Yopougon: Mouvements suspects de la Licorne
Publié le samedi 22 octobre 2011 | Le Temps - Une forte patrouille de la Force Licorne a sillonné, le jeudi 20
Publié le samedi 22 octobre 2011 | Le Temps - Une forte patrouille de la Force Licorne a sillonné, le jeudi 20
octobre dernier, plusieurs quartiers de la commune de Yopougon. Le cortège de véhicules militaires français a été aperçu au quartier Ananeraie, s’ébranlant vers l’immeuble Félicia près de la Copec, qui est toujours occupé par les Frci. Ce mouvement jugé suspect par la population intervient quelques jours après la répression du meeting de la Jfpi à la place Cp1 de Yopougon. On sait que c’est l’armée française qui a planifié les violences orchestrées contre les militants du Fpi lors de cette rencontre, même si ce sont les hommes de Ouattara qui les ont exécutées sur le terrain. Les habitants de la commune voient là une mission de surveillance des alentours du «lieu du crime». Ils n’ont pas tort, car, selon des sources bien introduites, la Licorne se ferait voir à Yopougon dans un double but de dissuasion, à la demande de Ouattara qui a perdu sa sérénité à plus d’un titre. D’une part, la vue de la Force Licorne devrait, selon les calculs du pouvoir, refroidir l’ardeur mobilisatrice du Fpi à Yopougon, histoire d’éviter qu’une vague de contestation populaire ne s’y dessine pour protester contre la dictature du mentor du Rdr. D’autre part, les militaires français seraient chargés de garder un œil sur les fortes têtes trop turbulentes des Frci, à un moment où la nouvelle mouture des enquêtes sur les crimes de sang en Côte d’Ivoire se présente plutôt mal pour son régime. Dans la mesure où elles vont remonter aux génocides commis par les rebelles depuis 2002. Sur ce sujet délicat, on n’ignore pas que Ouattara et ses chefs de guerre sont au bord de la rupture. L’homme doit faire face à une grogne qui s’intensifie au niveau des Frci à propos des enquêtes de la Cpi. Alors que l’affaire Wattao, qui serait en rupture de ban avec le pouvoir, est en suspens. Après le cas IB qui a connu une fin tragique. Les ex-rebelles n’admettent pas que les cols blancs du régime et la France veuillent les livrer, eux et leurs chefs, pour sauver les vraies têtes concernées. A savoir Ouattara et Guillaume Soro. Autant dire que le nouvel homme en place éprouve d’intenses migraines quant aux «solutions» à trouver sur le dossier des crimes de guerre de ses hommes qui remontent au coup d’Etat manqué du 19 septembre 2002 qui s’est transformé en une rébellion armée dirigée, à l’époque, par l’actuel Premier ministre. Autant de soucis qui avaient amené Ouattara à demander officiellement à la France, lors de la visite du Premier ministre français à Abidjan en juillet 2011, de maintenir ses troupes en Côte d’Ivoire pour assurer la sécurité de son pouvoir. Alors que celles-ci n’ont plus rien à faire ici. Ce à quoi François Fillon avait répondu, lors du point de presse conjoint animé par les deux hommes, que : «la France n’a pas vocation à assurer la sécurité du territoire ivoirien». Mais le tuteur peut-il lâcher son poulain après le parcours qu’ils ont effectué ensemble pour leurs intérêts partagés ? Pertinente question.
K. Kouassi Maurice