Tribune: Le Procès de Laurent Gbagbo ou la chronique d'une mascarade annoncée, par Calixthe Beyala (présidente du MAF)
Le 29 octobre 2012 par Correspondance particulière - Les hommes ont souvent eu recours à la justice pour régler leurs différends, comment ne pas y croire, lorsqu’elle se veut le dernier
Le 29 octobre 2012 par Correspondance particulière - Les hommes ont souvent eu recours à la justice pour régler leurs différends, comment ne pas y croire, lorsqu’elle se veut le dernier
recours des innocents ? Comment ne point se tourner vers elle, lorsque l’on a été meurtri dans ses os par les agissements d’un tiers ? Comment ne point s’y fier lorsque l’on ne souhaite pas faire appel à la violence et se transformer ainsi en un Dieu vengeur qui ôte un œil pour un œil, créant dans ce cas de figure un univers sauvage où prédomine la loi du plus fort ?
Dans le cas de cas de Laurent Gbagbo, se fier à l’équité de la justice semble relever de l’absurde. Ou de la folie. A moins que ce ne soit tout simplement de la naïveté. Les dés pipés sont jetés : Laurent Gbagbo se doit de rester en prison.
En effet, les enjeux mondiaux actuels, les intérêts économiques des uns et des autres, désignent l’homme comme la bête à abattre. Non pas parce qu’il est coupable, mais parce que ce qu’il incarne est extrêmement dangereux pour les Rois du Monde, ceux-là qui appellent de tous leurs vœux « le nouvel ordre mondial », cet univers un et indivisible qui aurait pour seul Dieu le dollar, pour moral le dollar et ayant pour chef d’orchestre le Président Américain.
L’Afrique et ses peuples participent à ce « Nouvel Ordre Mondial » non pas en tant que acteur, mais en tant que réservoir de main d’œuvre et de matière première. Dans cet ordre, l’homme Africain ne décide pas, ne dirige pas ; il obéit. Pour les Rois du monde dont le bras politique est l’ONU et la main juridique la CPI, l’Afrique doit avoir pour dirigeants des contremaîtres appelés comiquement « Président » dont le travail essentiel est de veiller aux intérêts étrangers au détriment des peuples qu’ils président.
L’arrestation de Laurent Gbagbo et son enfermement comme le meurtre du Guide Libyen, relèvent tous deux de ce dynamisme impitoyable ; les nationalistes africains se doivent d’être tués ou enfermés ; les africanistes ou autres panafricanistes dont les idéaux consistent à créer les Etats-Unis d’Afrique et à redonner à l’homme Noir le sens de sa dignité se doivent d’être persécutés, bannis, car ils représentent un frein au projet de ceux surnommés « Les illumanitis »
Le procès de Laurent Gbagbo participe de ce dessein pas si inavouable que ça, puisqu’on en connaît les soubassements. La nomination d’une femme Africaine à la tête de la Cours Pénale Internationale contribue à cette farce judiciaire qui permettra aux Rois du monde de déclarer : « Mais il a été condamné par un des siens » de même qu’en tuant le guide ils ont dit : « Ce sont les rebelles du CNT qui l’ont assassiné ». Une manière de se dédouaner, de nous faire croire à leur sincérité, à leur sens de justice…
La nouvelle responsable de la cours pénale Internationale est certes une Africaine, mais une africaine en service commandé. C’est une contremaîtresse qui se doit d’accomplir la mission que lui ont déléguée ses patrons : faire condamner Laurent Gbagbo, malgré un dossier aussi mince qu’une feuille vierge, aussi impalpable de réalité qu’un vent qu’on attrape. Le monde tel que préparé « Le Nouvel ordre Mondial » se doit de voir le jour. On s’y achemine à grands pas avec la collaboration de quelques Africains cooptés pour la cause, une cause pour laquelle ils luttent tout en sachant qu’elle a pour objectif de soumettre les leurs, de les tuer si possible et de donner leurs terres aussi bien ce qu’elles ont au dessus qu’en dessous aux grands de notre si petit monde.
Un semblant de Cours de justice se réunira à la Haye ; il y aura quelques juges qui feront semblant de défendre Laurent Gbagbo ; ils le feront sans doute en échangeant des clins d’yeux avec leurs complices qui eux auront pour mission de le faire condamner. Ce moment donnera quelques espoirs aux panafricanistes… Ils y croiront l’espace d’un clignement, d’un scintillement de rosée sur une feuille verte… Puis, ils reviendront sur terre avec certainement, la gueule… Une gueule de quelqu’un ayant trop bu la veille.
Une contribution de Calixthe Beyala
Présidente du Mouvement des Africains-Français