Tribune: La justice internationale doit être disqualifiée, par Alain Cappeau
Le 05 janvier 2013 par Correspondance particulière - Car elle est dogmatique.
Car elle est dogmatique et normative et n’a aucune légitimité démocratique.
En effet, elle se trouve au sommet d’un empilement de transferts de pseudos pouvoirs et prérogatives qui partent et passent, dans une parodie d’expression de suffrages, des peuples à leurs représentants puis de leurs représentants à leurs dirigeants, puis de leurs dirigeants à leur chef d’Etat, lequel peut être un démocrate élu majoritairement excluant de fait une minorité ou un démocrate plébiscité, autrement dit un quasi dictateur, muselant également de fait une majorité qui devrait être « née pour agir ».
Il est humainement impossible qu’il puisse exister sur terre une justice et des droits absolus, car chaque peuple forge depuis la nuit des temps, d’après sa culture, sa propre échelle de valeurs et décrète en fonction, les droits et les devoirs de chacun. Le « fédéralisme » judiciaire est donc une vue de l’esprit.
Par ailleurs, nombre de chefs d’Etat qui adhérent officiellement à cette justice internationale en ratifiant un traité, comme celui de Rome par exemple, se placent, eux et leur cercle d’intimes, en situation d’intouchables par le seul fait d’avoir contribué à l’existence de cette entité, un peu comme des actionnaires qui auraient apportés leurs financemens à une société qu’ils auraient créée ensemble et qui leur autoriserait des passe-droits, après avoir touché les dividendes de leurs apports !
Telle une phrase qu’on se transmet de bouche à oreille, en jouant dans une cour d’école et qui doit être continuée en fonction du dernier mot prononcé, le jeu de « comédie du démocrate » aura amené cette justice internationale à progressivement imposer son emprise sur les sociétés et les consciences en se transcendant en Justice-Providence en lieu et place de l’Etat-Providence et le tour est bouclé.
Ces prérogatives et pouvoirs initiaux ainsi transférées dans une chaîne, de maillons non chaînables, se dénaturent jusqu’à n’avoir plus rien en commun avec ceux initiés à la base de la société des hommes. La justice internationale se trouve alors aux antipodes d’un fonctionnement démocratique, elle devient (bien malgré elle) omnipotente car au lieu de servir des convictions collectives, elle ne sert plus que des intérêts particuliers !
Dans ce processus de « poupées russes », la notion de démocratie s’est ainsi délitée en chemin au profit d’une vérité absolue qu’on appelle un dogme.
Mieux ! Au sommet du sommet de cet empilement, la justice internationale fait cavalier seul, arrimée cependant à ses vrais géniteurs qui sont l’Organisation des Nations Unies et le bras armé qu’est son conseil de sécurité. Ainsi avec des coudées bien franches cette grande menteuse, ce bandit manchot, tisse sa toile de lois sur une indignation générale, où tout le monde neutralise tout le monde ; c’est ce qu’on appelle de l’arnaque officielle à l’échelle mondiale qui ne repose que sur la crédulité et la superstition des hommes d’en bas et ça fonctionne ! L’homme se nourrissant encore et toujours d’une ignorance qui deviendra la cause de tous ses maux.
La justice internationale s’exonère ainsi de fait, dans cette mécanique de dilution de l’esprit démocratique, du discernement essentiel à tout jugement qui éviterait qu’une vérité toute faite, celle que l’on s’arroge en hauts lieux, celle qui décrète un droit ou un non droit, soit servie au terme de chaque procédure. Nous avons pu juger sur pieds de cette réalité lors des deux derniers rejets en appel des 26 octobre et 12 décembre 2012 concernant respectivement la demande de mise en liberté provisoire de Laurent Gbagbo et la présumée incompétence de la CPI à juger celui-ci.
Il n’est pas de juridiction qui en appel ou plus haut ne vienne contredire des délibérés subjectifs de première instance, sauf peut-être à la cour pénale internationale où le prompteur affiche une lecture désespérément univoque, alors ! A quoi peut donc bien servir la chambre d’appel ?
Isolée avec pour seul viatique les subsides de ses parrains et un mode d’emploi indigeste, cette justice internationale ainsi institutionnalisée et assermentée devenue un « juge de paix » (sic) érige et assène d’une manière autoritaire, des lois adaptables, façonnables et toujours indiscutables dans leurs applications, en fonction de l’intérêt du plus fort, c’est-à-dire de celui des parrains qui « participe» le mieux et le plus.
Le pire dans ce tour de passe-passe des hommes, c’est que là où se coudoient quelques dandies parés parfumés et fagotés dans leurs robes à l’hermine saillante et autre reine douairières, dans le saint des saint de Scheveningen, on programme la mort mélodieuse de son prochain dans un charabia inaudible qui se conclut toujours par une fin de non-recevoir à l’adresse de défenseurs d’indéfendables.
La communauté des culs-terreux taiseux, qui donne un blanc-seing à cette justice internationale se repait aujourd’hui sur la toile et dans les antichambres de chancelleries, de vin et de sang comme la plèbe jadis dans le cirque romain jouissait du pouce incliné vers le bas d’un César psychopathe.
Quand les délibérés de justice sont moins de justice que de vengeance, quand le droit ne répond plus à une obligation de morale consensuelle, nous touchons le fond du fond de l’abomination humaine. Juger est en soi facile, dangereux et à la portée de tous. Juger est plus facile encore que d’accuser, et lorsque de surcroit un instrument politique déconnecté des réalités juge d’une manière partisane et arbitraire en fonction d’un cahier des charges imposé, lorsqu’il fait ce que Marx appelait « une justice de classe », il fait alors primer la loi morale par cet art de perpétuer l’exercice du pouvoir et de la domination, qu’on appelle la politique.
Après un temps de rodage, la justice internationale s’est finalement révélée vétuste et rétrograde tout simplement parce qu’ en lévitation dans son système, elle n’a aucune légitimité démocratique et parce qu’elle est financièrement dépendante d’ordonnateurs de l’ombre, il faut donc la combattre car elle est dangereuse et la disqualifier, sauf à ce qu’elle se fasse hara-kiri toute seule où qu’elle fasse acte de contrition dans la procédure de confirmation des charges qui va concerner en février prochain le Président Gbagbo !
Soyons réalistes, ç’est peu probable ! Cependant Laurent Gbagbo à lui seul étant devenu de sa modeste cellule l’éveilleur de consciences, le nœud gordien du système il est fort probable qu’un bricolage interne à cette justice internationale puisse d’une manière ou d’une autre desserrer ses liens tout en donnant quelques assurances aux parrains qui amènent la pitance ! Rien n’est impossible à celui ou celle qui possède le libre arbitre d’assujettir son prochain.
La justice internationale n’est cependant pas autiste, elle se rend bien compte, dans son omerta, que la colère gronde, que ses bases ne reposent que sur le bon vouloir de quelques princes consorts, qu’on ne peut pas ad-vitam aeternam s’idéaliser soi-même, déshonorer les impécunieux et se soustraire aux lois humaines dictées par la morale sans perdre de sa pertinence, car c’est ainsi que se légitiment les révoltes ! De tous temps, la barbarie judiciaire nous a suivi comme notre ombre, elle a passé son chemin sur les hommes et continue de le faire, mais en étant aujourd’hui cautionnée par ceux-là qui en croient tirer avantage jusqu’à ce qu’ils y soient confrontés.
Dans le système alambiqué du fonctionnement de la justice internationale, la déclaration universelle des droits de l’homme n’a jamais eu force de loi, elle n’est qu’une façade diplomatique qui permet à certains pays liberticides comme la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui, de violer en toute impunité les principes démocratiques de base et d’obtenir en sus une reconnaissance internationale ! Les droits de l’homme ont été confisqués sans bruit en Côte d’Ivoire au profit de la raison d’Etat, et sans que la justice internationale n’y trouve à redire, parce qu’en réalité les droits de l’homme ne sont qu’un mythe, qu’un leurre ! Eh oui, la bonne conscience contribue au bonheur de chacun !
Toute justice en jugeant, et à fortiori la justice internationale, entraine le coupable ou le présumé coupable dans les bas-fonds d’une animalité sans nom, car cette justice juge dans son carcan et avec ses œillères sans se soucier des énormes dégâts qu’elle peut drainer dans son sillage, des dégâts collatéraux. Dans l’affaire Laurent Gbagbo, la justice internationale si elle va jusqu’au bout du bout de son aberration sera simplement le fossoyeur de la Côte d’Ivoire, le poison de l’Afrique.
Mais pour qu’il y ait un fossoyeur il faut qu’il y ait eu mort, naturelle ou par assassinat et s’il y a eu assassinat, en politique, il faut qu’il y ait eu complot, complot ourdi dans un labo au Burkina, armé et financé par un ponte de la savane ivoirienne, dirigé par un rebelle franc-tireur en 2002 cautionné par l’exécutif français d’alors en 2004 et conclu de main de maître par les forces françaises en mars 2011sous les diktats et ultimatums de leur exécutif de l’époque aujourd’hui égaré dans les limbes de sa propre justice.
Alors est-ce que la justice internationale va être dans l’accomplissement de cet acte qui lui revient de non droit ou va-elle désobéir à ses pulsions génétiques ! Va-elle continuer de se nourrir de cette déresponsabilisation qui la caractérise ou va-elle rejeter la négation de ce qu’elle est ! Nul ne le sait, mais en tout état de cause il nous revient de droit, à nous les défenseurs d’une justice juste, de la cause Laurent Gbagbo, de ne pas attendre pour voir, mais de prendre les devants.
Tout changement peut intervenir sur ce qui est changeable, celui qui fait la loi peut défaire la loi, rien n’est immuable, il nous appartient de provoquer des « conjurations de palais » en étant incisif, en culpabilisant les décideurs, et surtout en instruisant par d’incessants courriers et pétitions cette justice internationale de ses errements et de leurs conséquences.
La justice internationale est cependant ce qu’elle est ! Elle n’est pas coupable de son existence car elle ne l’a pas choisie. Les magistrats de cette justice ne sont ni coupables d’exister ni même de rendre le droit de la manière dont ils ont été formatés pour le faire, Alors ! Qui est coupable de quoi dans cette erreur doctrinale ? Eh bien à la fois tout le monde et personne, et c’est pour cela que ça fonctionne et c’est pour cela que ça ne changera pas sauf peut-être sur la forme! L’homme en légiférant par intérêts, s’est pris à son propre piège.
Alors ! A la question qui est de savoir comment se sortir de cette impasse judiciaire pour faire que le « bon droit » l’emporte sur un droit dédié, on répondra qu’il faudra tout simplement, dans nos démarches à venir, substituer une résistance d’opinion à une résistance de fait, et ce en défiant la justice internationale sur deux fronts, l’un se travaillant à l’extérieur des prétoires, l’autre s’exprimant à la barre.
Le premier, celui du cœur, de l’introspection celui de la démagogie et de l’affect misera sur la compassion et la morale religieuse des juges qui doivent aussi respecter certains principes éthiques édictés par leur conscience. En bousculant la hiérarchie des valeurs il nous faudra toutefois prendre garde que notre bonne foi et notre sincérité ne s’empiègent pas elles-mêmes ! L’autre, celui de l’intelligence, celui de la dialectique contradictoire des mots, celui qui devra s’imposer à la barre, celui qui ne sera du ressort que de nos avocats qui doivent eux-mêmes se sortir de leur obéissance aux canons du droit, relèvera de l’art de la rhétorique, de l’art de l’éloquence, de l’art de persuader au travers de discours emphatiques, délibératifs et démonstratifs à défaut d’être judiciaires.
Disqualifier la justice internationale ne signifie pas la supprimer car il nous l’est impossible, essayons simplement de la surmonter et de l’infléchir, nous le pouvons car quelque part, une nature humaine faillible peut subroger des textes de lois poussiéreux.
« Le possible est à la portée de tous, je veux tenter l’impossible » disait Napoléon.
Alain CAPPEAU
Conseiller Spécial du Président Laurent Gbagbo.