Tueries massives en Côte d’Ivoire : La Cpi évite les crimes de la France en Côte d’Ivoire
Le 01 juillet 2011 par le Temps - Dans le dossier ivoirien, la Cpi a déjà rendu son verdict ; c’est Gbagbo qui a commis des crimes et pas quelqu’un d’autre .Et pourtant…
Le 01 juillet 2011 par le Temps - Dans le dossier ivoirien, la Cpi a déjà rendu son verdict ; c’est Gbagbo qui a commis des crimes et pas quelqu’un d’autre .Et pourtant…
Ils sont bien heureux, à l’arrivée à Abidjan de Fatou Bensouda, la Procureure adjointe de la Cpi, car pour eux, c’est le moment idéal pour pendre à jamais Laurent Gbagbo l’ennemi commun .Tout le monde sait que la Cour pénale est en Côte d’Ivoire à la demande expresse de Ouattara à travers qui Sarkozy veut avoir la peau du président Gbagbo. En dépit du fait que la Côte d’Ivoire n’a pas ratifié le traité de la Cpi et donc pas membre, Alassane s’est empressé de l’appeler à sa rescousse, sûr du soutien de la France .La juridiction internationale qui est plus au service des puissances occidentales débarque donc à Abidjan avec des idées orientées. Par exemple quand elle évoque en substance des femmes massacrées dans la commune d’Abobo, ça sent du déjà entendu dans les rangs du pouvoir du temps de l’opposition .On se rappelle que le Rdr a outrageusement grossi cette affaire à l’échelle internationale pour dépeindre le Président Gbagbo sous des traits d’un horrible dictateur. Depuis l’arrivée de cette dame, le camp présidentiel avec ses médias tentent de donner un seul son de cloche en ne trouvant les victimes que dans le camp du Rhdp. L’objectif est bien connu : il s’agit d’émouvoir la procureure adjointe de la Cpi. Ce qui donnerait un sens unique à son enquête. Surtout qu’elle leur a apporté de l’eau au moulin avec ses déclarations. Pourtant dans cette crise, les crimes ne sont même pas là ou on les croit. Si la Cour pénale internationale veut appliquer le Droit en Côte d’Ivoire, elle pourra faire jaillir la vérité qui continue d’être masquée à l’échelle mondiale. La France qui se fait donneuse de leçon est entièrement partie prenante dans le dossier ivoirien. Elle n’est pas neutre. Elle est la principale force opposée à Gbagbo. Le Rhdp n’a été qu’un instrument utilisé en Côte d’Ivoire. La preuve, durant toute la crise postélectorale, la Force française Licorne a été en première ligne dans les combats .Dans les bombardements du palais présidentiel, il y a eu plusieurs civiles tués à la résidence de Cocody. Pour le moment, il n’y a pas de chiffre exact des victimes mais ce sont plusieurs milliers de jeunes qui ont été massacrés par la Licorne, loin des caméras et des objectifs des médias internationaux. Jusque-là, personne n’en parle. Ailleurs dans des pays véritablement démocratiques ,de tels crimes ne passeraient pas inaperçus. Mais en Afrique , la France peut au nom de ses intérêts, commettre les pires crimes, personne ne lèvera le petit doigt car il s’agit de l’empire .Et chose pire, pendant cette même crise postélectorale, c’est encore l’armée française soutenue par l’Onuci qui a organisé et équipé la rébellion d’Abobo qui a commis de graves exactions sur la population .On se rappelle bien, le fameux Commando invisible qui a brûlé nuitamment le village de Anonkoi-Kouté dans la commune d’Abobo. C’était l’horreur à son comble avec plusieurs personnes brûlées vives. Bien d’autres atrocités ont été commises par des chefs de guerre nommément cités. La Cpi doit ouvrir ce dossier. Par exemple à Yopougon, Chérif Ousmane et Ousmane Coulibaly sont accusés par Amnesty International et Human Rights Watch d’être les auteurs de ces massacres. A l’Ouest, Duékoué a connu des massacres à grande échelle. Il y a l’autre chef de guerre, Eddy Meddy, qui est cité comme auteur de ces crimes. Les rapports des organisations internationales comme Human Rights Watch, Amnesty International et la Commission d’enquête de l’Onu décrivent largement l’ampleur de ces crimes. A ce sujet, voici un extrait du constat de Navi Pillay, Haut commissaire aux Droit de l’Homme aux Nation unies : «Des témoignages accusent ces soldats d’implication dans des violations des Droits de l’Homme à Abidjan comme dans le reste du pays, incluant des exécutions sommaires, des arrestations arbitraires, des actes de torture, des viols, des pillages et des extorsions». Voila qui est clair. La procureure adjointe de la Cpi a de quoi à récolter. Elle ne doit pas biaiser le travail en Côte d’Ivoire.
Guéhi Brence