Entretien / Dozo Fofana Vakossa, membre du Codoz-Ci : ‘’Mes vérités sur l’attaque de Taï’’
Publié le vendredi 4 mai 2012 | L'intelligent d'Abidjan - Moins d’une semaine après la visite d’Etat du président de la République dans le District de Man, des attaques meurtrières ont été perpétrées par des hommes en armes à Sakré dans le département de Taï. Pour savoir ce
Publié le vendredi 4 mai 2012 | L'intelligent d'Abidjan - Moins d’une semaine après la visite d’Etat du président de la République dans le District de Man, des attaques meurtrières ont été perpétrées par des hommes en armes à Sakré dans le département de Taï. Pour savoir ce
qui s’est réellement passé à Taï ce jour-là, L’Intelligent d’Abidjan a interrogé Fofana Vakossa, alias Karamoko Dozo, membre de la Confrérie Dozo de Côte d’Ivoire (Codoz-Ci), par ailleurs responsable du Codoz-Ci de San-Pedro 2.
Combien sont les assaillants qui ont attaqué Sakré ?
On ne peut pas les dénombrer puisque nous étions dans le feu de l’action. Une chose est certaine, on peut les estimer à une soixantaine de personnes. Certains avaient des armes de guerre et d’autres, des armes blanches. Ils ont attaqué la population nuitamment vers une heure du matin. Les éléments de la confrérie des dozos étaient sur place sous la direction du dozoba local, Solo. C’est cet homme qui a mobilisé ses troupes pour venir appuyer les FRCI locales. Les affrontements ont continué toute la journée du mercredi 30 Avril 2012 et 7 assaillants ont été arrêtés. Les jours suivants, d’autres personnes ont été arrêtées par des éléments dozos et remises à la gendarmerie de Taï.
Qui étaient ces assaillants réellement ?
Ce sont des jeunes de la région, qui ont fondé une bande armée appuyée d’anciens rebelles libériens qui sévissent dans la région.
Comment expliquez-vous que des jeunes de la région, puissent accepter d’attaquer leurs propres parents ?
Il y a le problème foncier qui constitue l’un des sérieux problèmes qui minent la région. Ces attaques à répétitions sont liées à ce problème là. Pourtant, ce sont des terres qui ont été vendues par leurs propres parents aux allogènes. C’est un problème récurrent. Voilà pourquoi des jeunes de la région viennent attaquer les populations allogènes.
Vous êtes à Sakré depuis février, comment se fait la collaboration entre vous, dozos et la population ?
Nos éléments n’ont pas de problème avec la population. Les dozos travaillent pour la sécurisation de la population. Quand il y a des attaques de ce genre, ils interviennent pour ramener de l’ordre en collaboration avec les FRCI. Ils ne terrorisent pas la population en tout cas. Mais le véritable problème, c’est qu’il y a des personnes en armes sans mandat de perquisition, qui viennent arracher les armes aux dozos. Ils disent agir au nom de l’Etat. Et quand c’est comme ça, les miliciens et les mercenaires sont encouragés et continuent de commettre des exactions sur les populations civiles qui payent le lourd tribut à chaque passage des assaillants. On se demande pourquoi après chaque désarmement des dozos par des gens en armes, on assiste à des attaques dans le département. Nous disons qu’il y a anguille sous roche. En plus de cela, ici à Taï, nous sommes limités dans nos actions par la précarité des routes et l’absence de réseaux de téléphonie mobile qu’on retrouve par endroit. Ce qui nous complique la tâche parfois.
Vous dites qu’il n’y a pas d’accrochage entre vous et les populations. Pourtant des voix se sont élevées contre vous lors de la visite du président de la République récemment à l’Ouest.
C’est tout à fait normal que des voix s’élèvent contre les dozos, puisque ces ethnies locales nourrissent des vengeances. La confrérie dozo les empêche d’exécuter leurs desseins. Si vous avez une idée funeste en tête et que quelqu’un vous empêche de la réaliser, vous ne pouvez pas l’aimer. Sinon, en principe, il n’y a pratiquement rien entre les populations et les dozos. Ceux qui disent que les dozos les empêchent d’aller dans leurs plantations ne disent pas la vérité.
Avant, on retrouvait les dozos dans la brousse à la recherche de gibiers et ils étaient craints par la population. Aujourd’hui, ils sont un peu partout, dans les villages, dans les villes et même à Abidjan. N’est-ce pas là, une façon de désacraliser la confrérie?
Ce n’est pas une dépravation de notre tradition d’être au village ou en ville. Si nous sommes dans ces lieux dont vous parlez, nous y sommes simplement pour assurer la sécurité des biens et des personnes et participer au développement des différentes régions du pays. Notre présence est rassurante pour les populations qui sont chaque fois traquées par les miliciens et autres mercenaires en quête de vengeance.
Dosso Villard