TRIBUNE: L’OCCIDENT FACE AUX CONTRADICTIONS INANES ET INFANTILES DE SON IMPÉRIALISME

Le 28 janvier 2013 par Correspondance particulière - L’OCCIDENT FACE A SES CONTRADICTIONS.

Il y a juste quelques jours, nous avons appris par les médias l’information suivante : la Banque Fédérale de Suisse ordonne le dégel de soixante dix-neuf (79) pro-GBAGBO. Si en soi cette décision est à saluer parce que réparant des torts faits à des personnes qui ont choisi pour gouvernail de leur vie le bon sens, c’est-à-dire l’honnêteté, la vérité et la justice, force nous est de dénoncer par contre les raisons qui ont conduit à une telle décision.
En effet, pour justifier la décision qu’elle vient de prendre, la Banque Fédérale de Suisse se permet d’avancer ceci : « …la situation sociopolitique et sécuritaire s’est nettement améliorée et s’est apaisée en Côte d’Ivoire », d’autant plus que tous ces fonds appartenant à des personnalités proches de GBAGBO avaient été gelés pour prévenir « toute forme de mauvaise gouvernance », ou « de biens mal acquis dans la mesure où Laurent GBAGBO refusait de reconnaître sa défaite suite à l’élection présidentielle de 2010 » et patati et patata. Vraiment, rien de plus grossier et de plus lamentable parce qu’en tout et pour tout, tout ce ramassis d’arguments fallacieux est du n’importe quoi ! En voici les raisons majeures :
-1° : de la nette amélioration de la situation sociopolitique et sécuritaire en Côte d’Ivoire : ce serait être d’une malhonnêteté intellectuelle et congénitale que de ne pas reconnaître, contrairement aux thèses apocalyptiques des médias et des multinationales de l’occident, créateurs attitrés de rébellions, de guerres et de génocides, que la Côte d’Ivoire vivait vraiment en paix avant 1999 (année du premier coup d’Etat militaire) et 2OO2, année de l’avènement d’une rébellion montée de toutes pièces par la France depuis le Burkina Faso ; une rébellion qui a fortement endeuillé ce pays et continue de l’endeuiller, même après avoir conquis le pouvoir, aidée en cela par les violents bombardements de l’armée française qui a fait plusieurs morts parmi les civils ivoiriens (surtout des enfants et des adolescents), au palais présidentiel d’Abidjan , ses environs et dans le pays profond. Quand on a œuvré à la destruction de la stabilité d’un pays qui a « commis le crime » de revendiquer ou de proclamer sa souveraineté, on devrait s’obliger à un minimum d’honnêteté et d’humilité. Non, ce n’est pas vrai, mesdames et messieurs des hautes finances internationales, la situation globale de la Côte d’Ivoire, au lieu de s’améliorer, empire de jour en jour : les exactions se multiplient contre les citoyens ivoiriens, la violence, les enlèvements, les tortures, les emprisonnements et les exécutions sommaires sur la base fasciste de l’ethnie et de la religion se multiplient au vu et au su de tous, par une armée d’occupation composée de rebelles et de tueurs qui règnent dans la sous-région ouest africaine depuis une vingtaine d’années, sous le regard bienveillant des soldats de la France et de l’O.N.U..Quant à la démographie actuelle de notre pays, suite à cette guerre d’invasion qui nous été imposée, elle est grandement changée et des régions du pays sont devenues des « no man’s land » qui rappellent le far-west américain du temps de la ruée vers l’or. C’est ainsi que nous, rescapés et victimes de Nahibly, nous osons affirmer aux donneurs de leçons de l’occident la vérité suivante : de HOUPHOUËT-BOIGNY à GBAGBO, en passant par BEDIE et GUEÏ, si nous faisons l’addition macabre des morts, de tous les morts même par suite d’accidents ou de catastrophes naturelles, bavures policières et autres déprédations de soldats contre les civils, le nombre des morts involontaires, disons-nous, ne peut même pas atteindre, pour toutes ces quatre personnalités mises ensemble, le millième des vies que Alassane OUATTARA, volontairement, par la violence et la guerre aveugle, a fait supprimer depuis son avènement sur la scène politique ivoirienne en 1990. En tant qu’ivoiriens conscients de ce que personne d’autre que nous-mêmes n’est bien placé pour écrire notre propre histoire, nous voudrions insister et revenir sur ces les mots « involontaires » chez les uns et « volontaire » chez l’autre. Nous en voulons pour preuve de notre horrible calcul, le dernier rapport même de l’O.N.U. où la Côte d’Ivoire est l’un des pays où « on » tue le plus. Qui est « on » ? Les auteurs du fameux rapport s’abstiennent de révéler à l’opinion internationale (toujours abusée et méprisée à la fois) que les responsables de toutes ces tueries sont ces brigands, ces tâcherons et autres chasseurs traditionnels dozo qu’ils (France et O.N.U.) ont monté en rébellion contre un régime démocratiquement élu et qu’ils appellent pompeusement forces républicaines de Côte d’Ivoire (f .r.c.i.). A Nahibly et au Carrefour en particulier, à l’ouest ivoirien en général, ainsi qu’en bien d’autres endroits ou sites bien connus des patriotes ivoiriens, le nombre exorbitant et incroyable des charniers ou des fosses communes remplies d’enfants, de femmes et d’hommes massacrés par cette rébellion sauvage et ses parrains témoignera un jour de la moralité de tous ceux qui s’arrogent le droit de vouloir penser pour nous à notre place et qui prétendent nous aimer plus que nous ne nous aimons nous-mêmes, alors qu’ils ne sont pas Dieu, vu qu’ils incarnent sous nos yeux, l’esprit même du mal.
-2° : de la prévention de la mauvaise gouvernance : ici aussi, l’on a une fois de plus la preuve de l’affirmation selon laquelle l’impérialisme occidental n’a que des intérêts quand bien même ces intérêts sont malhonnêtes ou mal acquis. Quand ces mêmes occidentaux, donneurs de leçons, ont voulu chasser BEDIE du pouvoir ivoirien en 1999, ils lui ont « collé » le détournement de dix-huit (18) milliards de f cfa, octroyés par l’Union Européenne. Mais de la ministre Kandia CAMARA à Anne OULOTO en passant par leurs collègues Gaoussou TOURE, TOUNGARA , SANOGO et BACONGO, les milliards de francs détournés se chiffrent à plusieurs centaines : silence et bouche cousue, tout ce qui garantit les intérêts du maître prédateur, même mauvais, est bon et donc rien à signaler. De même qu’un pays quasi désertique tel que le BURKINA FASO peut se permettre d’exporter officiellement du cacao ivoirien volé par la rébellion, tout ça c’est de la bonne gouvernance aux yeux de l’occident, parce que si c’est vrai que le frère Blaise COMPAORE a parrainé et soutenu toutes les rébellions génocidaires de la sous-région, il n’en demeure pas moins vrai qu’il l’a fait et continue de le faire dans le plus grand intérêt du grand parrain des petits vassaux, l’occident ! Au demeurant, les gouvernances de Alassane OUATTARA et de Blaise COMPAORE (pour ne parler que de ces deux) sont exemplaires et même très bonnes. D’ailleurs OUATTARA et COMPAORE ne sont que de bons démocrates, ils n’assassinent personne et respectent scrupuleusement les droits de l’homme : ce sont seulement des insensés, fatigués de vivre et ennemis des intérêts de l’impérialisme occidental qu’ils éliminent, à notre grande satisfaction d’ailleurs, semble nous dire sans cesse les occidentaux par la voix de leurs responsables ou à travers leurs différentes institutions (politique, financière, médiatique,…). Malheureusement pour ces prédateurs et leurs suppôts, à Nahibly comme dans tout l’ouest ivoirien, personne, même à l’échelle africaine ou planétaire, n’est dupe : dans le cas de l’ouest ivoirien, notre tragédie collective (expropriation foncière par la force des armes, terreur par meurtres, assassinats ou génocide) a pour objectif de produire plus de cacao à moindre coût par une main-d’œuvre docile et malléable à souhait, ces étrangers venus du sahel, les burkinabé et les maliens qui envahissent chaque jour nos forêts et nos villages. Voici encore, dans l’esprit de ceux qui s’enrichissent dans le sang versé de nos enfants et de nos parents, une autre version « prête-à –porter » de ce qu’ils dénomment la bonne gouvernance. Et dire qu’à l’endroit d’un pays africain (la Côte d’Ivoire sous GBAGBO) qui se veut souverain, c’est une institution bancaire, fût-elle suisse, qui se permet de geler les avoirs de personnalités proches de GBAGBO en osant parler de bonne gouvernance. S’agissant d’intégrité ou de bonne gouvernance, n’est-ce pas en cette même Suisse, qu’un simple employé d’une banque (un vigile) a découvert en 1996-1997, dans de vieux livres de comptes bancaires à jeter à la poubelle, que la banque qui l’employait a continué de gérer sans les déclarer et ce pendant plus de cinquante ans, les avoirs et les fonds des milliers de juifs qui étaient exterminés par le nazisme ? Y a-t-il plus mauvais esprit de mauvaise gouvernance que cela ? A Nahibly, après tout ce que notre pays a subi et continue de subir, nous avons de tout temps dit et continuons de dire ceci : un homme a beau être perfide, flatteur et manipulateur, il finit toujours par être dévoilé au grand jour, quand toutes les contradictions et les nombreux mensonges qu’il avait intégrés à sa personne au quotidien et qui ont assuré sa survie, finissent par se désintégrer forcément puisque c’est leur sort inéluctable.
-3° : du refus de Laurent GBAGBO de reconnaître sa défaite suite à l’élection présidentielle : ce bout de phrase qui semble anodin est un des plus gros mensonges de ce début de siècle. Deux ans et plus, après cette élection, que ce soit à Nahibly, à Carrefour ou partout ailleurs en Côte d’Ivoire, nous sommes encore dans l’attente du dénouement final de ce contentieux électoral que la violence de la rébellion affiliée à SORO Guillaume pour le compte d’Alassane OUATTARA, soutenu par Nicolas SARKOZY, est loin de nous faire oublier. Nous, ce sont désormais des ivoiriens désillusionnés quant à l’eldorado promis par le candidat cher à la communauté internationale dont le règne actuel n’est autre que de la tyrannie. Nous, ce sont aussi ces ivoiriens qui, naïvement, ont voté par familles entières le candidat de leur choix, un candidat dont les forces rebelles dans une haine et une violence inédites, ont violé des sœurs, des filles et des femmes, ont égorgé des enfants, brûlé des parents enfermés pour la circonstance dans des cases ou des maisons. Voter pour quelqu’un qui vous paye en retour par des larmes de sang, en tuant vos proches, du fait de votre ethnie, cela est du jamais vu et donc nous voulons savoir, comme tout le monde d’ailleurs : qui a véritablement gagné, en Côte d’Ivoire, les élections à la présidentielle de 2010 ? Sur cette question précise qui a fait couler beaucoup plus de sang d’innocentes personnes que d’encre et de salive, nous voulons savoir et là-dessus, personne ne pourra nous distraire : de Youssouf BAKAYOKO à Ban-Ki MOON en passant par CHOÏ, nous voulons savoir la vérité ; de COMPAORE à SARKOZY en passant par WADE, nous attendons la vérité, rien que la vérité qui découlera du recomptage des voix électorales. Au moment où Laurent GBAGBO est enfermé à La Haye, nous estimons, nous victimes de Nahibly, dont certains n’ont même pas voté et d’autres ayant voté contre GBAGBO, que la Cour Pénale Internationale redore le blason terni de la morale humaine et de la justice en procédant au recomptage des voix. C’est être de très mauvaise foi que d’affirmer que quelqu’un a perdu une élection et dans le même temps, se refuser de procéder au recomptage des voix pour confirmer la dite défaite aux yeux du monde entier pour taire toute suspicion. Le monde moderne dit civilisé serait-il dirigé par une association de bandits de grand chemin, prêts à étouffer la vérité et la justice ? Plus qu’une simple question, ceci est une exigence qui revient sans cesse et de plus en plus comme un incontournable préalable dans l’entendement des ivoiriens dignes de ce nom. A moins qu’on ne vienne nous bombarder encore une fois, en vue de nous forcer pour aller à la réconciliation, en occultant toute vérité, c’est-à-dire en avalant et en acceptant -sans dignité aucune- toutes les atrocités et les injustices à nous faites et restées impunies, de 2002 à ce jour.
En vérité, mesdames et messieurs de le Banque Fédérale de Suisse, merci d’avoir dégelé les avoirs de ces personnalités pro-GBAGBO mais force nous revient de est de vous crier, en âme et conscience, que votre communication instrumentalise notre tragédie collective, au point même de la nier : sachez, mesdames et messieurs les banquiers suisses, qu’au moment où vous levez les scellés des comptes de soixante dix neuf (79) personnalités ivoiriennes, ils sont des milliers ici au pays dont les avoirs ou comptes bancaires sont bloqués par le pouvoir que vous avez mis en place, des milliers à avoir perdu leur travail du fait de leur bord politique et/ou de leur appartenance ethnique ou régionale, des milliers à croupir dans les prisons et autres camps de concentration, des milliers a avoir perdu par la force des armes, leurs maisons, villages, champs ou plantations, des réfugiés démunis de tout sur la terre qui les a vus naître. Voici la réalité du tableau nouveau que nous vivons en Côte d’Ivoire et qui nous a été imposé par monsieur Nicolas SARKOZY vers la fin de son règne. Mesdames et messieurs de le Banque Fédérale Suisse, l’erreur étant humaine, il peut vous arriver de vous tromper sur la vérité quant au vécu actuel des ivoiriens. Une fois, ça passe mais attention à ne pas recommencer comme tous ces médias et autorités françaises qui s’entêtent et persistent à faire la propagande du faux, sans égard aucun pour les innombrables victimes que nous sommes. Libres à eux de s’entêter et de persister dans ce qu’ils savent faire le mieux au monde : l’embrigadement mental et l’exploitation éhontée (à coups de génocides) de leurs semblables. Mais alors sur cette terre des hommes, qu’est-ce qui a un début et qui ne connaîtra pas de fin ? A ce niveau de notre réaction, à Nahibly, nous avons toujours dit et répétons toujours ceci : imbu de sa grandeur autoproclamée, toujours avide de richesses malgré le sang toujours innocent qu’il fait verser, l’occident s’égare de plus en plus quand, s’éloignant de la morale et de la vertu, il s’érige lui-même en justicier et en modèle de développement incontournable, ce qui est malhonnête et ne plus prospérer désormais sous nos cieux. Au contraire de tous ces terroristes et autres kamikazes prêts à se faire exploser au milieu d’otages ou d’innocentes victimes, nous, nous restons persuadés que nous avons Dieu pour nous et nous savons aussi que sa colère sera grande et sans merci pour ces dieux de la civilisation dite moderne qui chaque jour se découvrent à nous sous l’horrible visage du mal. Un tout petit début de preuve est qu’en Côte d’Ivoire, depuis plus de dix ans, l’occident s’est empêtré dans la boue des contradictions inanes et infantiles de son impérialisme. Merci, mesdames et messieurs les banquiers fédéraux de Suisse, de bien vouloir ne plus nous infantiliser.

Pour le collectif des victimes de Duékoué, Carrefour et Nahibly : Emmanuel CALEB, le 23 Janvier 2013.