Côte d'Ivoire: Plus d’un an après la crise post-électorale, La bombe du désarmement resurgit La mise en garde de Soro
Le 29 mai 2012 par L'Inter - Les armes inquiètent à nouveau. Plus d’un an après la crise post-électorale, les autorités ivoiriennes sont de plus en
Le 29 mai 2012 par L'Inter - Les armes inquiètent à nouveau. Plus d’un an après la crise post-électorale, les autorités ivoiriennes sont de plus en
plus préoccupées par le désarmement, la démobilisation et la réinsertion (DDR) des ex-combattants.
Une situation aggravée par la crise post-électorale, où des milliers d’armes de guerre ont circulé et sont encore détenues par de nombreux ex-combattants. Ce processus DDR (Désarmement, démobilisation et réinsertion) a toujours laissé, il faut le dire, un goût d’inachevé dans sa mise en œuvre, depuis l’accord de Linas Marcoussis. Il a très souvent buté contre le manque d’argent ou encore contre la volonté des camps belligérants, qui tenaient à garder ces engins de guerre comme moyen de pression sur le camp adverse.
Passées les élections présidentielles et la sanglante guerre qui en a découlé, le processus DDR resurgit et s’annonce comme une véritable bombe à retardement qui peut exploser à tout moment et compromettre le climat de paix qui règne sur la Côte d’Ivoire, si rien n’est fait pour la désamorcer.
Dans une récente déclaration au cours de la cérémonie de lancement des activités de l’Agence nationale de formation professionnelle (Agefop) à Bouaké, l’ancien Premier ministre et chef de l’ex-rébellion Guillaume Soro avait tiré la sonnette d’alarme, en ce qui concerne le désarmement et la réinsertion des ex-combattants. « Il vaut mieux apporter des solutions, à mon humble avis, que de les (les ex-combattants ndlr) stigmatiser. Car si rien n’est fait pour former convenablement ces jeunes et pour leur procurer de réels débouchés dans le monde du travail grâce à un apprentissage adapté et ciblé sur les besoins effectifs des entreprises, comment espérer qu’ils puissent retrouver l’espérance ?», s’est interrogé le président de l’Assemblée nationale.
Et de mettre en garde en ces termes : « Si rien n’est fait, il ne faudra pas s’étonner que la fleur de l’âge ne produise point de fleur, mais qu’elle sombre, au contraire, dans la violence et la désespérance ». En clair, Guillaume Soro craint que l’échec du processus DDR ne fasse basculer à nouveau la Côte d’Ivoire dans la violence. Une violence qui pourrait être entretenue par les ex-combattants qui n’auraient pas été désarmés et réinsérés.
Le chef de l’État dans l’embarras
Outre cette mise en garde de l’ancien chef du gouvernement, le président de la République Alassane Ouattara s’est lui-même montré très embarrassé par la question de la réinsertion des ex-combattants démobilisés. Au cours de l’entretien qu’il a accordé à Radio France internationale (Rfi) le dimanche 20 mai dernier, le président Ouattara a avoué la délicatesse de la question des ex-combattants et les soucis que cela lui pose. « Il y a une dizaine de milliers (d’ex-combattants) intégrés dans l’armée. Mais le gros (toujours des ex-combattants) reste à démobiliser. Et cela, c’est un souci que j’ai, et sur lequel je suis en train de travailler (…) On ne peut pas prendre tous ces 40000 ou 50000 jeunes dans l’armée », avait déclaré le chef de l’Etat. Que faire donc de tous ces ex-combattants qui ne seront pas absorbés par la nouvelle armée ivoirienne ? L’État arrivera-t-il à prendre en compte dans un programme de réinsertion tous ceux qui ne pourront pas franchir les portes de la grande muette ? Des questions qui méritent beaucoup d’attention de la part des gouvernants, ce d’autant plus que les nombreux cas de braquages, de coupeurs de route et autres attaques à mains armées sont imputés aux ex-combattants désœuvrés et non réinsérés. Pour sa part, le coordonnateur du programme national de réinsertion et de réhabilitation communautaire (Pnrrc), Daniel Kossomina Ouattara, s’est voulu clair sur la question. Il avait déploré le manque de moyens financiers dont souffre sa structure pour faire face à la réinsertion des ex-combattants et la multiplicité d’organismes qui travaillent également dans ce domaine. Cela crée une sorte de conflit de compétences entre les structures, qui bloque le processus de réinsertion. Et pourtant, les experts en DDR, qui ont des expériences avérées dans ce domaine pour l’avoir conduit dans d’autres pays, soulignent sans sourciller, que la paix dépend d’une réinsertion efficace et réussi des ex-combattants.
Hamadou ZIAO