Tribune: Liban ou l’enfer de Canaan des africains

Par Correspondance particulière - Liban ou l’enfer de Canaan des africains.

LIBAN OU L’ENFER DE CANAAN DES AFRICAINS

Le Liban a fait la « une » des journaux dans les années 1975-1990 à cause des longues crises qui l’ont secoué. Comme conséquence directe, des pays africains ont ouvert très grandement leurs portes aux sinistrés et orphelins de guerre d’alors sans aucune résistance. Ces derniers temps ont vu une amélioration socio-politique au Liban. Les villes et leurs rues essaient de se mettre au rythme de la mondialisation et multiculturalisme beaucoup plus qu’avant. Mais, comme le dit l’adverbe ce n’est pas de l’or. Les Africains et les Africaines noires souffrent du rejet total de la part des Libanais et de l’autorité libanaise.

Au-delà des crises internes qui secouaient le Liban, cette nation a subi les rafales d’Israël. Le 3 juin 1982, un commando de l’organisation activiste palestinienne dirigée par Abou Nidal tente d'assassiner l'ambassadeur israélien à Londres, Shlomo Argov ; il est blessé grièvement. Cet acte va mettre le feu à la poudre. L’armée israélienne sous la conduite d’Ariel Sharon, va « corriger » le Liban qui servait de base-arrière à l’OLP (Organisation de la Libération de la Palestine). Dans cette crise aussi comme dans les précédentes, le Liban a été soutenu par l’Afrique et particulièrement par la Côte d’Ivoire sous la direction de F.H. Boigny.
Sous le règne du président Boigny, les Libanais avaient demandé de créer leur quartier, « un quartier Libanais ». Cette requête, la seule, n’a pas été satisfaite. Car des Ivoiriens ont conseillé au président Boigny de ne point créer « un apartheid à l’ivoirienne ». Sinon, les Libanais ont tout en Côte d’Ivoire et sont plus chouchoutés que les Ivoiriens eux-mêmes. L’état ivoirien leur a donné tous les avantages et tous les crédits bancaires possibles pour s’installer. Il n’y a pas de ville en Côte d’Ivoire qui n’ait pas de Libanais comme habitants.
Mais, lorsqu’on tourne la médaille pour voir l’autre côté, les Ivoiriennes et Ivoiriens sont traités comme des malpropres et des singes au Liban. Malgré les démarches administratives et légales que font les Ivoiriennes et Ivoiriens pour s’intégrer, un refus catégorique les accueille dans les bureaux. Devant ce refus, les Ivoiriens et leurs consœurs se livrent aux petits métiers, y compris le plus vieux métier du monde.
Depuis le lundi 26 août 2013 aux environs de 5-6heures du matin, la police et le service d’immigration libanais ont fait irruption aux domiciles de plusieurs Ivoiriens et Ivoiriennes dits « irréguliers » pour les surprendre dans leur sommeil. Depuis ce jour et en préparation à une future visite d’Allassane Dramane Ouattara au Liban selon nos oreilles dans ledit pays, des Ivoiriennes et Ivoiriens dits pro-Gbagbo sont traqués et jetés en prison pour être extradés après. Les autorités libanaises utilisent « leur présence illégale sur leur terre. Alors que tous les Libanais en Côte d’Ivoire ne subissent pas ce genre de traitement. Ils vont et sortent de notre pays sans problème », a dit Jean-Blaise Bidi, étudiant en chimie au Liban.
Grâce à notre personnel au Liban, nous vous donnons quelques noms des Ivoiriens qui sont sur le point d’être extradés depuis la prison de Jdayede, sous un pont, dans la ville d’Ayenala, dans la région de Bikfaha. Comme tous les pro-Gbagbo et supposés pro-Gbagbo extradés (Ghana, Togo, Liberia, etc.), on peut imaginer ce qui attend ces ressortissants ivoiriens qui, en majorité, sont arrivés au Liban bien avant la mainmise avec le canon, de la France sur leur pays. Il s’agit de : Moderane Kanon, Diana Tagro, Ange Zah, Annick Kanon et Elodie Soupoude. Notre correspondant parle d’une dizaine de filles, au moins, qui sont parmi les prisonniers de Jdayede. Espérons que leur sort sera meilleur à celui des premiers rapatriés ivoiriens sous l’ère de Mokossi Dramane-pile-de-cœur. Quant aux Libanais résidant en Côte d’Ivoire, nous leur disons qu’ils ont moralement et politiquement obligés de tout mettre en œuvre pour ne pas que ces Ivoiriens, si extradés, ne soient pas maltraités par Mokossi Dramane-bouche-penchée. Nous disons que demain n’est plus loin ; à eux d’agir maintenant et dans l’efficacité pour eux-mêmes aussi.

Sylvain De Bogou