Tueries massives perpétrées par les Forces pro Ouattara : Le pouvoir refuse l’enquête de la Cpi

Publié le mardi 6 décembre 2011 | Le Temps - Au moment où Laurent Gbagbo est entendu par les juges de la Cpi à la Haye, les observateurs sur la scène internationale notent avec indignation que le pouvoir

Laurent Gbagbo lors de son audience de comparution à la CPI.

Publié le mardi 6 décembre 2011 | Le Temps - Au moment où Laurent Gbagbo est entendu par les juges de la Cpi à la Haye, les observateurs sur la scène internationale notent avec indignation que le pouvoir

Ouattara n’est pas favorable à une véritable enquête de cette cour pénale sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par les rebelles puis les forces pro-Ouattara de 2002 à 2010. L’un d’entre eux a fustigé hier, sur le plateau de France 24, «les hésitations» du camp Ouattara quant à une volonté de permettre une enquête sur les faits qui sont reprochés au pouvoir en place. Puis fait remarquer que cette situation est liée à «l’antagonisme entre Ouattara et Soro qui refuse de lâcher ses chefs militaires» à propos des crimes imputables aux rebelles. Pour cet observateur, cela est dû au fait que si le nouvel occupant du palais d’Abidjan est un «civil», son régime s’appuie sur la rébellion dirigée depuis 2002 par Guillaume Soro. Ce qui engage la responsabilité du mentor du Rdr en ce qui concerne tous les crimes dont les chefs militaires des Forces pro-Ouattara se sont rendus coupables. A commencer par le massacres que les rebelles on perpétrés depuis le déclanchement de la guerre par la rébellion en Côte d’Ivoire. Aussi a-t-il appelé la Cpi à se pencher sur «la responsabilité des uns et des autres» dans cette affaire. Cette intervention pour le moins inattendu sur chaîne comme France 24 dont on connait le rôle dans la crise postélectorale met à nu le refus de Ouattara de donner une suite favorable à la demande de juges de la Cpi qui exigent que «toute la lumière soit faite sur les crimes commis par les deux camps», pour un procès équitable. Ces juges qui veulent effectivement dire le droit l’ont déjà signifié au procureur Ocampo lors de sa récente ballade en Côte d’ Ivoire. Mais, à en croire des sources concordantes, Ouattara s’est opposé à l’arrivée des enquêteurs de la Cpi sur le terrain. Mieux, la France qui ne souhaitait pas que les enquêteurs de la Cpi livrent des «conclusions» objectives aux juges qui veulent en «savoir davantage», a pressé Ocampo d’agir vite pour transférer Laurent Gbagbo, avant que cette requête n’aboutisse à des véritables investigations qui mettraient en difficulté son représentant délégué à Abidjan. D’où le grave vice de procédure qui a entaché le transfèrement expéditif du président Gbagbo à la Haye. D’ailleurs, les avocats de la défense n’ont pas manqué de souligner l’illégalité dans laquelle Ocampo est tombé en obéissant aveuglement aux instructions de Nicolas Sarkozy. Mais la partie est loin d’être gagnée pour la France qui veut couvrir les crimes commis par le camp Ouattara en Côte d’Ivoire. En effet, des indiscrétions font état de divergences à la Cpi sur la question, entre la tendance Ocampo qui travaille à biaiser le procès qui déboucherait hâtivement sur lourde une condamnation de Laurent Gbagbo et les juges qui, opposés à un jugement bâclé qui ternirait l’image de la Cpi, veulent entendre l’autre partie au conflit pour un procès équitable. Ira-t-on à un renvoi de l’affaire à la fin de la présente «audience technique», pour permettre aux juges de faire en toute indépendance leur travail dans les normes ? L’on aurait répondu par l’affirmative, si la France n’était pas en train de se livrer à de féroces manœuvres pour instrumentaliser la Cpi, avec la complicité d’Ocampo qui se trouve toujours lié par le pacte qu’il a conclu avec les comploteurs : «sa mission ne sera un succès que si Laurent Gbagbo est condamné» comme le lui exigent Sarkozy et Ouattara, nous a-t-on confié. Mais le prisonnier de la France est simplement «soupçonné» d’avoir commis les crimes qu’on lui reproche. Or une justice crédible ne peut se permettre de condamner un accusé sur la base d’une simple présomption, du moment qu’aucune enquête n’a été menée pour établir les faits et pour situer la responsabilité du camp des vainqueurs qui accusent, alors que ceux-ci ont commis des crimes atroces dûment mentionnés dans les rapports d’Amnesty international et de la Division des Droits de l’Homme de l’Onu. Crimes et génocides pour lesquels Ocampo a solennellement déclaré, lors de son séjour à Abidjan, que le camp Ouattara sera entendu. On attend donc que la Cpi se prononce dès maintenant sur «tous les crimes de guerre et crime contre l’humanité commis en Côte d’Ivoire, par les deux camps». Toute autre démarche ne sera que pure mascarade.

K. Kouassi Maurice