Trois mois après le renversement du régime Gbagbo: Le peuple pleure, Ouattara toujours en voyage

Le 09 juillet 2011 par Notre voie - Les choses ne sont pas si simples quand on est Chef de l’Etat dans un pays qui vit une crise sociopolitique. Le chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, l’apprend à ses dépens. Depuis près de trois mois

Ouattara au Burkina chez son fidèle allié Blaise Compaoré.

Le 09 juillet 2011 par Notre voie - Les choses ne sont pas si simples quand on est Chef de l’Etat dans un pays qui vit une crise sociopolitique. Le chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, l’apprend à ses dépens. Depuis près de trois mois

(il a pris l’effectivité du pouvoir le 11 avril 2011), Ouattara vit comme camouflet aux yeux du peuple ivoirien qu’il est censé gouverner. En effet, après les terribles moments de guerre (28 novembre 2010- 11 avril 2011), le nouveau président ivoirien n’a pas encore pu présenter sa compassion de vive voix aux populations meurtries par toutes sortes d’atrocités. Et pourtant, on le sait, les populations de Duekoué, à l’ouest du pays, par exemple, ont souffert le martyr en perdant près de 800 des leurs dans des circonstances que les organisations de défense des droits de l’homme ont comparées à un génocide. De même, celles de la commune de Yopougon, dans le district d’Abidjan, n’ont pas encore pleuré, la soixantaine de morts découverts dans dix fosses communes. Elles attendent la larme en coin d’être soutenu par le premier responsable du pays. Elles attendent des gestes d’apaisement. Même Abobo, réputé être le fief de Ouattara, n’a pas eu la grande joie d’accueillir, même pour un bref instant, son « brave tchê ». Et pourtant le « commando invisible » de feu Ibrahim Coulibaly dit IB n’a pas ménagé les populations avec l’assassinat d’une trentaine de personnes dont il s’est rendu coupable dans le village d’Anokoua-Kouté. Sans compter les autres morts anonymes, jamais cités, mais tout aussi importantes. Qui ont payé de leur vie au cours des combats d’avril dernier. Le constat est partout le même : à Divo, Lakota, Gagnoa, San Pedro, Dabou, Agboville, Bonoua, Akoupé, etc., les populations ont fait seules le deuil de cette triste situation. Seule exception, la ville de Yamoussoukro, la capitale politique. Alassane Dramane Ouattra y était d’ailleurs pour faire une investiture en pompe, à coup de plusieurs milliards de Fcfa, à côté de la misère certaine des populations. Et non pour partager leur douleur d’avoir vécue la guerre. Bien sûr, la ligne de défense serait de dire que le pays n’est pas sécurisé pour entreprendre des tournées à l’intérieur du pays. Et qu’il serait dangereux pour le nouveau Chef de l’Etat de se retrouver dans une embuscade. Cet argument ne peut prospérer d’autant que Ouattara est protégé par le triple militaire Onusien, français et forces pro-Ouattara. La légitimité populaire dont il se prévaut devrait être également un facteur de protection pour lui. Qui peut atteindre facilement un président devant une foule en liesse, amoureuse de son président et déterminer à le défendre bec et ongles ? Le président Ouattara a même gâché l’occasion de parler aux députés ivoiriens. Il avait été invité le 27 avril 2011, par le président de l’Assemblée nationale pour assister à l’ouverture de la session parlementaire. Il n’a pas voulu faire partager sa compassion aux représentants du peuple. On se souvient des fréquentes tournées (à risques pour certains) de l’ex-Chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, dans l’Ouest du pays sous contrôle rebelles en armes. De celles mémorables dans tout le nord, notamment à Korhogo et à Bouaké dans le fief de la rébellion armée. Partout les populations ont su être reconnaissantes vis-à-vis de leur hôte qui a bravé la peur et les ressentiments pour venir à la rencontre du peuple. De tout le peuple parce qu’il était le président de tous les ivoiriens. On observe plutôt que dans cette période d’après guerre, le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, est soucieux de ses relations internationales. Investi en grande pompe à Yamoussoukro, le 21 mai 2011, il s’est rendu à la réunion du G8 à Deauville (France) le 27 mai, avant de participer au sommet extraordinaire de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine (UEMOA) à Lomé (Togo). Peu avant, il s’est rendu, le 12 mai 2011, à Dakar (Sénégal) pour rendre les civilités au président Abdoulaye Wade. Six jours après sa prestation de serment. Après cela, ce fut au tour des présidents Blaise Compaoré du Burkina Faso et Jonathan Goodluck du Nigeria. Nous n’oublions pas le 17è sommet de l’Ua à Malabo (en Guinée équatoriale). Où il a été célébré, le 30 juin dernier, par son ami, Jean Ping, le président de la commission de cette union. Pour bien faire les choses, le Ouattara a, en projet, si ce n’est déjà fait d’acheter un avion présidentiel (un Grumann) dont le coût est estimé, selon des sources, à près de 7 milliards de Fcfa. Par ces temps de vaches maigres. Histoire de parcourir toujours le monde, pendant que le peuple ivoirien croupit dans la misère et l’insécurité.

Serge Armand Didi

scandale à la prison de Bouna: Affi, Michel Gbagbo et les autres torturés

Indicible défi aux défenseurs des droits l’homme. La vidéo circule sur internet depuis mercredi dernier. Ces images de la torture infligée aux personnalités détenues dans les geôles d’Alassane Ouattara ont fait le tour du monde. Devant le commandant Morou Ouattara, tout puissant chef de guerre de l’armée privée du président Ouattara, le portail vert de la prison de Bouna s’ouvre. Morou avance, suivi par un nombre impressionnant de ses éléments armés. La caméra balaie le décor carcéral et se fixe d’abord sur Pascal Affi N’Guessan, président du FPI, debout, les pieds nus, le visage amaigri, vêtu d’une chemise blanche surmontant un pantalon à la couleur difficilement identifiable. Penaud, comme un enfant terrorisé par son bourreau de père prêt à le passer à tabacs, Affi écoute les injures du chef de guerre, les mains croisées sur sa poitrine, tel un élève des cours moyens de nos écoles coloniales. Le chef de guerre semble heureux mais fait montre d’une colère d’une rare violence. Il vocifère et reproche à l’ancien Premier ministre du président Gbagbo d’avoir « acheté des armes pour tuer les Ivoiriens » ; d’avoir « recruté des mercenaires », etc.
Pendant que le chef de guerre Morou Ouattara tonne, la caméra continue son balayage et fait découvrir les autres prisonniers dans la même posture que le président du Front populaire ivoirien : Le ministre Gnamien Yao, le SG de l’Université de Cocody Bollou Bi Toto, le fils aîné du président Gbagbo, Michel Gbagbo, le conseiller du président Guy Roland Sinsin, le Conseiller économique et social Diabaté Bê, le caméraman de la télé ivoirienne Serge Boguhé, sont tous là, terrorisés.
Le réquisitoire musclé et armé terminé, Morou Ouattara prononce la sentence : « Vous allez mourir à petit feu ici ! Pompez ! » tonnent-il encore face aux prisonniers. La séance dure sûrement des minutes. Quand, à la fin, le chef de guerre ordonne l’arrêt de la punition, Pascal Affi N’Guessan n’en peut plus. Il s’effondre face contre terre. Au pied de Morou Ouattara. A côté de lui, les autres compagnons de bagne sont dans le même état. Images déplorables. Insoutenables. Fin du film vidéo et de la séance de tortures de ce jour.
A la prison de Bouna, l’on signale que cette séance est une tradition. Constamment, les prisonniers d’Alassane Ouattara sont extraits de leurs cellules et soumis à ces traitements de choc. La vidéo ne permet pas de savoir la date exacte de ce scandale filmé par Morou Ouattara lui-même et ses hommes. Mais, si c’est de cette façon que le nouveau chef de l’Etat de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, entend réconcilier les Ivoiriens, ça s’annonce difficile. Moralement pénible.

César Etou