centime en poche, que par une quelconque vengeance. En vérité, ils n’en ont pas les moyens. En novembre-décembre 2011, avec le transfèrement de Monsieur Gbagbo d’une prison du nord de la Côte d’Ivoire à la Cpi, à La Haye, la tension monte du côté des soldats en exil et des civils pro-Gbagbo qui vivent dans ces pays, dont la plupart sont dans des camps de réfugiés aménagés par ces Etats.

L’idée de faire quelque chose contre le pouvoir de Monsieur Ouattara circule au sein des soldats exilés. Mais le manque de moyens étant crucial, l’idée finit par s’estomper. Et la vie reprend son cours habituel. C’est en ce moment que surgit un curieux individu que je connaissais depuis longtemps. Un homme trapu, les cheveux grisonnants, de nationalité ghanéenne, nommé Chikata.

Ayant pris le soin de s’attacher l’amitié de certains soldats ivoiriens exilés dans son pays, il les approche pour leur soumettre un plan de déstabilisation. Monsieur Chikata est un ancien officier de l’armée ghanéenne. Il est le patron d’une société de sécurité privée à Accra. Il dit disposer d’hommes et de réseaux conséquents pour la besogne, y compris des ex-rebelles qui en voudraient à Monsieur Ouattara pour contrats divers non honorés. Mais il y a une note à payer : 120 millions de Fcfa. En chœur, les soldats ivoiriens en exil lui rétorquent qu’ils n’ont pas d’argent. Certains lui disent ouvertement qu’ils ne veulent pas déstabiliser leur pays. D’autres se montrent réservés.

Cela a visiblement encouragé Chikata. Quelques jours plus tard, il revient à la charge en faisant de nouvelles propositions : il finance lui-même et fait exécuter le coup d’Etat. Une fois le coup réussi et les soldats au pouvoir, ils lui remboursent, le double de son investissement et lui accorde d’autres avantages. La majorité des soldats refusent toujours de mordre à l’hameçon. Mais certains d’entre eux tombent dans le piège. A ceux-là, Chikata propose l’enregistrement d’une vidéo de prise de pouvoir au sein des locaux de son entreprise. Il fournit lui-même les tenues militaires devant servir à l’enregistrement. Un bureau est aménagé et décoré par lui, avec le drapeau ivoirien. La mention Union- Discipline-Travail qu’il avait initialement plaquée sur le mur est décollée, au motif qu’une telle mention n’existe pas dans aucun studio de la télévision ivoirienne où la déclaration est censée avoir été enregistrée et sera diffusée après la prise de pouvoir.

Il propose également une déclaration pré-rédigée que les soldats exilés appâtés corrigent par la suite. Puis la déclaration est faite avec pour porte-parole le colonel Katé Gnatoa, un ex-intendant des armées en Côte d’Ivoire. Problème : certains soldats exilés qui avaient pourtant donné leur Ok deviennent méfiants à la dernière minute. Alors, bien que présents lors de l’enregistrement de la déclaration, ils refusent de porter les tenues militaires mises à leur disposition par Chikata et d’apparaître dans la vidéo, parce qu’ayant quelques appréhensions sur la crédibilité du projet. Le colonel Katé et quelques-uns y croient toujours. Après le tournage, Chikata décide de garder la cassette jusqu’à la réalisation du projet. Refus catégorique des soldats exilés appâtés qui ont pourtant participé à l’enregistrement. «La cassette restera aux mains du colonel Katé Gnatoa», disent-ils. Il en sera ainsi jusqu’à ce que deux semaines plus tard, Chikata, que je connaissais depuis longtemps, m’invite à effectuer un voyage sur Abidjan…

Mes supérieurs en France sont informés au quotidien par mes soins, de tous ces évènements, sauf de mon voyage pour Abidjan. Dont Chikata ne me donne pas les vraies raisons. Il me demande de l’accompagner pour «affaires importantes». Et me remets d’ailleurs 800 euros comme argent de poche pour le voyage.

A Abidjan, ville magnifique que je redécouvre, je suis logé au splendide Pullman Hôtel dans le quartier des affaires du Plateau, tandis que Chikata est à l’Hôtel Horizon, situé non loin du siège du Pdci-Rda, ai-je constaté, dans le quartier chic de Cocody. Je suis surpris du fait qu’on doit loger séparément. Chikata me répond que cela obéit à une stratégie et qu’il a une grosse surprise pour moi. Pendant quelques jours, nous sillonnons Abidjan : bars, night clubs, restaurants chics…en somme une vie de bamboula qui m’étonne de plus en plus. A bord d’une grosse cylindrée avec chauffeur mise à notre disposition par des « amis » de Chikata. Dont il promet de me révéler les identités.

Un soir, Chikata demande à me parler. On se rend dans ma chambre au Pullman Hôtel. L’air très sérieux. Il me dit que c’est l’unique chance que m’offre la vie pour devenir riche. Je l’écoute. Il a besoin de moi, dit-il. En fait, m’explique- t-il, tout ce qui s’est passé à Accra était une mise en scène visant à piéger des officiers et soldats ivoiriens en exil au Ghana. Il ajoute que tout a été planifié avec l’accord du pouvoir ivoirien. Qu’il n’y a jamais eu de coup d’Etat en préparation. Qu’il est en contact très avancé avec des proches collaborateurs du régime de Monsieur Ouattara. Il cite le ministre de l’intérieur, Monsieur Hamed Bakayoko. Il prétend que Monsieur Ouattara projette de faire arrêter tous les officiers et soldats ivoiriens en exil pour éviter toute surprise.

Mais il faut au préalable leur coller des accusations qui puissent justifier leur arrestation. C’est pour cela qu’il voulait garder la vidéo de la déclaration des soldats exilés pour la présenter aux autorités ivoiriennes. Il est donc embêté parce qu’il n’a pas la vidéo. Il a besoin de moi, non seulement pour témoigner pour lui, concernant l’existence de ladite vidéo, mais en plus pour faire croire au ministre Bakayoko que je suis un mercenaire français que ces officiers et soldats ivoiriens en exil ont recruté pour préparer un coup d’Etat contre le pouvoir ivoirien et que je venais ainsi les dénoncer. Il me rassure qu’on s’en sortira avec un gros pactole pour notre retraite. J’hésite. Parce que je suis rentré en Côte d’Ivoire sans visa. Et Monsieur Ouattara a des liens très étroits avec le Président Sarkozy et les services de renseignement français. De plus, le pays abrite une base militaire française. Je peux me retrouver dans la merde ! Je refuse donc. J’invite plutôt Chikata à retourner au Ghana afin de bien peaufiner notre scénario. Mon insistance a eu raison de lui.

Quelques jours après notre retour à Accra, Chikata m’informe d’un deuxième projet sur lequel il dit travailler et pour lequel il veut me prendre comme associé. Il déclare être en contact avec un ancien ministre de Monsieur Gbagbo qui s’appelle Lida Moïse, qui vit exilé à Lomé. Il dit avoir proposé à ce Monsieur d’accepter que lui, Chikata, organise un coup d’Etat en Côte d’Ivoire à son profit. Et pour ce faire, il doit présenter des financiers chinois à M. Lida Moïse. Chikata souhaite me présenter à ce Monsieur Lida Moïse que je n’avais jamais rencontré comme un français de la gauche, socialiste comme lui, qui souhaite soutenir financièrement son projet. Mais là aussi, je me dis qu’un tel Monsieur connaît forcément des membres influents de la gauche française. Donc je pourrais encore être très vite découvert. Une fois encore je refuse.

Entre temps, à Accra, fin février 2012, les soldats ivoiriens en exil qui ont participé à l’enregistrement avec Chikata sont désormais divisés. Certains d’entre eux demandent la destruction de la vidéo. Le colonel Katé Gnatoa s’y oppose. Avec empressement, Chikata qui ne veut nullement entendre parler de la destruction de la vidéo parce qu’elle va lui permettre d’empocher plein d’argent à Abidjan, «exfiltre» le colonel Katé de son hôtel d’Accra vers la ville de Takoradi, à environ 200 kilomètres de la frontière ivoirienne. Précision de taille, le colonel Katé ignore qu’il est pris dans un piège. A Takoradi, Chikata lui fait croire qu’il vient de rentrer d’Abidjan où il a tout planifié.

Le coup d’Etat peut donc être exécuté en toute sérénité. Il remet même un peu d’argent au colonel pour ses petits besoins avant son entrée en action. Un million de Fcfa, m’a-t-il dit. Il loue des véhicules et une pirogue à moteur. Le déplacement vers
la Côte d’Ivoire devra se faire par voie d’eau. Bien qu’ayant rejoint «l’opération» à Takoradi, je prends le soin, cette fois-ci, d’informer mes supérieurs hiérarchiques en France de la situation. En leur disant qu’aucun coup d’Etat ne se prépare ni d’Accra ni d’ailleurs. Je leur avoue mon voyage en Côte d’Ivoire et les confidences de Chikata. L’ordre m’est donné de tout arrêter et de rentrer immédiatement en France, parce que les élections présidentielles vont se tenir et je dois y travailler.

Avec un brin d’amertume et de goût d’inachevé, je retourne en France par le premier vol qui s’offre à moi. Mais à mon grand étonnement, depuis mon retour à Paris, je suis curieusement mis à l’écart. Ignoré. Les campagnes pour les élections présidentielles se sont déroulées sans qu’on ne m’adresse la moindre note. Aucune mission. Une sorte de retraite anticipée, même si je ne figure pas au tableau des effectifs officiels. Personne ne me reçoit. Personne ne me décroche au téléphone. Et lorsque j’ai vu sur internet de larges extraits de l’émission télévisée du ministre Bakayoko avec la fameuse vidéo du colonel Katé, je me suis dit : «ça y est, le rouleau compresseur est en marche !». Et là, j’ai eu un état de conscience. Je sais ce qui s’est passé. Je sais comment cette opération a été montée par le pouvoir ivoirien avec la complicité de Chikata.

J’aurais quelque part des remords à voir ces personnes piégées et torturées croupir en prison en Côte d’Ivoire alors qu’elles n’ont rien fait. Je me suis dit qu’il n’est pas encore trop tard pour faire quelque chose. Et j’ai fini par prendre une décision : il faut que la vérité se sache ! C’est le but de ce témoignage que j’envoie à une presse que je sais courageuse, déterminée et capable de le publier. J’espère que les médias ivoiriens qui recevront mon témoignage le publieront sans le modifier et sans en rajouter une ligne. Ce que je peux souhaiter pour ce beau pays que j’ai eu à visiter, c’est la paix et la réconciliation».

Fait à Paris, le 16 juin 2012
Par L.R. Collaborateur des services de renseignements militaires français