Tribune: M. Mamadou Koulibaly, le régime ivoirien actuel est une tyrannie, par le Dr Léandre Sahiri

Le 22 octobre 2012 par Correspondance particulière - Au moment où la 58ème Congrès de l’Internationale libérale se tenait à l’Hôtel Ivoire, en Côte d’Ivoire, pour célébrer en grande pompe le

Dr Léandre Sahiri.

Le 22 octobre 2012 par Correspondance particulière - Au moment où la 58ème Congrès de l’Internationale libérale se tenait à l’Hôtel Ivoire, en Côte d’Ivoire, pour célébrer en grande pompe le

Président Ouattara pour, dit-on, les succès de son régime, de nombreux observateurs de chez nous et d’ailleurs se posaient des questions sur la nature réelle du régime Ouattara et s’interrogeaient sur le bien-fondé de cette grand-messe. Au nombre de ces observateurs, le professeur Mamadou Koulibaly, président de LIDER. Celui-ci a relevé trente (30) points qui caractérisent le régime ivoirien actuel, en vue de permettre à chacun de trouver aisément une terminologie qui sied adéquatement au régime en place en Côte d’Ivoire depuis l’arrivée d’Alassane Ouattara au pouvoir. Devinette : de quoi le régime Ouattara est-il donc le nom? Démocratie libérale? Tyrannie? Dictature?... Nous apportons ici notre réponse à cette devinette.
Pour nous, au regard de ces trente (30) points évoqués par le professeur Mamadou Koulibaly, et eu égard à la situation qui prévaut actuellement dans notre pays, situation que nous sommes des millions et des millions à subir et à souffrir, il s’agit de : TYRANNIE (ou de régime tyrannique). Alassane Ouattara est un TYRAN. N’en déplaise à ses souteneurs, ses « suiveurs », ses griots et ses sbires et autres.

Qu’est-ce qu’un tyran ? Qu'est-ce que la tyrannie?

Le terme tyrannie vient du grec ancien : τύραννος / týrannos = tyran qui veut dire littéralement : le maître ou le dominateur qui a usurpé (s’est attribué indûment, par la violence) le pouvoir et qui en abuse, avec un entourage plus ou moins restreint qui lui est entièrement dévoué.
Ainsi donc, on appelle tyran tout homme qui, dans une cité ou dans un pays, use de toutes sortes de stratégies ou de stratagèmes, y compris illégalement, pour s'emparer du pouvoir et le conserver par la force, au mépris de la Constitution et des lois : c’est un gouvernant qui, comme dit Voltaire, «ne connaît de lois que ses caprices».
Généralement, dès lors qu’il arrive au pouvoir, le tyran écarte ou élimine les opposants, les élites et les représentants des classes sociales ou des ethnies prétendues hostiles …, soit en les privant de leurs emplois et de leurs avoirs, soit en s'en débarrassant : ce peut être par l'exil (spontané ou provoqué, volontaire ou involontaire), par la mise en résidence surveillée ou en prison, par la mise à mort (refus de prise en charge médicale, gel des avoirs, assassinats, attaques diverses…).
Habituellement, les tyrans gouvernent de manière absolue et s'appuient toujours sur une garde personnelle relativement renforcée et instamment renouvelée. Mais, tenez-vous bien ! Cela ne rend pas les tyrans immortels. A preuve, un grand nombre d’entre eux n’ont pas duré au pouvoir et ont péri de mort violente, parfois très violente. Si bien que, comme dit Thalès de Millet, « Rien n’est plus rare qu’un tyran qui vieillit ». Pour la petite anecdote, François Villon raconte, dans l’un de ses contes, que la chèvre tant gratta le sol qu’elle déterra un jour un couteau avec lequel on l’égorgea. Dans le même sens, un proverbe portugais dit : « C’est le trop de cire qui met le feu à l’église ».

Tout tyran est insupportable, indésirable.

Selon Aristote, les tyrans ont 5 caractéristiques essentielles :
1°) Le tyran cherche son propre profit et non celui des populations ; ce profit peut être, soit la matérialisation d’une vengeance quelconque en rapport avec quelques frustrations ou humiliations subies, soit la réalisation d’un rêve d’enfance ou d’une ambition personnelle. C’est dans ce sens que l’on peut dire que la plupart des tyrans sont des « paranoïaques », c’est-à-dire, selon le psychiatre allemand Kraepelin, « des individus qui se signalent par leur orgueil démesuré, leur pensée paralogique, leur déficience mentale et intellectuelle… », (Rien à voir avec les diplômes qui peuvent constituer un paravent).
2°) Le tyran use de la « soumission librement consentie » que La Boétie appelle « la servitude volontaire ». Celle-ci consiste à manipuler les gens, en s'appuyant sur leur consentement ou assentiment ou acceptation, pour les contraindre à faire des choses dont ils n'ont ni l'envie, ni le besoin : on donne aux individus concernés l'impression qu'ils sont les auteurs de certaines décisions ; on conduit les gens à soutenir plus rapidement et plus facilement une décision ou une cause qui peut ou non leur être bénéfique, mais qui est surtout favorable à celui qui use de cette méthode. La soumission est indispensable au tyran, autrement dit, s’il n’y avait pas de soumission, il n’y aurait pas de tyrannie : « Pour pouvoir parler de tyrannie, il faut que quelqu'un désire dominer et... qu'un autre accepte de servir ! » (La Boétie).
3°) Pour le tyran, seules comptent ses passions et ses ambitions, très souvent démesurées et déraisonnées… Peu lui importe de conduire les populations en vil troupeau de bétail ou en moutons de panurge.
4°) Le tyran utilise la violence pour pouvoir se conserver ou se perpétuer au pouvoir et gouverne au détriment et contre la volonté des populations, selon ses caprices : c’est un gouvernant qui, comme dit Voltaire, «ne connaît de lois que ses caprices».
5°) Le tyran viole les lois, la justice, les droits et les libertés des individus : « Où finissent les lois, la tyrannie commence».
Pour résumer, disons que les tyrans demeurent, des usurpateurs de la puissance souveraine. Leur pouvoir, finit toujours par être insupportable, à force d’être quasiment illimité, à force d’être exercé arbitrairement, sans contrôle, sans limite, avec injustice et sans aucun respect pour les lois (humaines et divines), très souvent de manière absolue et oppressive...

Mettre fin à la tyrannie

C’est pourquoi force est de combattre tout gouvernement tyrannique, en vue de mettre fin à la perversité, aux oppressions, aux violences, aux crimes et à toutes autres formes d’exactions. Ceci explique pourquoi Le Chant du Départ, en l’un de ses couplets, dit : «Tyrans, descendez au cercueil». De ce point de vue, John Locke a développé, en 1690, la théorie de la « résistance à la tyrannie » qu’il définit en ces termes : « Là où le droit finit, dès que la loi est enfreinte au préjudice de quelqu'un, la tyrannie commence. Toute personne investie d'une autorité qui excède le pouvoir que la loi lui donne et qui se sert de la force soumise à son commandement pour accomplir, aux dépens des sujets, des actes illégaux, cesse, par là même, d'être un magistrat et, comme elle agit sans pouvoir, on a le droit de lui résister. Et, comme à n'importe quel homme qui porte atteinte aux droits d'un autre par la force, on a le devoir de mettre fin à son règne ».
Ivoiriens, Ivoiriennes, dans l’état actuel des choses, il faut mettre fin à la tyrannie d’Alassane Ouattara et restaurer la démocratie. Pour notre salut. Envers et contre tous ceux et toutes celles qui le soutiennent, le supportent, l’encouragent, le suivent, l’encensent, malgré tout et à nos dépens.

Une contribution de Léandre Sahiri, Professeur, écrivain, Docteur ès Lettres. (Extrait de « Côte d’Ivoire : mettre fin à la tyrannie et restaurer la démocratie », livre à paraître).