CPI: 80 ans de prison requis contre Charles Taylor
AMSTERDAM (AP) — Le procureur général du Tribunal spécial pour le Sierra Leone (TSSS), Brenda Hollis, a requis jeudi une peine de 80 ans de prison à l’encontre de l’ancien président du Liberia Charles Taylor. Il a été
AMSTERDAM (AP) — Le procureur général du Tribunal spécial pour le Sierra Leone (TSSS), Brenda Hollis, a requis jeudi une peine de 80 ans de prison à l’encontre de l’ancien président du Liberia Charles Taylor. Il a été
reconnu coupable le 26 avril de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité pour avoir soutenu, en échange de « diamants du sang », les rebelles sierra-léonais qui ont perpétré des atrocités pendant la guerre civile de 1991-2002.
Une peine d’emprisonnement de 80 ans « reflèterait le rôle essentiel que M. Taylor a joué dans des crimes d’une ampleur et d’une gravité extrêmes », a expliqué Brenda Hollis dans son réquisitoire. Le verdict est attendu le mois prochain.
Agé de 64 ans, Charles Taylor est le premier ancien chef d’Etat reconnu coupable par la justice internationale depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Le seul autre à avoir été condamné par la justice internationale -en l’occurrence par le tribunal militaire de Nuremberg- est le commandant en chef de la marine allemande, Karl Dönitz, après avoir brièvement dirigé l’Allemagne à la suite du suicide d’Adolf Hitler en 1945.
Le président du tribunal Richard Lussick a déclaré le 26 avril que les procureurs avaient prouvé au-delà du doute raisonnable que Charles Taylor était « pénalement responsable » d’avoir aidé et soutenu les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) pendant la guerre civile de 1991-2002.
Il a évoqué un soutien « durable et significatif », notant que l’ancien seigneur de la guerre, devenu par la suite président du Liberia, avait fourni aux rebelles, des armes, munitions, matériel de communications et de planification.
Les juges n’ont pas retenu en revanche sa responsabilité dans le processus de commandement, estimant qu’il n’avait pas de contrôle direct sur les rebelles qu’il soutenait. La guerre civile en Sierra Leone, qui a pris fin en 2002, a fait plus de 50.000 morts. De très nombreux survivants portent des cicatrices de la guerre, tant sur le plan moral que physique. Des rebelles, entre autres exactions, ont coupé des membres de beaucoup de leurs victimes.
Source AP
L'ACCUSATION "RECOMMANDE" UNE PEINE DE 80 ANS DE PRISON CONTRE CHARLES TAYLOR
LA HAYE (AFP) - 03.05.2012 20:25
L'accusation "recommande" une peine de 80 ans de prison contre l'ancien président du Liberia Charles Taylor, reconnu coupable le 26 avril de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis en Sierra Leone, a annoncé jeudi le bureau du procureur
"L'accusation recommande une peine globale de 80 ans de prison", a indiqué le bureau du procureur du Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) dans un document rendu public jeudi, rappelant que la peine à l'encontre de M. Taylor sera prononcée par les juges le 30 mai au cours d'une audience publique.
"La peine recommandée est appropriée pour refléter le rôle essentiel que M. Taylor a joué dans des crimes d'une portée et d'une gravité extrêmes", a ajouté la même source, énumérant les 11 chefs d'accusation, meurtre, viol, pillage, notamment, dont l'ex-président a été reconnu coupable.
Charles Taylor, 64 ans, qui plaidait non coupable, purgera sa peine en Grande-Bretagne en vertu d'un accord avec le TSSL. L'accusation et la défense doivent exprimer leur opinion sur la peine de M. Taylor au cours d'une audience publique le 16 mai devant le TSSL.
L'ancien président du Liberia était devenu le 26 avril le premier ex-chef d'Etat condamné par la justice internationale depuis qu'après la Seconde Guerre mondiale le tribunal militaire international de Nuremberg avait jugé 24 des principaux responsables nazis, en étant reconnu coupable de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis en Sierra Leone entre 1996 et 2002.
Président du Liberia de 1997 à 2003, Charles Taylor a selon les juges "aidé et encouragé" une campagne de terreur ayant visé à obtenir le contrôle de la Sierra Leone, dans le but d'exploiter ses diamants, pendant une guerre civile qui a fait 120.000 morts dans ce pays entre 1991 et 2001.
L'ex-président libérien a joué un rôle "crucial" dans les viols, meurtres et actes inhumains, notamment, commis en Sierra Leone par les rebelles sierra-léonais du Front révolutionnaire uni (RUF), en leur fournissant armes et munitions en échange de diamants.
Les juges ont toutefois estimé que s'il avait eu "une influence significative" sur le commandement du RUF, cette "influence significative ne signifie pas qu'il avait le commandement ou le contrôle effectif".
"Sans la conduite criminelle de Charles Taylor, des milliers de gens n'auraient pas eu les membres amputés, n'auraient pas été violés, n'auraient pas été tués", a cependant soutenu le bureau du procureur.
Le TSSL ne prononce pas de peine de prison à vie, mais fixe un certain nombre d'années de prison. Le tribunal a déjà condamné à Freetown huit accusés pour des crimes commis en Sierra Leone à des peines allant de 15 à 52 ans de prison.
Le procès de M. Taylor, interpellé en 2006 au Nigeria, s'était ouvert le 4 juin 2007 et achevé le 11 mars 2011.
"La peine recommandée fournit une réponse juste et appropriée aux outrages subis par les victimes, leurs familles et proches, le peuple sierra-léonais et le monde, en raison de ces crimes", a conclu l'accusation.
Le procès de M. Taylor avait été délocalisé à Leidschendam, près de La Haye, par le Conseil de sécurité des Nations unies, qui craignait que la présence de l'ex-président dans la capitale sierra-léonaise ne soit une menace pour la stabilité de la région.
AFP