USA : Dernier débat présidentiel Obama-Romney sur la politique étrangère, mais n'oublient pas l'économie!

Le Monde.fr | 23.10.2012 à 04h44 • Mis à jour le 23.10.2012 à 07h11 - Le troisième et dernier débat entre Barack Obama et Mitt Romney a traité depolitique étrangère, comme cela était prévu, mais à chaque question, les

Obama-Romney le lundi 22 octobre 2012, lors de leur 3e débat sur la politique étrangère.

Le Monde.fr | 23.10.2012 à 04h44 • Mis à jour le 23.10.2012 à 07h11 - Le troisième et dernier débat entre Barack Obama et Mitt Romney a traité depolitique étrangère, comme cela était prévu, mais à chaque question, les

deux candidats revenaient inexorablement à la situation économique du pays, preuve que cette question reste la principale préoccupation de l'électorat. M. Romney a ainsi rappelé à plusieurs reprises que la sécurité des Etats-Unis dépendait avant tout de sa puissance économique, alors que M. Obama a considéré que le "nation building" prôné par son prédécesseur George W. Bush avait été privilégié au détriment de la construction économique nationale. Un certain nombre de dossiers diplomatiques ont tout de même été abordés, de la Libye à l'Iran en passant par l'Afghanistan et la Chine.
En filigrane, il s'agissait pour chacun des candidats d'exposer le rôle des Etats-Unis dans le monde et les principaux risques de sécurité pour le pays. Pour Barack Obama, la plus grande menace qui pèse actuellement sur le pays ce sont"les réseaux terroristes". Pour Mitt Romney, il s'agit d'un Iran en possession de la bombe nucléaire. Pendant le débat, le président sortant a défendu son bilan diplomatique, rappelant qu'il avait organisé le retrait d'Irak et abattu Oussama BenLaden. Son rival a estimé que les Etats-Unis avaient perdu de leur influence depuis quatre ans, en raison de la "faiblesse" affichée par la Maison Blanche.
M. Obama : "A chaque fois que vous avez exprimé une opinion, vous avez eu tort." Plus percutant, parfois même hautain dans ses interventions, Barack Obama a tenté de mettre en lumière les contradictions de son rival sur de nombreux dossiers. "Vous avez dit qu'on devait aller en Irak en dépit du fait qu'il n'y avait pas d'armes de destruction massive. Vous avez dit qu'on devrait toujoursavoir des troupes en Irak à ce jour. Vous avez dit d'abord qu'on ne devrait pasavoir de calendrier en Afghanistan, puis vous avez dit que si. A chaque fois que vous avez exprimé une opinion, vous avez eu tort", a-t-il asséné. "Une chose que j'ai apprise en tant que commandant en chef c'est d'être clair, avec nos ennemis et avec nos alliés", a-t-il dit, répétant à de nombreuses reprises que les décisions qu'il avait prises n'ont pas été faciles, mais qu'elles étaient nécessaires.
"M'attaquer moi, ce n'est pas le sujet, a répondu Mitt Romney. M'attaquer moi, ce n'est pas comme ça que l'on affronte les défis du Moyen-Orient." Alors que le président le critiquait pour ses propos sur la Russie, considérée comme "l'ennemigéopolitique numéro 1 des Etats-Unis", le républicain a rappelé que M. Obama avait été enregistré à son insu, alors qu'il promettait au président d'alors Dmitri Medvedev plus de "flexibilité" après le scrutin. A de nombreuses reprises, M. Romney a estimé que la politique de M. Obama au Moyen-Orient et en Afriquedu Nord n'avait pas empêché l'arrivée de régimes islamistes et avait contribué à la résurgence de la menace d'Al-Qaida. "Depuis quatre ans, l'influence américaine n'est plus forte dans aucun pays, a lancé M. Romney. Ce n'est pas seulement en tuant qu'on se sortira de cette pagaille. Nous allons devoir mettre en place une stratégie complète et solide pour aider le monde musulman et d'autres parties du monde à rejeter l'extrémisme radical violent." "Franchement, gouverneur, on a parfois l'impression que vous pensez que vous feriez les mêmes choses que nous, mais que comme vous les diriez plus fort, cela ferait une différence", lui a rétorqué Barack Obama, le rapprochant de George W. Bush et de Dick Cheney, dont l'héritage politique est plus qu'impopulaire.

Israël l'allié... Alors que le débat avait lieu en Floride, Barack Obama a été catégorique : en cas d'attaque iranienne sur Israël, les Etats-Unis se tiendraient aux côtés de ce dernier. "Israël est un vrai ami. C'est notre meilleur allié dans la région", a-t-il ajouté, vantant "la coopération militaire entre nos deux pays, la plus grande dans l'histoire" pendant son mandat. Mitt Romney a pourtant critiqué ces relations, estimant qu'elles s'étaient dégradées depuis quatre ans. "Nous devonssoutenir nos alliés. Je pense que les tensions entre Israël et les Etats-Unis sont très regrettables", a lancé le républicain, pour qui la relation entre les deux nations est une priorité diplomatique.
M. Romney a pris pour exemple le fait que M. Obama n'ait pas visité une seule fois Israël pendant son mandat, alors qu'il a fait "une tournée d'excuses" au Proche-Orient. "Vous avez oublié d'aller en Israël, et ils s'en sont rendu compte", a-t-il lancé. M. Obama lui a alors rétorqué que lorsqu'il était allé en Israël pendant sa campagne de 2008, il était allé à Yad Vashem, et pas "rencontrer des donateurs", comme l'a fait son rival. Mais le président n'a pas une fois évoqué le processus de paix dans la région.
... l'Iran, l'ennemi. Sur l'Iran, les deux hommes ont montré les dents. "Tant que je suis président, l'Iran n'aura pas la bombe nucléaire. Nous avons mis en place les sanctions les plus lourdes dans l'histoire. Nous avons fait cela car un Iran nucléaire est une menace pour nous et pour Israël", a-t-il justifié. Niant tout accord avec l'Iran pour entamer après la présidentielle des négociations bilatérales, comme cela avait été rapporté par le New York Times, il a rappelé que l'objectif ultime était d'empêcher l'Iran de disposer de la bombe atomique.

Si, malgré les sanctions, Téhéran ne renonce pas à son programme nucléaire controversé, le président américain a rappelé que "toutes les options étaient sur la table". "Mon désaccord avec le gouverneur Romney est que, pendant cette campagne, il a souvent dit que nous devrions envisager une action militaire préventive. Je pense que c'est une erreur", a-t-il affirmé. Le candidat républicain a plaidé pour des sanctions encore plus lourdes, et pour un isolement diplomatique total. S'agissant d'une action militaire, M. Romney a soutenu qu'il s'agit d'une option "qu'on ne doit envisager qu'en dernier ressort, si toutes les autres voies ont été tentées". Il a également critiqué la non-réaction du président au moment des manifestations de 2009 en Iran, une "énorme erreur", répétant que l'Iran était, après un mandat de M. Obama, quatre années plus proches d'une bombe nucléaire.
Le budget militaire, les "chevaux" et les "baïonnettes". Dans un débat technique et moins rentre dedans que le précédent, ce sera peut-être le moment un peu plus léger qui restera. Alors qu'il était interrogé par M. Romney sur la petite taille de la marine, qui n'a jamais eu aussi peu de navires depuis 1917, Barack Obama s'est un peu moqué de son rival, lui rappelant qu'il y avait également"moins de chevaux et de baïonnettes"."Nous avons ces choses appelées 'porte-avions' sur lesquels les avions se posent, nous avons ces navires qui vont sous l'eau, des sous-marins nucléaires", a-t-il poursuivi sur le même ton.
Pour le président sortant, "il ne s'agit pas de jouer à la bataille navale, où on compte les bateaux, il s'agit des capacités" de ces navires. En matière de défense, les deux candidats s'opposent sur le budget à allouer aux forces armées, après une décennie de croissance du budget du Pentagone. Barack Obama entend stabiliser le buget à 2,9 % du produit intérieur brut sur les dix prochaines années. Malgré la fin des conflits en Irak et en Aghanistan, Mitt Romney entendmaintenir le budget de la défense à 4 % du PIB. Cette promesse conduira à une augmentation totale du budget sur dix ans de 2 000 milliards de dollars, soit 35 % de plus que le budget prévu par Barack Obama. Les deux hommes ont articulé leurs visions diplomatiques en soulignant qu'elles étaient liés à la santé économique du pays.
En revanche, en ce qui concerne les drones, les deux candidats sont tombés d'accord. Un rapport d'Amnesty International rappelle que Barack Obama a autorisé près de trois cents attaques avec des drones pendant son premier mandat. Au total, entre cinq cents et huit cents civils ont été tués, dont cent soixante-seize enfants. Le président affirme que ce genre d'attaque a contribué à décapiter Al-Qaida en Afghanistan, au Pakistan et au Yémen.
LeMonde.fr

Obama, vainqueur du débat selon les premiers sondages

Le Monde.fr | 23.10.2012 à 06h27 • Mis à jour le 23.10.2012 à 06h33
Par Luc Vinogradoff

Comme il est d'usage, les conseillers de chaque candidat ont immédiatement souligné, devant la presse, les qualités de leurs candidats, avant même que le troisième débat ne soit terminé. Le camp Romney a peint un Obama sur la défensive, alors que les démocrates ont affirmé que le président sortant a affirmé sa légitimité dans les affaires extérieures face à l'incohérence de son rival.
Les premiers sondages effectués par les chaînes américaines, réalisés pendant le débat, montrent que M. Obama est clairement sorti vainqueur de la joute verbale. Selon CBS, 53 % des personnes interrogées pensent que le démocrate a gagné le débat, contre seulement 23 % pour M. Romney, et 24 % pensent qu'il y a eu égalité. CNN rapporte un écart de 48 % pour Obama, contre 40 % pour Romney.
L'institut PPP rapporte que dans la dizaine d'Etats-clés qui décideront, in fine, cette élection (Colorado, Floride, Iowa, New Hampshire, Nevada, Caroline du Nord, Ohio, Pennsylvanie, Virginie et Wisconsin) Barack Obama est vu comme le vainqueur du troisième débat par 53 % des électeurs, contre 42 % pour Mitt Romney. Mais comme le rappelle l'institut Gallup, la politique étrangère, un domaine où Obama est considéré comme le plus capable par 53 % des électeurs,"ne fait partie des priorités" des Américains, contrairement à 2000 et 2004.
Dans les sondages nationaux, les deux candidats sont à égalité, selon la plupart des études, même si le président sortant possède un léger avantage dans les Etats-clés. Ils reprendront mardi matin leur campagne. Le président a notamment prévu de se rendre dans six Etats entre mardi et jeudi, de la Floride à l'Ohio en passant par le Colorado, le Nevada, la Virginie et l'Illinois où il votera en avance jeudi. Mitt Romney se rend dans le Nevada et le Colorado mardi, et l'Iowa mercredi.

Luc Vinogradoff